La crise touche aussi le marché de l’art international… et principalement le segment supérieur.
Mais combien trouve-t-on d’artistes belges contemporains au-delà la barre du million d’euros ?
Même sur dix ans, on pourrait les compter sur les doigts d’une main.
Sur le plan financier, le marché belge de l’art dans son ensemble (nous nous limitons ici à l’activité des salles de vente) ne représente même pas 1% du marché mondial concentré à New York et Londres.
Alors, le marché belge de l’art échappe-t-il à la crise ?
En fait, l’art contemporain “belge” ne joue pas dans cette catégorie.
Le reste est constitué d’un petit marché de niche qui résiste assez bien à la crise tant que les prix restent raisonnables.
En revanche, à l’instar de l’art néerlandais, l’art ancien flamand (16e et 17e siècles) reste un pilier du marché international de l’art ancien sur lequelle la crise a peu de prise.
Beaucoup moins de bénéfices…
Les chiffres que les grandes maisons de ventes aux enchères sont tenues de publier offrent une image peu enthousiasmante du marché par rapport à des millésimes historiques comme 2008.
Sotheby’s a avoué une baisse de ses bénéfices de 87% au deuxième trimestre 2009 par rapport à l’an dernier !
Au premier semestre de 2009, les bénéfices de Christie’s (grâce au succès de la collection Yves Saint-Laurent/ Pierre Bergé à Paris) ont pour leur part reflué de “seulement” 52% par rapport à 2008, alors que chez Sotheby’s, la chute est de 67%.
Les ventes enregistrées en juin par Phillips de Pury & Co à Londres, une maison de vente spécialisée dans l’art contemporain, sont inférieures de 79% aux ventes comparables de l’an dernier !
Des Jeff Koons, Andy Warhol et Damien Hirst sont subitement restés en dessous de la barre du million qu’ils avaient pourtant souvent franchie.
Et l’art ancien ?
La situation de l’art ancien est moins préoccupante.
Lors d’une vente d’œuvres de maîtres anciens début juillet, Sotheby’s a vendu un Massacre des Innocents de Pierre Bruegel le Jeune à 4,6 millions de livres, un Van Dijck à 2,6 millions et un Gabriel Metsu à 1,1 million…, un record.
La même semaine, Christie’s a vendu une Prédication de Saint-Jean-Baptiste à 1,5 million de livres.
Les deux maisons aiment à rappeler que le marché des maîtres anciens reste robuste.
Les experts sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à recommander de passer à l’art ancien et de laisser l’art contemporain pour ce qu’il est.
Changements en vue…
A l’instar des guerres, les crises financières sont souvent des périodes charnières en matière de goût artistique.
La Première Guerre mondiale a ainsi sonné le glas de l’art Belle Epoque.
Les grandes œuvres des peintres du Salon, qui s’échangeaient jusque-là plusieurs millions à Londres, Paris et Berlin, ont subitement vu leur valeur s’effondrer…, pour un peu moins d’un siècle.
Après la Première Guerre mondiale, la mode était au moderne, avant-garde, expressionnisme, art déco, mais pas pour longtemps.
Le krach de 1929 a brisé la carrière de nombreux modernistes, contraints de revenir à des choses plus classiques pour survivre.
Ce pourrait être à nouveau le cas aujourd’hui.
Ainsi, William Goetzmann, professeur à Yale, affirme-t-il : “Il semble que nous assistions à un changement de goût radical. Si l’économie et les normes sociales venaient réellement à évoluer, cela pourrait influencer profondément le regard que nous portons sur des œuvres telles que les requins tranchés en deux de Damien Hirst. Nous allons redécouvrir les maîtres du passé. Il y a des périodes au cours desquelles l’Amérique remet à l’honneur les racines de son art, le régionalisme. Nous allons revenir à nos anciennes valeurs – ne soyez donc pas étonnés si Grant Wood et Thomas Hart Benton redeviennent subitement bons. Il s’agit de peintres régionaux, le premier spécialisé dans le ‘gothique américain’, le deuxième dans la vie populaire“.
5 astuces pour bien investir dans l’art…
L’art contemporain de 2008 n’est plus à conseiller à ceux qui veulent entamer une collection. Evitez ce qui est trop radical. Il est possible d’acheter de l’art entre 100 et 500 euros. Évitez les endroits les plus chers et les plus mondains: Knokke, ‘t Zuid, le Sablon, etc. Partez plutôt à la recherche de petites galeries établies hors de ces quartiers ou de ventes plus modestes où les marchands professionnels ne font pas la queue. Les prix pratiqués y sont différents. Vous n’aurez pas non plus la fausse impression que votre œuvre va augmenter en valeur après chaque Salon de l’art. La bulle a éclaté! Pourquoi ne pas rechercher de jeunes artistes avant qu’ils n’entrent dans le circuit des galeries? De nombreuses académies et autres écoles de l’art organisent des expositions où vous dénicherez des choses intéressantes. Contactez les jeunes artistes. Ils ne vous demanderont pas une fortune, et vous les encouragerez très efficacement en leur achetant une œuvre.Des dizaines d’artistes n’ont encore rien vendu cette année. Cela vous permettra sans doute de proposer un prix. Si nécessaire, achetez quelque chose de petit mais que l’artiste a fait lui-même, plutôt qu’une reproduction et certainement pas une imitation de ce qui est ou était à la mode. Utilisez la crise à votre avantage.La réalité est tout autre…
Quand une oeuvre d’art atteint un prix de vente record, elle fait souvent la une.
Le public a dès lors tendance à croire que l’achat d’oeuvres d’art permet de réaliser de plantureux bénéfices.
La réalité est tout autre, comme le montre une étude dédiée au marché de l’art de 1950 à nos jours.
Le professeur Luc Renneboog (Tilburg) et le doctorant Christophe Spaenjers ont analysé plus d’un million de ventes d’oeuvres d’art signées par environ 10.000 artistes lors d’enchères européennes et américaines.
En un demi-siècle, la valeur des oeuvres d’art a progressé chaque année en moyenne de 4%.
C’est moins que les actions, qui sont en outre bien plus faciles à écouler.
Durant certaines périodes brèves, la croissance est plus nette, parfois jusqu’à 11 %, mais cette tendance n’est jamais durable.
Les auteurs conseillent dès lors d’acheter des oeuvres d’art dans un but non financier.
Pour les grandes œuvres, d’autres règles s’appliquent.
Durant la période analysée, les courants artistiques américains (expressionnisme abstrait, pop-art) se sont très bien portés, surtout chez Christie’s et Sotheby’s.
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