Sexy Bronco /231.000$
Il est 8h30 du matin et moi, les yeux flous, je tâtonne sur la plage avec ce qui pourrait ĂŞtre le porte-clĂ©s le plus cher du monde pour orner les pochettes de mon jean Banana Republic bien usĂ© et me balader en Bronco Icon avec la sulfureuse et sexy Bianca… En grimpant dans le 4×4 je me sens comme un barouder dĂ©butant sur le point d’embarquer une sadique en combinaison de latex rouge pour un sex-cross-country en duo. En essayant de me souvenir de la sĂ©quence d’allumage correcte que je dois parfaitement exĂ©cuter, je m’Ă©gare sexuellement une poignĂ©e de fois sur ses seins avant d’entreprendre cette mission, mais ensuite un rĂ©cital de “Bronco-Mantra” fait l’affaire via des instructions prĂ©enregistrĂ©es : “Ouvrez la boĂ®te Ă gants, insĂ©rez la clĂ© secondaire, quart de tour dans le sens des aiguilles d’une montre, bascule d’allumage, embrayage, appuyez sur le bouton de dĂ©marrage !”... Ah, ça devient plus facile Ă chaque fois!
Le V8 tout en aluminium gronde Ă la vie Disposant de tous mes essentiels quotidiens de baroud (eau, lunettes de soleil, ChapStick, lubrifiants, prĂ©servatifs), je suis soulagĂ© de ne pas avoir besoin de grand-chose d’autre que de l’essence en suffisance et Bianca pour la journĂ©e, et nous partons vers l’infini… Vous avez peut-ĂŞtre entendu parler du Bronco et d’Icon (encore plus maintenant que la sociĂ©tĂ© s’est refait une santĂ© financière en Ĺ“uvrant sur les 4X4 Bronco) ou peut-ĂŞtre mĂŞme repĂ©rĂ© l’un des quelques articles publiĂ©s ici, sur GatsbyOnline concernant les Bronco Icon, car ils ont Ă©tĂ© lĂ©galisĂ©s pour diffusion aux États-Unis depuis quelques annĂ©es. Cependant, ce que vous ne savez peut-ĂŞtre pas, c’est que le Bronco est en fait une rĂ©surrection pour laquelle le slogan de la marque Spyker disparue corps et biens, s’applique encore mieux ; “Nulla tenaci invia est via” (Traduction : “Pour les tenaces, aucune route n’est impraticable”)…
En m’ installant dans le siège, aux cotĂ©s de la belle sexy en latex rouge qui est Ă considĂ©rer comme Ă©tant la pièce maĂ®tresse magnifiquement alanguie de l’habitacle, j’appuie sur un bouton discret qui dĂ©clenche un solĂ©noĂŻde qui libère la sĂ©curitĂ© du verrouillage inversĂ©, un dĂ©tail qui dĂ©concerterait mĂŞme les plus fĂ©rus des voituriers. La boĂ®te de vitesses est prĂ©cise, ses tolĂ©rances Ă©troitement usinĂ©es atteignant la sensation d’engagement positif sans ĂŞtre entaillĂ©es. Le petit volant, bien qu’il ne soit pas aussi ornĂ© que celui d’autres voitures, est ergonomiquement optimal. La seule plainte Ă©tant qu’elle cache les tĂ©moins de clignotants, ce qui pourrait entraĂ®ner des incidents occasionnels dĂ»s au fameux “clignotant gĂ©riatrique” qui apparait en cas de masturbations rĂ©ciproques dans la circulation. Et bien que l’absence d’airbags ne nous ait pas dĂ©rangĂ©s, j’Ă©tais rassurĂ© que Bianca avait de quoi amortir divers chocs.
Ă€ cheval sur la fine ligne entre luxure et gaietĂ© sexuelle dĂ©bridĂ©e, j’ai toutefois notĂ© que le tableau de bord Ă©tait intelligemment minimisĂ© en un seul mais complexe compteur qui s’illumine façon boite de partouze dès que la nuit s’installe. Ce rĂ©tro-Ă©clairage dans un bleu kryptonite en sus des rangĂ©es d’interrupteurs Ă bascule imitant le tableau de bord d’un avion, est un ajout psychologique aux fonctions de base rĂ©servĂ©es au plaisir. En appuyant sur un interrupteur et un mode sport est activĂ©, modifiant la sensibilitĂ© de l’accĂ©lĂ©rateur tout en ouvrant simultanĂ©ment un ensemble de dĂ©coupes d’échappement, raccourcissant la longueur du tuyau pour un grognement vraiment menaçant (non recommandĂ© lors du passage d’une patrouille de police)… De son cotĂ©, l’architecture du groupe de pĂ©dales est le chef-d’œuvre d’un machiniste, semblant avoir Ă©tĂ© transplantĂ©e directement Ă partir d’un engin spatial !
C’est qu’elle ne nĂ©cessite pas de chaussures de conduite exceptionnellement Ă©troites… Les freins non boostĂ©s (chacun refroidi par sa propre branchie ou conduit) nĂ©cessitent par contre de “l’habituation” et bĂ©nĂ©ficient d’un peu de chaleur dans les garnitures, mais fonctionnent comme une combinaison d’ancrage et de chute de traĂ®nĂ©e pour arrĂŞter le Bronco Icon sur commande. Tout conducteur averti et Ă©mĂ©rite remarquera certaines caractĂ©ristiques frappantes comme la direction assistĂ©e Ă©lectroniquement, qui, quoique rapide, nĂ©cessite progressivement plus d’efforts au fur et Ă mesure que vous la lancez, en raison de la quantitĂ© de roulettes qui a Ă©tĂ© composĂ©e dans la gĂ©omĂ©trie du train avant. Des doubles bras en A indĂ©pendants, des amortisseurs intelligents et un châssis communicatif conduisent au nirvana sur toutes les routes, mais ont tendance Ă s’ébouriffer lorsque vous rencontrez l’imprĂ©visible.
L’Ă©quilibre et la maniabilitĂ© sont aussi neutres que dans un 4X4 de sĂ©rie, avec un survirage facilement invoquĂ© avec un levage ou un plongeon dans l’accĂ©lĂ©rateur. Ce bonheur arrière fait du Bronco Icon un engin qui procure des frissons de bonheur Ă conduire, surtout si ce sentiment est aussi aidĂ© par une une poignĂ©e en va et vient incessants Ă l’approche des limites sans filet de sĂ©curitĂ© de de contrĂ´le. Mis Ă part ces Ă©lĂ©ments, la perle de cette huĂ®tre est le robuste V8 donnĂ© pour un puissant 840cv de haine envers toutes les autres automobiles. C’est un excellent test pour le châssis qui s’amuse de tout 0 Ă 60 mph en seulement 4,4 secondes ! Bien que mon temps avec ce Bronco ait Ă©tĂ© abrĂ©gĂ© par un besoin de repos, je pense que la rĂ©surrection d’Icon en tant que transformateur d’automobiles renommĂ©es fera grands bruits, aidĂ© par la sociĂ©tĂ© EV-Clinic.
Connaissez-vous la sociĂ©tĂ© EV-Clinic ? Non ? Vous risquez d’entendre parler d’eux ! Cette entreprise basĂ©e Ă Zagreb existe depuis 2009 et s’est depuis quelques mois fait une spĂ©cialitĂ© : dĂ©noncer l’obsolescence programmĂ©e de vĂ©hicules Ă©lectrifiĂ©s de tous genres (Mild ou full-hybrid, PHEV ou full electric). Les Croates vont faire trembler l’industrie automobile mondiale… Vous risquez d’entendre parler d’eux ! Chez EV-Clinic, quasiment tous les vĂ©hicules Ă©lectrifiĂ©s de manière partielle ou complète sont passĂ©s sur pont, et certains modèles n’ont plus beaucoup de secrets pour eux. C’est ainsi qu’ils dĂ©montrent que les constructeurs crĂ©ent de toutes pièces des pannes par simple principe de prĂ©caution si on voit le verre Ă moitiĂ© plein… ou dans le but de discrĂ©diter la fiabilitĂ© de ces vĂ©hicules et nuire Ă leur rĂ©putation de fiabilitĂ©, si on voit le verre Ă moitiĂ© vide.
Quel intĂ©rĂŞt ? Gagner des sous sur le service après-vente bien sĂ»r, rendant assez souvent hors de prix les prestations de remise en Ă©tat. Ils tombent en revanche d’accord sur le fait que ce genre de panne est globalement programmĂ©e Ă l’avance au niveau des “firmwares” des vĂ©hicules, pas vraiment sur le matĂ©riel. D’oĂą la suspicion de vouloir de la part des industriels que leurs vĂ©hicules passent plus souvent qu’actuellement par la case “garage”. Aucun vĂ©hicule n’est vraiment Ă©pargnĂ© (tout comme n’importe quel vĂ©hicule thermique a ses dĂ©fauts). Mais certaines pannes sont plus embarrassantes que d’autres pour la rĂ©putation de cachotiers des constructeurs. On peut par exemple citer une panne un peu Ă©trange arrivĂ©e en fin d’annĂ©e sur les Renault ZoĂ© avec un message sur le tableau de bord demandant de ne pas recharger le vĂ©hicule. Deux raisons invoquĂ©es, toutes deux liĂ©es au principe de location des batteries.
Soit le paiement de la location des batteries n’est pas Ă jour (ce qui est rarement le cas a priori), soit c’est ne faille au niveau du logiciel de la voiture, apparemment seulement connue de Renault, permettant de pirater ces pratiques de paiement. Ils ne sont Ă©galement pas tendres avec Nissan au sujet de la Leaf 2, dont la batterie ne peut tout simplement pas ĂŞtre rĂ©parĂ©e, Ă des kilomĂ©trages parfois assez prĂ©coces : “Seule leur batterie n’est pas rĂ©parable, cette dernière s’effondre Ă 100.000 km et coute plus cher Ă elle seule que l’ensemble de la voiture”… Cela permet de jouer sur la crĂ©dulitĂ© des clients, et d’échanger d’autres pièces non incriminĂ©es comme le chargeur, ou d’imposer des diagnostics inutiles.. Autre boulet rouge, le Van Ă©lectrique Mercedes EQV, utilisant le mĂŞme bloc batterie que les modèles utilitaires du groupe Stellantis ayant le mĂŞme gabarit que la base de Vito.
Sur ce modèle, le problème serait Ă la fois mĂ©canique et Ă©lectronique. Par exemple, en cas de choc lĂ©ger (ne sollicitant pas le dĂ©ploiement des airbags), la batterie peut limiter sa puissance et le groupe de traction du vĂ©hicule se stoppe pour imposer le changement de batterie. Somme demandĂ©e par Mercedes pour cette prestation : 75.000 Euros. Ouille ! Et impossible de faire disparaitre l’anomalie, les ingĂ©nieurs Mercedes ont créé un code que mĂŞme eux ne peuvent pas supprimer avec les outils dĂ©veloppeurs. A noter que d’autres modèles de la gamme hybride Ă©lectrique de Mercedes sont touchĂ©s par cette “avarie programmĂ©e” immobilisante et couteuse Ă rĂ©gler. Bien Ă©videmment, les constructeurs amĂ©ricain ne sont pas Ă©pargnĂ©s. Les soucis arrivent Ă des Ă©chĂ©ances plus raisonnables, mais Ă quelques exceptions près les pannes sont rĂ©parables jusqu’à 20 fois moins cher que pour les mĂŞmes avaries !
Je signale par exemple que les groupes motopropulseurs d’une Tesla Model S ne peuvent ĂŞtre sollicitĂ©s que jusqu’à 250.000 Ă 300.000 km. Au-delĂ , un nettoyage des pièces et roulements, ainsi qu’un changement d’huile de la transmission est obligatoire. Au vu de la manière dont sont traitĂ©es ses autos et des performances qu’elles sont capables de dĂ©livrer, ce dĂ©lai parait relativement raisonnable. Trois signes avant-coureurs des soucis Ă©noncĂ©s plus haut : Bruits au roulage, vibrations et Ă©chauffement des huiles. Les plus grands triomphes, en matière d’escroqueries et de propagandes, ont Ă©tĂ© accomplis, non pas en faisant quelque chose, mais en s’abstenant de faire. Grande est la vĂ©ritĂ©, mais plus grand encore, du point de vue pratique, est le silence au sujet de la vĂ©ritĂ©. Cela est rĂ©alisĂ© en s’abstenant simplement de faire mention de certains sujets, en abaissant ce que Churchill appelait un “rideau de fer” entre les masses !
CrĂ©er de tels faits que les chefs politiques considèrent officiellement comme indĂ©sirables mais qu’en tant que propagandistes totalitaires ils leurs rapportent Ă©normĂ©ment de “dessous de table” influencent l’opinion publique d’une façon beaucoup plus efficace qu’ils ne l’auraient pu au moyen des dĂ©nonciations plus Ă©loquentes, des rĂ©futations logiques plus probantes. Mais le silence ne suffit pas. Pour que soient Ă©vitĂ©s la persĂ©cution, la liquidation et les autres symptĂ´mes de frottement social, il faut que les cĂ´tĂ©s positifs de la propagande soient rendus aussi efficaces que le nĂ©gatif. Les plus importants des projets de l’avenir sont de vastes enquĂŞtes instituĂ©es par les gouvernements, sur ce que les hommes politiques et les hommes de science qui y participent appellent “le problème du bonheur”, en d’autres termes, le problème consistant Ă faire aimer aux gens leur servitude.
Sans la sĂ©curitĂ© Ă©conomique, l’amour de la servitude n’a aucune possibilitĂ© de naĂ®tre, la sĂ©curitĂ© ayant tendance Ă ĂŞtre très rapidement prise comme allant de soi. Sa rĂ©alisation est simplement une rĂ©volution superficielle, extĂ©rieure… L’amour de la servitude ne peut ĂŞtre Ă©tabli, sinon comme le rĂ©sultat d’une rĂ©volution profonde, personnelle, dans les esprits et les corps humains. Pour effectuer cette rĂ©volution, il faut, entre autres, des dĂ©couvertes et les inventions. D’abord une technique fortement amĂ©liorĂ©e et la suggestion, au moyen du conditionnement dans l’enfance, et plus tard, Ă l’aide de drogues dĂ©guisĂ©es en vaccins. Ensuite, une science complètement dĂ©veloppĂ©e des diffĂ©rences humaines, doit permettre aux gestionnaires gouvernementaux d’assigner Ă tout individu donnĂ© sa place dans la hiĂ©rarchie sociale et Ă©conomique.
Les chevilles rondes dans des trous carrĂ©s ont tendance Ă avoir des idĂ©es dangereuses sur le système social et Ă contaminer les autres de leur mĂ©contentement. ! Et puisque la rĂ©alitĂ©, quelque utopique qu’elle soit, est une chose dont on sent le besoin de s’évader assez frĂ©quemment, il faut introduire un succĂ©danĂ© de l’alcool et autres narcotiques, quelque chose qui soit Ă la fois nocif et plus dispensateur de plaisir que l’alcool et l’l’hĂ©roĂŻne. Pour arriver au but, mais c’est lĂ un projet Ă longue Ă©chĂ©ance, qui exige, pour ĂŞtre menĂ© Ă une conclusion satisfaisante, des gĂ©nĂ©rations de mainmise totalitaire, il faut un système eugĂ©nique Ă toute Ă©preuve, conçu de façon Ă standardiser le produit humain et Ă faciliter ainsi la tâche des gestionnaires. Dans “Le Meilleur des mondes” cette standardisation des produits humains a Ă©tĂ© poussĂ©e Ă des extrĂŞmes fantastiques, bien que peut-ĂŞtre non impossibles.
Techniquement et idĂ©ologiquement, les bĂ©bĂ©s en flacon existent en 2023 tout comme les groupes de semi-imbĂ©ciles gangrĂ©nĂ©s de jeux tĂ©lĂ©visĂ©s et de football. Mais quand et qui sait ce qui pourra se produire avec une guerre atomique ? D’ici lĂ , les autres caractĂ©ristiques de ce monde plus heureux et plus stable, les Ă©quivalents du soma, de l’hypnopĂ©die et du système scientifique des castes, ne sont probablement pas Ă©loignĂ©es de plus d’une gĂ©nĂ©ration. Et la promiscuitĂ© sexuelle du livre “Le Meilleur des mondes” ne semble pas, non plus, devoir ĂŞtre fort Ă©loignĂ©e. Le nombre des divorces est Ă©gal au nombre des mariages Quasi partout dans le monde. Dans quelques annĂ©es, sans doute, on vendra des permis de mariage comme on vend des permis d’adoption de chiens, valables pour une pĂ©riode de douze mois, sans aucun règlement interdisant de changer de chien ou d’avoir plus d’un animal Ă la fois.
Ă€ mesure que diminue la libertĂ© Ă©conomique et politique, la libertĂ© sexuelle a tendance Ă s’accroĂ®tre en compensation. Et les divers dictateurs (Ă moins qu’ils n’aient besoin de chair Ă canon et de familles pour coloniser les territoires vides ou conquis) feront bien d’encourager cette libertĂ©-lĂ . Conjointement avec la libertĂ© de se livrer aux songes en plein jour sous l’influence des drogues, de la TV, du cinĂ©ma et de la radio, elle contribuera Ă rĂ©concilier ses sujets avec la servitude qui sera leur sort. C’est dĂ©jĂ le cas avec LC et BFMTV championnes toutes catĂ©gories des Fake-News en ragĂ´ts d’Ă©gouts… Ă€ tout bien considĂ©rer, il semble que l’Utopie soit beaucoup plus proche de nous que quiconque ne l’eĂ»t pu imaginer. Aujourd’hui, cette horreur s’est abattue sur nous. En vĂ©ritĂ©, nous n’avons le choix qu’entre deux solutions : Ou bien participer Ă un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisĂ©s, ayant comme racine la terreur !
La terreur de la bombe atomique est imparable car ayant comme consĂ©quence la destruction de la civilisation, ou, si la guerre est limitĂ©e, l’accentualisation du militarisme ; ou alors un seul totalitarisme supranational (comme l’Europe qu’on nous a imposĂ©e), suscitĂ© par le chaos social rĂ©sultant des progrès technologiques rapides et de la rĂ©volution atomique, et se dĂ©veloppant, sous le besoin du rendement et de la stabilitĂ©, pour prendre la forme de la tyrannie-providence de l’Utopie. On paie son argent et l’on fait son choix. Nos sociĂ©tĂ©s sont contrĂ´lĂ©es presque exclusivement par les sanctions unilatĂ©rales, les punitions et la peur des sanctions et des punitions. Le contrĂ´le presque parfait exercĂ© par les gouvernements est obtenu par le renforcement systĂ©matique des comportements souhaitables, par de nombreux types de manipulations Ă la fois physiques et psychologiques.
Egalement par une standardisation gĂ©nĂ©tique via des fausses pandĂ©mies organisĂ©es. Chaque fois que la vie Ă©conomique d’une nation devient prĂ©caire, le gouvernement central est obligĂ© d’assumer des responsabilitĂ©s supplĂ©mentaires pour le bien-ĂŞtre gĂ©nĂ©ral. Il doit Ă©laborer des plans pour faire face Ă diverses situations critiques ; il doit imposer des restrictions toujours plus grandes aux activitĂ©s des sujets et pour cela la crĂ©ation d’aggravations des conditions Ă©conomiques qui entraĂ®nent des troubles politiques voire une rĂ©bellion ouverte, permettant aux gouvernements eux-mĂŞmes aux ordres, d’intervenir massivement pour “prĂ©server l’ordre public” en rĂ©alitĂ© leur propre autoritĂ©. De plus en plus de pouvoir est ainsi concentrĂ© entre les mains des dirigeants et de leurs cadres bureaucratiques.
Mais la nature du pouvoir est telle que mĂŞme ceux qui ne l’ont pas cherchĂ©, mais Ă qui on l’a imposĂ©, ont tendance Ă en apprĂ©cier le goĂ»t car lorsque les ĂŞtres humains sont tentĂ©s de manière trop sĂ©duisante ou trop longue, ils cèdent gĂ©nĂ©ralement. Comment cette Ă©volution affectera-t-elle les pays europĂ©ens surpeuplĂ©s ? Comme la mise au banc d’infamie de la Russie ne reste pas sans rĂ©action des Russes qui se sentant trompĂ©s et humiliĂ©s par les Occidentaux, rassemblent avec eux toutes les nations qui vivent les mĂŞmes abominations, le flux normal des matières premières en provenance des pays sous-dĂ©veloppĂ©s est dĂ©libĂ©rĂ©ment interrompu, les nations occidentales se retrouvant en effet dans une très mauvaise passe. Nous le constatons, le système industriel s’effondre et la technologie hautement dĂ©veloppĂ©e, ne nous protègera plus !
Pourtant, jusqu’à prĂ©sent si elle nous a permis de maintenir une population beaucoup plus importante que celle qui pourrait ĂŞtre soutenue par des ressources disponibles localement, elle ne nous protĂ©gera plus contre les consĂ©quences d’avoir trop de personnes dans un territoire trop petit alors que les nations que nous dominions, s’Ă©tant libĂ©rĂ©es de l’esclavagisme imposĂ© ainsi que du mĂ©pris dont nous les dĂ©considĂ©rions, se vengent en se regroupant avec la Russie, la Chine, l’Inde, la CorĂ©e du nord, l’Afrique du sud, l’AmĂ©rique du sud et les pays du Moyen-Orient, Iran inclus, en s’armant d’armes atomiques tr!s dissuasives et en nous coupant dĂ©finitivement tout approvisionnement ! Les Ă©normes pouvoirs imposĂ©s par ses conditions dĂ©favorables vont ĂŞtre utilisĂ©s par l’Union EuropĂ©enne militairement encadrĂ©e par L’Otan-AmĂ©ricanisĂ© pour nous enfermer dans une dictature totalitaire Moyen-Ă‚geuse !
Je conseille bien sĂ»r de lire entièrement l’ouvrage “La ProsopopĂ©e” de Serge Carfantan, inspirĂ© de GĂĽnter Anders, pour que vous vous rendiez compte de notre non-avenir. Mais en voici quelques extraits qui permettent de mieux comprendre les propos dont “L’obsolescence de l’homme”, dont “La ProsopopĂ©e” de Serge Carfantan a voulu se faire Ă©cho. Certes c’est plus complexe qu’un magazine de Football ou de tricoteries… mais cela s’adresse en prioritĂ© aux consommateurs intelligents oĂą en passe de le devenir, celles et ceux auxquels il est dĂ©jĂ arrivĂ© de se demander pendant ou après une Ă©mission : “Qu’est-ce que je fais lĂ Ă regarder et vivre toutes ces conneries ? Qu’est-on en train de me faire ? Comment sortir de ce merdier ? Pourquoi en suis-je arrivĂ© Ă en ĂŞtre aussi dĂ©bile, aussi crĂ©dule, aussi imbĂ©cile ? Que n’ai-je lu plus tĂ´t les chroniques de Patrice De Bruyne dans www.GatsbyOnline.com ? “…
La consommation de masse, aujourd’hui est une activitĂ© solitaire, quasi de la masturbation cĂ©rĂ©brale. Chacun se masturbe les neurones Ă domicile, c’est non rĂ©munĂ©rĂ© et contribue Ă la production de l’homme de masse. Avant que l’on ait installĂ© ces robinets d’inculture que sont la radio et la tĂ©lĂ©vision de masse dans tous leurs foyers, les gens se prĂ©cipitaient au cinĂ©ma pour y consommer collectivement, c’est-Ă -dire en tant que masse, les marchandises stĂ©rĂ©otypĂ©es produites en masse Ă leur intention. On serait tentĂ© de voir dans cette situation une certaine unitĂ© de style, d’y voir la convergence de la production de masse et de la consommation de masse ! Ce serait faux. Rien ne contredit plus violemment les desseins de la production de masse qu’une situation de consommation dans laquelle d’innombrables consommateurs, jouissent simultanĂ©ment d’un seul et mĂŞme exemplaire d’une marchandise.
Il est indifférent aux intérêts de ceux qui produisent en masse de savoir si cette consommation commune constitue un véritable vécu social ou bien une simple somme de vécus individuels. Ce qui les intéresse, ce n’est pas la masse agglomérée en tant que telle, mais la masse fractionnée en un nombre maximal d’acheteurs ; ce n’est pas qu’ils puissent tous consommer la même chose, mais que chacun achète la même chose pour satisfaire un même besoin (à la production duquel il faut également pourvoir). Cet idéal est déjà atteint dans de nombreuses industries. Il semblait douteux qu’il puisse jamais être atteint de façon optimale par l’industrie cinématographique parce que celle-ci, perpétuant la tradition théâtrale, servait encore ses marchandises comme un spectacle destiné à de nombreuses personnes en même temps ce qui constituait indubitablement un archaïsme.
Il n’est pas Ă©tonnant que les industries de la radio et de la tĂ©lĂ©vision aient pu entrer en concurrence avec le film malgrĂ© la gigantesque expansion que celui-ci avait connue : ces deux industries avaient prĂ©cisĂ©ment l’avantage de pouvoir Ă©couler comme marchandise, en plus de la marchandise Ă consommer elle-mĂŞme, les instruments qu’exige sa consommation, et cela chez presque tout le monde. La pandĂ©mie a aidĂ© Ă minimiser la frĂ©quentation en salles de cinĂ©ma en augmentant le cinĂ©ma Ă domicile comme et par la TV… Netflix a ainsi emportĂ© un marchĂ© gigantesque. Il n’est pas Ă©tonnant non plus que presque tout le monde ait marchĂ© : ils n’avaient plus Ă aller consommer la marchandise au cinĂ©ma, c’était la marchandise qui venait Ă eux, livrĂ©e Ă domicile par la tĂ©lĂ©vision. La consommation, par une masse, de marchandises de masse a Ă©tĂ© redirigĂ©e sans que cela entraĂ®ne la moindre baisse de la production de masse.
Au contraire, la production de masse destinée à l’homme de masse et celle de l’homme de masse lui-même avaient plutôt accéléré leur cadence quotidienne. On sert la même nourriture sonore et visuelle : chacun est traité en masse, en article indéfini, par cette nourriture produite en masse ; elle confirme chacun dans son absence de qualité. Mais du même coup, et à cause précisément de la production en masse, la consommation collective est devenue superflue. Voilà pourquoi désormais les produits de masse sont consommé seuls d’autant plus abondamment d’ailleurs que plus isolés. Le type de l’ermite de masse est né. Maintenant, nous sommes assis à des millions d’exemplaires, séparés mais pourtant identiques, enfermés dans nos cages tels des ermites, non pas pour fuir le monde, mais plutôt pour ne jamais, jamais manquer la moindre bribe du monde en effigie.
Chacun sait que l’industrie a renoncé, le plus souvent pour des raisons stratégiques, au principe de la centralisation, encore incontesté il y a une génération, pour adopter celui de la dissémination de la production. On sait moins en revanche qu’aujourd’hui ce principe de la dissémination vaut aussi désormais pour la production des hommes de masse. Mais ce qui justifie ce passage de la consommation à la production, c’est qu’elles coïncident l’une avec l’autre de la façon la plus singulière ; c’est que (dans un sens non matérialiste) l’homme est ce qu’il mange, et que par conséquent l’on produit les hommes de masse en leur faisant consommer des marchandises de masse, ce qui signifie en même temps que le consommateur de marchandises de masse collabore, en consommant, à la production des hommes de masse à sa propre transformation en homme de masse. Ici consommation et production coïncident donc.
Si la consommation se dissémine, il en va de même pour la production des hommes de masse. Et cela partout où la consommation a lieu : devant chaque poste de radio, devant chaque récepteur de télévision. Tout le monde est d’une certaine manière occupé et employé comme travailleur à domicile. Un travailleur à domicile d’un genre pourtant très particulier. Car c’est en consommant la marchandise de masse, c’est-à -dire grâce à ses loisirs qu’il accomplit sa tâche, qui consiste à se transformer lui-même en homme de masse. Alors que le travailleur à domicile classique fabriquait des produits pour s’assurer un minimum de biens de consommation et de loisirs, celui d’aujourd’hui consomme au cours de ses loisirs un maximum de produits pour, ce faisant, collaborer à la production des hommes de masse.
Le processus tourne même résolument au paradoxe puisque le travailleur à domicile, au lieu d’être rémunéré pour sa collaboration, doit au contraire lui-même la payer, c’est-à -dire payer les moyens de production dont l’usage fait de lui un homme de masse (l’appareil et, le cas échéant, dans de nombreux pays, les émissions elles-mêmes). Il paie donc pour se vendre. Sa propre servitude, celle-là même qu’il contribue à produire, il doit l’acquérir en l’achetant puisqu’elle est, elle aussi, devenue une marchandise. Même si l’on rejette cette idée insolite, même si l’on refuse de voir dans le consommateur de marchandises de masse un collaborateur de la production de l’homme de masse, on ne pourra pourtant pas nier que, pour fabriquer le type d’homme de masse que l’époque réclame, on n’a plus besoin de réunir effectivement les hommes sous la forme d’un rassemblement de masse.
Les considérations sur la transformation de l’homme par les situations de masse sont aujourd’hui caduques, puisque l’effacement de la personnalité et l’abaissement de l’intelligence sont déjà accomplis avant même que l’homme ne sorte de chez lui. Diriger les masses dans le style de Hitler est désormais inutile : si l’on veut dépersonnaliser l’homme (et même faire en sorte qu’il soit fier de n’avoir plus de personnalité), on n’a plus besoin de le noyer dans les flots de la masse ni de le sceller dans le béton de la masse. L’effacement, l’abaissement de l’homme en tant qu’homme réussissent d’autant mieux qu’ils continuent à garantir en apparence la liberté de la personne et les droits de l’individu. Chacun subit séparément le procédé du conditioning, qui fonctionne tout aussi bien dans les cages où sont désormais confinés les individus, malgré leur solitude, malgré leurs millions de solitudes.
Puisque ce traitement se fait passer pour “fun” ; puisqu’il dissimule Ă sa victime le sacrifice qu’il exige d’elle ; puisqu’il lui laisse l’illusion d’une vie privĂ©e ou tout au moins d’un espace privĂ©, il agit avec une totale discrĂ©tion. Il semble que le vieux proverbe allemand “Un chez-soi vaut de l’or” soit Ă nouveau vrai ; mais dans un tout nouveau sens. Si un chez-soi vaut aujourd’hui de l’or, ce n’est pas du point de vue du propriĂ©taire qui y mange sa soupe conditionnĂ©e, mais du point de vue des propriĂ©taires du propriĂ©taire de ce chez-soi, ces cuisiniers et ces fournisseurs qui lui font croire que sa soupe est faite maison. La radio et l’écran de tĂ©lĂ©vision deviennent la nĂ©gation de la table familiale ; la famille devient un public en miniature, alors qu’avant, la table rendait la famille centripète, invitait ceux qui Ă©taient assis autour d’elle Ă faire circuler la navette des prĂ©occupations, des regards et des conversations !
C’Ă©tait pour continuer ainsi Ă tramer le tissu familial, alors que l’écran, lui, oriente la famille d’une manière centrifuge. Maintenant, les membres de la famille ne sont plus assis les uns en face des autres, ils sont seulement juxtaposĂ©s face Ă l’écran. C’est seulement par mĂ©garde qu’ils peuvent encore se voir, se regarder ; c’est seulement par hasard qu’ils peuvent encore se parler (Ă condition qu’ils le veuillent ou le puissent encore). Ils ne sont plus ensemble mais cĂ´te Ă cĂ´te ou, plus exactement, juxtaposĂ©s les uns aux autres. Ils sont de simples spectateurs. Il ne reste plus aux membres de la famille qu’une chose Ă vivre vĂ©ritablement ensemble, et non pas seulement simultanĂ©ment ou juxtaposĂ©s dans l’espace : c’est l’attente du moment oĂą ils auront terminĂ© de payer l’appareil (et le travail qu’ils fournissent pour y parvenir). Une fois l’appareil payĂ©, c’en sera alors fini une bonne fois pour toutes de leur communautĂ©.
L’objectif inconscient de leur ultime projet commun est ainsi l’extinction de leur communautĂ©. La solution du système est d’en tirer profit en leur faisant acheter un nouveau mĂŞme appareil… En nous retirant la parole, les instruments nous privent aussi du langage. Ils nous privent de notre capacitĂ© d’expression, de toutes les occasions de parler et de notre dĂ©sir mĂŞme de le faire ! De plus, plus personne n’Ă©crit voire ne sait Ă©crire, ils ne lisent d’ailleurs plus que les lĂ©gendes photos et les sous-titres, parfois les stupiditĂ©s “HashtaguĂ©es” des rĂ©seaux asociaux ! La plupart des gens Ă©coutent la radio mĂŞme en faisant l’amour : tout le monde le sait et fait comme si cela allait de soi ; En fait, la radio qu’on laisse allumĂ©e ou qu’on allume exprès en toute situation (comme la lampe de chevet) joue le rĂ´le de ce chaperon tenant la chandelle auquel les anciens avaient recours pour surveiller les rendez-vous des amoureux.
La seule diffĂ©rence tient au fait que le chaperon d’aujourd’hui est un service public mĂ©canisĂ© ; qu’avec sa chandelle, il doit non seulement Ă©clairer les amoureux, mais aussi Ă©veiller leur ardeur ; et qu’il ne doit surtout jamais se taire mais, au contraire, bavarder sans cesse, de façon Ă constituer un bruit de fond couvrant cette “horreur du vide” qui, mĂŞme dans l’accomplissement de l’acte sexuel, ne quitte jamais les amants. Puisque la parole leur est dĂ©sormais garantie, livrĂ©e toute prĂŞte et instillĂ©e goutte Ă goutte dans l’oreille, ils ont cessĂ© d’être des animaux douĂ©s de logos, tout comme ils ont cessĂ©, en tant que mangeurs de pain, de se rattacher Ă l’homo faber. DĂ©sormais, ils ne prĂ©parent pas davantage leur propre nourriture linguistique qu’ils ne cuisent leur propre pain. Les mots ne sont plus pour eux quelque chose qui se prononce, mais qui s’écoute ; la parole n’est plus pour eux un acte mais une rĂ©ception passive.
Peu importe dans quelle civilisation et dans quel espace politique a lieu cette Ă©volution vers un ĂŞtre privĂ© de logos : les consĂ©quences en seront nĂ©cessairement partout les mĂŞmes. Elle produira un type d’homme qui, parce qu’il ne parle plus lui-mĂŞme, n’a plus rien Ă dire ! Un type d’homme qui, parce qu’il se contente d’écouter, de toujours Ă©couter, n’est qu’un esclave. Un type d’homme qui Ă force de ne plus lire, ne sait plus Ă©crire ! Combien de Facebookiens mĂ©talobotomisĂ©s m’injurient de ne pas pouvoir lire mes textes trop longs ! Le traitement auquel est soumis l’homme lui est fourni Ă domicile, exactement comme le gaz ou l’électricitĂ©. Mais ce qui est distribuĂ©, ce ne sont pas seulement des produits artistiques tels que la musique ou bien des jeux radiophoniques, ce sont aussi les Ă©vĂ©nements rĂ©els.
Du moins ceux qui ont Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©s, chimiquement purifiĂ©s et prĂ©parĂ©s pour ĂŞtre prĂ©sentĂ©s aux masses d’abruti(e)s comme une rĂ©alitĂ©, ou tout simplement pour remplacer la rĂ©alitĂ© elle-mĂŞme. Il suffit Ă celui qui veut ĂŞtre au courant, qui veut savoir ce qui se passe ailleurs, de rentrer chez lui, oĂą les Ă©vĂ©nements sĂ©lectionnĂ©s pour lui ĂŞtre montrĂ©s, ne demandent qu’à jaillir du poste comme l’eau du robinet. Comment pourrait-il, Ă l’extĂ©rieur, dans le chaos du rĂ©el, ĂŞtre en mesure de saisir autre chose que des rĂ©alitĂ©s de portĂ©e infime, locale ? Le monde extĂ©rieur nous dissimule le monde extĂ©rieur. C’est seulement lorsque la porte d’entrĂ©e se referme en faisant entendre le dĂ©clic de sa serrure que le dehors redevient visible aux idiots ; c’est seulement une fois qu’ils sont redevenus des monades sans fenĂŞtres que l’univers se rĂ©flĂ©chit en eux !
C’est seulement lorsque nous promettons à la tour de rester enfermés entre ses murs au lieu de scruter le monde depuis son sommet que le monde vient à nous, que le monde nous plaît. Ce sont les événements eux-mêmes, non des informations les concernant, les matchs de football, les services religieux, les explosions atomiques qui nous rendent visite, c’est la montagne qui vient au prophète, le monde qui vient à l’homme et non l’homme au monde : telle est, après la fabrication de l’ermite de masse et la transformation de la famille en public miniature, la nouvelle réussite proprement bouleversante de la radio et de la télévision. Si grandes que soient les fenêtres que les postes de radio et de télévision nous ouvrent sur le monde, ils transforment toujours les consommateurs du monde en idéalistes. Puisqu’on nous fournit le monde, nous n’avons pas à en faire l’expérience ; nous restons inexpérimentés.
La connaissance des chemins du monde que nous prenions autrefois et sur lesquels nous acquĂ©rions de l’expĂ©rience a fini par se perdre, et avec elle les chemins eux-mĂŞmes. Le monde a perdu ses chemins. Nous ne parcourons plus les chemins, on nous restitue le monde (au sens oĂą l’on restitue une marchandise mise de cĂ´tĂ©) ; nous n’allons plus au-devant des Ă©vĂ©nements, on nous les apporte. Ce portrait de nos contemporains paraĂ®tra de prime abord infidèle. Car on voit habituellement, au contraire, dans la voiture et dans l’avion les symboles de l’homme d’aujourd’hui. On l’a mĂŞme dĂ©fini comme “homo viator”, l’être qui voyage. Pourquoi donc ? LĂ est prĂ©cisĂ©ment la question. S’il attache de la valeur Ă son voyage, ce n’est pas parce que la rĂ©gion qu’il traverse ou les lieux oĂą il se fait expĂ©dier en express comme une marchandise l’intĂ©ressent, ce n’est pas pour l’expĂ©rience qu’il peut en retirer… Non…
C’est pour satisfaire sa faim d’omniprĂ©sence et son goĂ»t pour la bougeotte. En outre, Ă cause de la vitesse, il se prive de l’occasion mĂŞme de faire des expĂ©riences (au point que la vitesse est devenue sa seule et ultime expĂ©rience), sans oublier qu’avec l’uniformisation du monde Ă laquelle il se livre par ailleurs, il rĂ©duit effectivement le nombre des objets dignes d’expĂ©rience et capables d’en procurer, et qu’aujourd’hui dĂ©jĂ , partout oĂą il atterrit, il se retrouve chez lui et ne trouve donc nulle part matière Ă expĂ©rience. Le consommateur de radio et de tĂ©lĂ©vision qui, affalĂ© dans son fauteuil, reste immobile et dirige le monde en effigie sans sortir de chez lui existe Ă des millions d’exemplaires. Il allume le monde, le laisse avoir lieu devant lui, puis l’éteint Ă nouveau. L’imposture rĂ©side en ceci : Nous vivons dans un monde distanciĂ© !
Mais nous avons le sentiment, en tant que consommateurs de films, de radio ou de tĂ©lĂ©vision (mais pas seulement en tant que tels), de nous trouver avec tout, absolument tout, les hommes, les rĂ©gions, les situations, les Ă©vĂ©nements, et surtout les plus Ă©trangers, sur un mĂŞme pied d’intimitĂ©. Comme tout phĂ©nomène historique de cette ampleur, elle est surdĂ©terminĂ©e, c’est-Ă -dire qu’elle doit son existence Ă diffĂ©rentes causes qui ont convergĂ© et se sont unies pour en faire une rĂ©alitĂ© historique. La dĂ©mocratisation de l’univers, c’est quand absolument tout, le lointain comme le proche, est en relation avec soi, quand absolument tout a le mĂŞme droit Ă se faire entendre et est assez familier pour qu’on le reçoive dans l’intimitĂ© ; quand Ă toute prĂ©fĂ©rence s’attache dĂ©jĂ le caractère odieux d’un privilège, on prĂ©suppose alors d’une façon certainement inconsciente un “Tout” structurellement dĂ©mocratique.
C’est un univers auquel sont appliquĂ©s les principes (issus de la morale et de la politique) de l’égalitĂ© des droits et de la tolĂ©rance universelle. L’homme s’est toujours reprĂ©sentĂ© l’univers Ă l’image de sa propre sociĂ©tĂ©. Certes, le principal facteur de neutralisation, aujourd’hui, n’est pas de nature politique mais Ă©conomique : c’est le fait que tout soit transformĂ© en marchandise. Est-il, lui aussi, une des causes de la familiarisation ? Impossible, dira-t-on. C’est impossible parce que la transformation en marchandise, c’est bien connu, est dĂ©jĂ une distanciation : aussi la “familiarisation”, qui cherche Ă rapprocher les choses de nous, paraĂ®t-elle prĂ©cisĂ©ment ĂŞtre le contraire mĂŞme de l’aliĂ©nation. Mais les choses ne sont pas aussi simples. Il est vrai en effet que tout ce qui est transformĂ© en marchandise se distancie, mais il n’est pas moins vrai que toute marchandise, si l’on veut qu’elle soit achetĂ©e, doit ĂŞtre rendue familière.
Voici plus précisément comment les choses se passent. Toute marchandise tend à être maniable, taillée sur mesure pour les besoins, le style et le mode de vie de chacun, agréable à la bouche ou à l’œil. Sa qualité se mesure à cette adéquation. Dit négativement, elle se mesure au peu de résistance qu’elle oppose à son usage et au peu d’étrangeté irréductible qui subsiste après son usage. Puisque aujourd’hui l’émission de radio ou de télévision est également une marchandise, elle doit s’adapter de la même façon à l’audition ou à la vision. Elle doit donc aussi tenir compte de l’œil ou de l’oreille et nous être servie dans les meilleures conditions pour nous donner satisfaction. Elle doit être familiarisée, dénoyautée et rendue assimilable afin de nous apparaître comme notre semblable, comme une chose taillée à notre mesure, comme si elle était des nôtres.
Il est indiscutable que tout travail est, en un certain sens, une familiarisation. L’acception Ă©largie du terme “familiarisation”, Ă laquelle nous associons une nuance de mĂ©pris, serait dès lors complètement dĂ©placĂ©e puisque nous ne pouvons tout de mĂŞme pas reprocher au travail d’être ce qu’il est. Nous ne pouvons pas reprocher au menuisier, par exemple, de ne pas nous livrer le bois brut plutĂ´t qu’une table, qui nous convient de fait incomparablement mieux. Il n’y a vĂ©ritablement lĂ aucune tromperie. La transformation ne devient une tromperie que lorsqu’on prĂ©sente une chose fabriquĂ©e comme si elle Ă©tait ce dont elle est faite. Or c’est prĂ©cisĂ©ment le cas du monde familiarisĂ©. Celui-ci est un produit qui, en raison de son caractère de marchandise et en vue de sa commercialisation, est taillĂ© Ă la mesure de l’acheteur et adaptĂ© Ă son confort : c’est un monde travesti, puisque le monde est l’inconfort mĂŞme !
Une autre cause de cette familiarisation qui place tout dans une Ă©gale proximitĂ© est l’attitude du scientifique, lĂ©gitimement fier d’être capable, dans le cadre de ses recherches, de rapprocher ce qui est le plus lointain et de mettre Ă distance, pendant qu’il travaille, les choses qui lui sont le plus proches dans la vie ; de se consacrer avec zèle Ă ce qui ne le concerne pas en tant qu’individu, et de n’éprouver aucune passion pour ce qui le touche de plus près : de neutraliser la diffĂ©rence entre proche et lointain. Le scientifique ne peut nĂ©anmoins adopter, puis conserver, cette attitude de neutralisation totale, son “objectivitĂ©” qu’au prix d’un grandiose artifice moral, qu’en se faisant violence Ă lui-mĂŞme : par l’ascèse du point de vue naturel sur le monde. Croire que l’on peut sĂ©parer cette neutralitĂ© de son fondement moral et l’offrir Ă tout le monde, mĂŞme Ă ceux qui mènent une vie rĂ©solument non ascĂ©tique,
Cette incomprĂ©hension est au principe de bien des activitĂ©s. En un certain sens, le lecteur, l’auditeur de radio, le consommateur de tĂ©lĂ©vision, le spectateur de films culturels est aujourd’hui devenu un vulgaire double du scientifique : on attend dĂ©sormais de lui aussi qu’il considère tout comme Ă©galement proche et Ă©galement lointain ce qui le plus souvent ne signifie certes pas qu’il doive dĂ©sormais accorder Ă chaque phĂ©nomène un droit Ă©gal Ă ĂŞtre connu de lui, mais un droit Ă©gal Ă ĂŞtre pour lui objet de jouissance. Puisque aujourd’hui la connaissance est un “pleasure” et l’apprentissage une promesse de ‘fun”, les frontières sont brouillĂ©es. Qui croit sincèrement Ă la familiarisation, qui voit en elle la vĂ©ritable force d’opposition Ă la distanciation, tombe dans le piège qu’elle tend. En fin de compte, on peut considĂ©rer que les deux processus n’en font qu’un et que la familiarisation elle-mĂŞme n’est qu’une opĂ©ration de camouflage !
La distanciation s’avance, innocente, déguisée, pour témoigner apparemment contre elle-même, affirmer un équilibre des forces et démentir sa toute-puissance. Exactement comme Metternich, qui fonda un journal d’opposition libérale dirigé en apparence contre sa propre politique. Un conte raconte l’histoire d’une méchante fée qui guérit un aveugle, non pas en lui dessillant les yeux mais en lui infligeant une cécité supplémentaire : elle le rendit également aveugle à l’existence de son infirmité et lui fit oublier à quoi ressemblait la réalité, elle obtint ce résultat en lui envoyant sans cesse de nouveaux rêves. Cette fée ressemble fort à la distanciation déguisée en familiarisation. Elle aussi cherche, par des images, à maintenir l’homme privé de monde dans l’illusion qu’il en a toujours un : non seulement son monde, mais tout un univers qui lui est familier en tous ses détails, qui est le sien, qui lui ressemble.
Elle parvient à lui faire oublier à quoi peuvent ressembler une existence et un monde non distanciés. Nous sommes donc bel et bien victimes d’un envoûtement, comme l’aveugle du conte. Mais la fée qui nous dissimule notre propre cécité est celle-là même qui nous a auparavant aveuglés. On ne doit certes pas s’étonner que la distanciation conduise en secret cette opération d’autoreniernent, qu’elle ne la signale pas expressément à notre attention. Où serait l’intérêt, pour ces puissances qui éloignent le monde de nous, d’éveiller notre méfiance en nous faisant remarquer, ne serait-ce que par le biais d’un terme spécifique, qu’il leur faut dissimuler la réussite de leur entreprise, cette distanciation qu’elles opèrent, en nous livrant des images-ersatz ? Ce qui est étonnant, c’est qu’elles parviennent effectivement à occulter ainsi, en ne le nommant pas, un phénomène quotidien d’une aussi grande ampleur.
Elles livrent leurs images mais ne disent rien sur la finalité de cette opération. Et elles le font d’autant plus tranquillement que nous, les destinataires, nous nous laissons abuser sans paraître nous en porter plus mal ; comme si la blessure infligée par la distanciation nous rendait incapables de sentir que nous sommes sous l’empire des drogues de la familiarisation, et leur effet anesthésiant de sentir la blessure : comme si les deux processus se renforçaient mutuellement. Même si l’on refuse de reconnaître que la familiarisation relève du camouflage et de la tromperie opérés par la distanciation, il reste incontestable qu’elle est, elle aussi, une mise à distance. Oui, elle aussi. Que l’on rende le proche lointain, comme le fait la distanciation, ou le lointain intime, comme le fait la familiarisation, l’effet de neutralisation est le même.
Rien ne nous aliène à nous-mêmes et ne nous aliène le monde plus désastreusement que de passer notre vie, désormais presque constamment, en compagnie de ces êtres faussement intimes, de ces esclaves fantômes que nous faisons entrer dans notre salon d’une main engourdie par le sommeil, car l’alternance du sommeil et de la veille a cédé la place à l’alternance du sommeil et de la radio, pour écouter les émissions du matin au cours desquelles, premiers fragments du monde que nous rencontrons, ils nous parlent, nous regardent, nous chantent des chansons, nous encouragent, nous consolent et, en nous détendant ou en nous stimulant, nous donnent le la d’une journée qui ne sera pas la nôtre. Rien ne rend l’auto-aliénation plus définitive que de continuer la journée sous l’égide de ces apparences d’amis : car ensuite, nous préférerons rester en compagnie de nos copains portatifs.


































































