2008 Walley Larson LE1 Groundfighter…
Interview exclusif de Walley Larson…
Quelqu’un : En quoi votre bizarre automobile, apporte-t-elle un éclairage inédit sur la morosité ambiante ?
Walley Larson : En fait, il n’existe rien de tel dans le monde. Disons qu’une immense partie de ma création puise principalement sa source dans la transcendence alléatoire et je me sens donc redevable à cette tradition. D’un autre côté, je n’ai jamais rencontré personnellement aucun gourou capable de m’en expliquer le sens profond… Aussi me paraitrait-il très indélicat de me prétendre génial. Tout simplement parce que je n’ai pas été formellement reconnu comme tel. En fait, je ne suis en réalité qu’une personne quelconque.
Quelqu’un : Ce n’est pas une réponse à ma question !
Walley Larson : C’est ma réponse, contentez vous-en !
Quelqu’un : Votre oeuvre, la Walley Larson LE1 Groundfighter, est à la fois inclassable tout en étant symboliquement ridicule… Avez-vous une explication à me donner ?
Walley Larson : Présentée pour la première fois en 2001 sous la forme d’une maquette, ma Walley Larson LE1 Groundfighter qui se voulait être la voiture de route la plus puissante et la plus rapide du monde a finalement été construite en Inde pour un prix stupéfiant ! Mais vous conviendrez que en quelques mots, je ne pourrais pas me permettre des formulations un peu brutales… et même si elles ne sont pas dénuées de valeurs, loin s’en faut, il me faudrait élaborer un peu pour vraiment vous répondre.
Quelqu’un : Disons que la bêtise est à l’intelligence ce que l’inspiration est à la respiration, où peut-être, plus véritablement, ce que le court intervalle entre l’inspiration et l’expiration qui va suivre est au souffle : un instant d’immobilité totale et d’absence de circulation.
Walley Larson : Rien de grave fondamentalement, sauf si l’on s’y maintient, auquel cas on court le risque de s’étouffer, spirituellement s’entend, bien entendu.
Quelqu’un : Une position difficilement soutenable… Il faut dire que la fiche technique de votre engin fait plutôt baver… et rire aussi : V8 turbo 3.950 cm3 (un V8 4.0L) de 2.000 ch pour 1.025 Nm de couple…, soit 506 ch au litre ! Vous avez sans nul doute ajouté un zéro au chiffre réel de la puissance !!!
Walley Larson : Tout-à-fait. Maintenir les 2.000 chevaux serait une position absolument insoutenable. Mais qui n’est pas la mienne, mais il me fallait attirer l’attention du peuple !…
Quelqu’un : Le problème est que lorsque vous diffusez des indications volontairement inexactes, vous faites référence à une automobile imaginaire. Vous prenez les gens pour des cons !
Walley Larson : La connerie existe, c’est assez évident à qui a les yeux un tant soit peu ouverts… et elle est même extrêmement répandue. Dans un certain sens, on pourrait dire que les sociétés humaines dans leur ensemble sont structurées par la connerie… et ne se maintiennent et n’évoluent que parce que certains individus, de temps en temps, oublient d’être cons. Mais on est con comme on est affamé: ce n’est pas un état permanent, une ontologie. C’est plutôt un mystère qu’il faut se garder de simplifier sous peine de se retrouver fossilisé dans une vision paranoïaque de la nature humaine, ce qui serait, justement, une connerie. Disons que notre manque de souplesse nous conduit à passer beaucoup trop de temps et d’énergie dans des structures mentales figées; nous ne savons pas respirer, pour reprendre la métaphore du souffle, qui, en réalité, n’est pas du tout une métaphore, même si c’est là quelque chose de très difficile à expliquer verbalement. Qui plus est, cette énergie figée de la connerie a un énorme impact sur la qualité de nos relations avec nos semblables, parce qu’elle entre en résonance avec la connerie des autres. La connerie communique très bien, pour ainsi dire. Elle communique tellement bien que trop souvent, lorsque deux personnes se rencontrent, seules leurs conneries respectives engagent véritablement un dialogue. Parce que, sur le plan énergétique, la connerie n’est rien d’autre que de l’habitude et de la peur, un tel dialogue ne peut que mener à la construction de rituels plus épais, assortis d’une peur plus intense. Cette expansion de la connerie en action est le véritable problème, pas les gens eux-mêmes. Parler de cons est donc assez réducteur, et très pessimiste au fond. Nihiliste, même.
Quelqu’un : J’ai peur de ne pas bien comprendre le lien que vous venez de faire entre connerie et peur.
Walley Larson : C’est le lien qui mêne à une peur fondamentale. L’angoisse qui structure l’ego. Tout bêtement, si on est pris dans une routine, un ensemble d’habitudes si profondément ancrées qu’on en est même plus conscient, il se développe en parallèle une peur d’en sortir… Même s’il est très difficile d’identifier cet état de fait, d’accepter le fait que l’on vit essentiellement sous l’emprise de la peur, chaque occasion qui se présente de sortir de la routine met cette peur en évidence. Songez à un premier rendez-vous amoureux: a priori, on est partant pour sortir de la routine, pour tenter quelque chose d’absolument nouveau. Et on se chie dessus.
Quelqu’un : Mais parce qu’on a peur d’un échec ! C’est un contre-exemple, on a peur de ne pas réussir cette merveilleuse rencontre.
Walley Larson : Cela ne change rien. Pourquoi y-a-t-il la moindre trace de peur, que ce soit celle d’un échec ou celle d’une réussite ? Pourquoi avoir peur d’un échec ? Parce qu’en filigrane on retrouve l’angoisse de la routine elle-même, dans laquelle on ne veut plus rechuter. C’est en quelque sorte la peur miroir de celle qui structure les habitudes. Dans des moments intenses tels que ceux-ci, on est capable de percevoir notre fonctionnement routinier de l’extérieur, pour ainsi dire, et la peur que l’on ressent alors est l’écho de celle qui nous enferme. C’est une énergie, voyez-vous. Vous pouvez en être prisonnier, ou en être le maître, mais fondamentalement sa nature ne change pas.
Quelqu’un : N’est-ce pas là une vision un peu new-âge de la nature humaine ?
Walley Larson : C’est la seule que je peux vous proposer !… Il est très difficile d’accepter ce type de description verbale si l’on n’a pas l’intuition de son sens véritable. La dérive new-âge arrive lorsque qu’un discours peut-être très proche de celui que je viens de vous tenir se trouve véhiculé par des gens pour qui il n’a aucun sens intuitif véritable. Il peut alors il y avoir des approches complètement tordues de ce que j’appele “énergie“. Mais en fait c’est très simple. Quiconque à déjà eu le trac avant de s’exprimer en public sait ce qu’est l’énergie de la peur.
Quelqu’un : Vous venez de décrire l’énergie de la peur. Qu’en est-il alors de l’énergie de la connerie, puisqu’il semble exister un lien entre ces deux entités ?
Walley Larson : Il n’y a pas d’énergie, justement. C’est de l’habitude pure, quelque chose d’inerte qui suit la plus forte pente. Qui ne remonte jamais la pente.
Quelqu’un : Alors, comment devient-on moins con ?
Walley Larson : En vivant vraiment. C’est le sens même de la vie, la direction de la vie, ce qui donne un haut et un bas, une cible au mouvement, si je puis dire. En fait, c’est un mystère. Nos mots sont vraiment beaucoup trop limités pour ne serait-ce qu’effleurer le sujet. A ce stade, il vaut mieux se taire.
Quelqu’un : Revenons-en à votre automobile… Les performances annoncées ne sont autres que : 490 km/h en vitesse de pointe, le 0 à 100 km/h expédié comme un malpropre en seulement 2.2 secondes, le 0 à 160 km/h maltraité en 3.5 secondes, le 0 à 200 km/h fumé en 4.3 secondes, le 0 à 250 km/h humilié en 5.7 secondes et le 0 à 300 km/h détrôné en 7.6 secondes ! Pareille fiche technique mérite bien 10 points de retrait sur votre permis de conduire !…
Walley Larson : Ah oui, je me souviens avoir écrit cela quelque-part…, mais vous oubliez que le kilomètre est avalé en 8.61 secondes avec une vitesse de 322 km/h…, le tout pour une consommation moyenne de 30 à 40 litres aux 100 kms.
Quelqu’un : V8 ? Turbine d’avion ? Bouteille de Nos ? Mais comment fait-elle cette Walley Larson LE1 Groundfighter ?
Walley Larson : Et bien elle est relativement légère avec 1.336 kg, soit un ratio de 0.67 kg par cheval…, tout ça pour un prix dérisoire de 600.000 dollars…
Quelqu’un : Je vous laisse rêver, @ pluche !