1952 Hudson Hornet Sedan Twin H-Power
Sans doute n’aurais-je jamais dû me trouver là. Rien ne m’avait poussé à y arriver à tombeau ouvert pour déjeuner au restaurant attenant à ces lieux, si ce n’est la curiosité à l’appui d’un repas gratuit ! Il me vint à l’esprit que si j’avais accepté l’offre de venir me sustenter aux frais de qui invite, avant de me montrer leur Hudson Twin H-Power exceptionnelle, je ne me serais peut-être pas retrouvé à rouler dans le vide abyssal de la connerie humaine. Je serai resté immortel dans mon univers ! La vie est une route cahoteuse et difficile, j’avais pressenti dès mes vingt ans qu’aucune place, ni ne m’attendait, ni n’existait, dans l’éden chimérique des croyances inculquées (de force) aux jeunes dans les années cinquante, une suspicion devenant peu à peu certitude, que les années suivantes ont contribué à fortifier jusqu’à n’avoir ni dieux ni maîtres. Le repas, même gratuit me concernant, avait été quelconque.
En cette période ou la guerre en Ukraine créée par les USA et l’Europe pour s’emparer, par divers coups d’Etat, des divers territoires ayant fait partie de l’Empire Soviétiques, amène l’Europe à des réactions imbéciles, à tout bien peser, j’ai tenté de m’astreindre à de grandes réflexions intellectuelles sur la vie, la mort, la religion, l’amour, la famille, ma place dans la société, l’épanouissement dans le travail, la nature, le réchauffement climatique, le vrai sexe de la première Dame de France et le rôle de Macron 1er dans la création du Covid19 et des prétendus vaccins (manifestement des créations de laboratoires destinées à tuer et pas à améliorer la santé et la vie), bref, de petits morceaux de métaphysique au quotidien, mais, fi de toutes ces “magouilleries”, la seule chose qui m’intéresse encore vraiment, c’est de pouvoir savourer un agneau noir du Velay cuit dans sa croûte de foin avec une réduction d’œufs brouillés !
Aux truffes et avec de l’ail en chemise, que je précise…Non mais… Ou alors, une énorme côte de bœuf black Angus maturée avec une béarnaise maison et des frites croustillantes à souhait et salées comme la mer morte… On ne philosophe bien que le ventre plein, mais les artistes ou pseudos artistes d’aujourd’hui cachent trop souvent leur manque d’inspiration, leur misère sous un fumeux étendard : le concept ! S’il était heureux, parfaitement heureux, l’homme serait autarcique, autosuffisant, sans amis, sans vin, comblé de ce qu’il est, sans dépendre des autres, de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont. Rien de tel qu’un rapport avec soi-même, aspirant à n’être que soi-même, constamment, absolument et donc à être heureux, asocial, indépendant et contemplant éternellement le monde, comme un dieu, comme un con, le plus loin possible ! C’est même ma définition de l’homme heureux.
Mais alors, puisque je suis pratique et que je me place en avant, j’ajouterai que j’ai besoin de certains autres, tels des internautes pour mon web-Site (qui payent les montants définis), d’une masseuse pour me gratouiller les coucougnettes et le dos, d’un plombier pour stopper les fuites éventuelles, d’un opticien-ébéniste pour fabriquer des lunettes de WC personnalisées sur-mesure en bois d’arbre, d’un vigneron pour mes vins et d’une toiletteuse pour mon Cocker Blacky ! Mais on n’est pas obligé d’être ami(e)s. L’ami(e) est celle/celui qu’on aime parce qu’à la différence des autres, aucun lien d’utilité ou de nécessité ne nous rattache à lui. C’est même là la seule authentique et pure définition de l’ami(e), de l’ami(e) pur(e) et authentique, l’ami(e) est inutile. Et s’avérant inutile, pourquoi en aurait-on besoin ? D’ailleurs je n’ai pas d’Ami Citroën ! Le ciel avait viré au bleu profond, lumineux.
Et le soleil ? Pfffffff ! Il n’avait pas encore basculé de l’autre côté ? Oui, mais tout juste. Les arbres étaient lourds d’ombres. Ma gorge était à vif à force de hurler, encore que je n’ai aucun souvenir d’avoir beuglé la chanson des singes volants du Magicien d’Oz. La situation était franchement désopilante. Et chanter parachevait l’effet comique. Le problème, c’est que mon répertoire n’a jamais été très étendu. Alors, mon sentiment d’euphorie m’a abandonné et simultanément je vis une étrange bizarre et absurde automobile qui projetait une légère clarté qui revêtait un aspect envoutant… Ce n’était pas “ma mienne d’il y a 20 ans”, mais c’était presque la même. Je ne pouvais pas dire que je haïssais par avance cette magnifique et pesante lourdeur (pour quelle raison l’aurais-je dû ?), mais je m’en défiais. La plupart des gens auraient vu en elle une automobile typée des années folles, un engin gargantuesque et lourd.
Le genre très pesant en quelque sorte… Par expérience, je sais que la tournure des événements correspond rarement à ce qu’on attend. “Quoi que cette Hudson me réserve”, me suis-de dis, “ça ne sera certainement pas le scénario-catastrophe que tout le monde redouterait vivre en pareil cas. Ce sera quelque chose de sûrement pas mieux, mais en tout cas différent, nouveau, inattendu”. Personne n’aurait imaginé cette Hudson serait une “visitation”, une sorte de promesse de vie éternelle, dans l’esprit de revivre des moments passés… Car j’ai eu la même à moins que j’ai été possédé par sa jumelle… Yeaaaah ! L’idée de mêler mon âme à celles d’autres me donnait des boutons. J’étais seul par choix et par nature, et souhaitais le rester. Mais je voulais continuer à vivre, aussi, désespérément, furieusement. Mais à mes propres conditions. Et c’était bien cet instinct de conservation acharné qui m’avait conduit jusque-là, devant cette Hudson.
Et ce, tout en me demandant si j’allais supporter l’étape suivante ! 10 mojito’s distillés dans le corps et la tête, j’ai crié en voyant le bestiau : “Merde, j’ai eu la même et n’en suis pas mort” ! Je suis resté conscient même quand le paysage a pirouetté dangereusement autour de l’axe de ma colonne vertébrale, mon genou cognant mollement contre la portière de l’engin. J’ai fouillé mon cerveau à la recherche de ce que pouvait-être cette bêtise, angoissé de me retrouver si loin de la civilisation Tropézienne. Qui serait assez bête pour venir jusqu’ici voir cette chose ? Alors j’ai pris une longue inspiration, me suis écarté de la portière et l’ai entrouverte. Comment étais-je censé m’installer au volant ? Et puis même une fois au volant, comment allais-je procéder pour aller vers Klingon et l’Etoile-noire ? J’arrivais ainsi à la partie ardue de tout essai. Jusqu’ici, c’était du billard. Maintenant, je devais m’attaquer au plus dur.
Il m’aurait été encore plus facile de me coucher et de dormir. Ou de mourir avant l’aube. Des deux, la seconde proposition était la plus séduisante. Mourir serait bien plus facile que tout. Peut-être que je pourrais même me traîner jusqu’à mon chez moi pour y mourir sur le canapé, ce qui conférerait au moins une certaine dignité à l’événement. Au bout d’un temps incertain, des gens finiraient par s’inquiéter de ne plus lire mes articles et avertiraient les autorités. On découvrirait peut-être mes empreintes. “Nom de Merde !” diraient-ils. “Regardez ce que ce type a accompli. Cet homme dont la dépouille mortelle repose dans la niche de son chien Blacky, un Cocker Spaniel noir, parvenait à écrire des textes admirable sur des automobiles qui n’en valaient pas toujours le temps y passé !”. J’ai eu beaucoup de mal à me tasser dedans, je me suis emberlificoté avec mes longues jambes comme un adepte débutant du “hatha yoga”.
Pire que si je devais entrer dans une boîte aux lettres ou dans une Lamborghini Countach. Mes genoux cognaient le volant jusqu’à ce que je découvre le moyen de reculer le siège. Tout était con. Le tableau de bord ressemblait à celui d’un Super Constellation. Mais de quoi me plaignais-je, finalement ? C’était une voiture, non ? Au moins je pouvais me déplacer.Qu’est-ce que je sentais, sous mes doigts ? Le cuir de mon canapé ? Non, j’étais affalé de tout mon long en arrière sur le siège gauche de la Hudson. C’était réellement troublant, j’avais en outre l’impression d’entendre l’écho de mes propres cris rebondir sur le tableau de bord ! Je me suis redressé, je pouvais voir par-dessus, d’accord, mais quant à mettre mes pieds sur les pédales, c’était une autre affaire. J’ai cherché autour de moi le moyen de les manœuvrer. À portée de main, il avait un gobelet vide, une bouteille de Vodka et un exemplaire du numéro 6 de…
Ouiiiiiii, de Chromes & Flammes, un collector ! Je n’irais pas loin, avec tout ça. Ah ! Il y avait encore autre chose. Un exemplaire du dernier GatsbyMagazine N°4… Mieux ! Un rare “collector” qui se vend 100€ sur les marchés noirs (pas ceux d’Afrique bande de dégénérés chroniques ! Pfffff !… J’ai inséré la clé de contact, appuyé deux fois sur l’accélérateur et tourné la clé dans le barillet. Le moteur a toussé mais sans démarrer. Normal, j’étais habitué aux hoquets capricieux des vieilles guimbardes. Elle allait s’emballer puis caler. Ou presque, elle regimberait, cracherait, et s’étoufferait un temps avant de trouver son souffle régulier. “Allez, espèce de tas de ferraille”, que j’ai murmuré ! Toute la carcasse de la Hudson fut alors secouée de soubresauts. J’ai hurlé, je venais de comprendre que le moteur était un truc-machin positionné à l’avant, ni V8, ni V12, ni 4 cylindres, j’ai reconnu le ballotement d’un vieux 6 en ligne…
Quelle connerie, quel piège à cons ! J’ai essayé de chanter “Le Magicien d’Oz”, tandis que j’actionnais le sélecteur et appuyais sur l’accélérateur, avec pour conséquence un affreux bruit de ferraille et j’ai quitté le parking pour tenter de rejoindre la route. J’ai allumé les phares. Les ombres des pins-parassols tassés sur les bas-côtés s’entremêlaient pour tisser de lugubres guipures. J’étais assis de travers et un peu bas. Peu habitué à piloter une telle chose, j’avais le réflexe lent, je parvins malgré tout à maintenir le bestiau au milieu de ces colonnes fantomatiques. “Dieu garde l’imprudent qui viendrait en sens inverse” que j’ai gueulé. Mais qui serait assez fou pour cela ? La route descendait presque régulièrement, et je n’eus pratiquement pas besoin d’actionner l’accélérateur. Une chance, j’avais déjà assez de mal à freiner pour empêcher le bestiau de prendre de la vitesse. Me vint à l’esprit que je risquais d’avoir de sérieux problèmes.
Mieux valait rester relax. Je me suis passé devant, droit devant, sur des ronds-points sans croiser les loups solitaires que sont les gendarmes et sans m’arrêter quoique je n’étais pas certain de retrouver la civilisation, ce qui n’avait rien de réjouissant. Autant rouler aussi loin que possible vers le néant, ou du moins jusqu’aux premières rues éclairées. C’est alors que l’effroi s’abattit soudain sur moi, inattendu. La semaine dernière, j’avais lu dans la presse locale que les monstres avaient envahi la ville. J’ai pensé que de bizarres éponges ambulantes avaient contaminé le sang de tout le monde et que des zombies exigeaient la vaccination obligatoire. Était-ce vraiment ce qui était arrivé ou bien est ce que je nageais en plein délire traumatique ? Non, j’étais pratiquement certain de ne rien inventer. Mais tout de même… Des monstres ? Et si c’était vrai… Des images surgirent sans que je les y aie conviées…
C’étaient des monstres sortant tout droit de bandes dessinées, des créatures pleines de tentacules rampant hors de leurs soucoupes volantes, ou bien des eunuques aux yeux de zombies, esclaves des maîtres du monde et affamés de chair humaine. Ils avaient sûrement une place prête pour moi sur leur barbecue collectif. J’ai secoué la tête, incapable de choisir entre le rire ou l’épouvante. Après tout, je devrais opérer un demi-tour et revenir au parking du restaurant et à y mourir dans la pénombre de l’anonymat. J’ai appuyé sérieusement sur la pédale de frein parce que l’engin s’était peu à peu emballé sans que je le remarque. “Non !”, me suis-je dis. “Mort interdite. Va chercher de l’aide. Et jette-toi dans la gueule des monstres s’il le faut !”. J’ai continué ma course brinquebalante. Arrivant en lisière de la ville, venant in extremis de franchir le panneau indicateur de celle-ci, quand la fatigue a atteint son apogée.
L’engin terrestre a buté contre un talus et s’est immobilisé, les phares pointés vers Orion. L’impact m’a projeté contre le volant, le klaxon s’est mis à couiner et je me suis laissé ensuite retomber contre le siège, à moitié dans les pommes, le moteur continuant de tourner. Le coup de klaxon et le moteur asthmatique réveillèrent un habitant des lieux qui, bien qu’immortel depuis peu, prenait encore plaisir à profiter d’une bonne nuit de sommeil. Il se mit à la fenêtre de son chez-lui et considéra avec un étonnement ensommeillé l’engin à moitié vertical, le nez planté dans un talus. Il composa alors le N° des secours avant de prendre une couverture et de se précipiter sur le lieu de l’accident où il se rendit très vite compte qu’il ne pouvait rien faire pour aider le blessé (moi), un pauvre mortel mal en point qui hurlait : “A boire, un Mojito ou je meurs” ! Les monstres me lorgnaient d’un œil mauvais.
Après un laps de temps ténébreux, j’ai promené mon regard sur les murs blancs d’un couloir d’hôpital et compris, en un éclair de lucidité, que j’étais allongé sur un chariot et pris en charge par des infirmières affairées autour de moi. Il est possible que l’un des éléments parmi les plus uniques de l’histoire de cette Hudson soit que, malgré la quantité de travail et de produits utilisé pour la restaurer, pour être apprécié et publié dans des magazines et Web-sites, sous le capot, où la plupart des gens ahuris s’attendent à voir un moteur V-8, c’est un 6 cylindres en ligne fabuleusement cool. Toutefois, c’est lourd, très lourd même monstrueusement très lourd ! L’empattement plutôt immensément long déséquilibre le bestiau et lui confère une conduite “ondulante” malgré le châssis rigide comme un pont de fer… “Quand le monde ancien tombe et que le monde nouveau ne s’est pas encore relevé, s’ouvre le temps des monstres”.
Nous sommes entrés dans une période de grande insécurité que certains prennent pour une période de paix, surtout dans les pays industrialisés et donc riches, alors que c’est en réalité, une période en suspens. Nous sommes suspendus à l’annonce du retour des monstres. Les guerres n’ont pas disparu, elles passent sous silence, les terroristes terrorisent toujours, mais loin des télévisions, les migrants migrent toujours et leur migration n’est vue que d’un œil, celui du politique avant celui de l’humanitaire. La planète s’assèche doucement et dans l’indifférence presque totale. J’ai le sentiment que, toutes et tous, nous attendons les monstres. Nous sommes en cellule, seul(e)s, nous protégeons notre petite cellule sans penser à protéger les autres, ceux qui ne partagent pas nos idées, nos valeurs, mais qui vivent sur la même planète et respirent le même air. Nous ne voyons le monde que d’un seul œil. Nous sommes des cyclopes.
Voir le monde d’un seul œil, sans perspectives, sans profondeur, nous rend aveugle, incapable d’en apprécier la beauté. Dans l’Illiade, quand Ulysse et ses compagnons parviennent au pays des Cyclopes, ils ont franchi d’invisibles frontières, sans le savoir, ils sont dans l’âge d’or : “Nous parvînmes au pays des Cyclopes, orgueilleux sans lois qui, confiants dans les dieux immortels, ne plantent pas de leurs mains ni ne labourent. Ils n’ont pas d’assemblée où l’on délibère des lois, ils habitent le sommet de hautes montagnes, dans des grottes profondes et chacun y dicte sa loi à sa femme et à ses enfants sans s’occuper des autres”. Ce monde abrite des géants ne possédant qu’un œil, méprisant la civilisation et ses règles. Le cyclope ne craint pas les dieux, il se nourrit de chair humaine et rejette les lois sacrées. Ulysse veut tuer le monstre, mais le géant a refermé la grotte avec un énorme rocher qu’Ulysse et ses compagnons ne peuvent déplacer.
Il va donc ruser. Il va faire face au monstre, lui faire boire son meilleur vin, un vin exceptionnel, un nectar divin. Il enivre le cyclope et lui dit qu’il ne s’appelle “Personne”. Saoul, le cyclope s’endort et Ulysse et ses compagnons trouvent le courage de grimper sur le géant, et de lui crever l’œil à l’aide d’un tronc d’olivier. Fou de douleur, Polyphème hurle, ce qui a pour effet immédiat de réveiller les autres cyclopes vivants alentour. Ceux-ci lui demandent ce qu’il a et qui le fait souffrir ainsi, et Polyphème de répondre : “C’est Personne” ! Ulysse et ses compagnons réussissent à s’enfuir. Le cyclope, fils de Poséidon, réclame alors à son père vengeance, et demande qu’Ulysse ne rentre jamais chez lui. Cette malédiction lancée par Polyphème va changer le cours des aventures d’Ulysse. Poséidon le punit d’avoir jeté son fils dans la nuit, Ulysse sera à son tour projeté dans un monde nocturne, obscur, terrible, peuplé de monstres…
Que des créatures gigantesques et de divinités malveillantes. Par ce récit, Homère nous enseigne que, contre la barbarie, contre les monstres, il faut user de la ruse, de moyens dont la finesse échappe à la barbarie. Contre la force, il faut user d’esprit. Les monstres d’aujourd’hui, n’ont rien à envier aux cyclopes d’hier, ils en sont les descendants. L’œil du cyclope, c’est une vision unique du monde. Autocentré et fasciste. Hier comme aujourd’hui, l’œil du cyclope, c’est l’œil de la barbarie, du meurtre et de la dictature. Le cyclope est une invention humaine, une forme cauchemardesque du pouvoir. Macron est un cyclope, Macron est un monstre qui nous mène dans un gouffre ! Les cyclopes ont ceci de pervers, qu’ils s’adossent à notre besoin de bien-être pour nous dévorer. Les cyclopes, assoiffés de pouvoir, sont aveugles et sourds aux oracles que sont le réchauffement climatique, la disparition des espèces animales…
Mais aussi tous les autres mauvais augures. En surconsommant, nous sommes complices des nouveaux monstres, trop attaché à notre confort, à nos voitures, à nos côtes de Bœuf ! Mais les cyclopes, jadis, ont vu soudain surgir les paons. Argos, celui qui voit tout, avait cent yeux et les avait transférés sur les plumes des paons. Ces paons dotés d’une force gigantesque, étaient le rempart aux cyclopes. Aujourd’hui, les liens incestueux que tissent les paons politiques, le pouvoir, les médias et l’argent nous font craindre que le temps où s’accomplit l’alliance monstrueuse entre les paons et les cyclopes est arrivé. Les uns imposant leurs lois économiques, les autres imposant leur force brutale. Comme si les paons avaient cent yeux, mais ne regardaient plus que d’un seul œil. Face à la trahison des paons, où sont les compagnons d’Ulysse, où sont les foudres de Zeus ?
À mesure que je m’éloignais de l’hôpital, je fus frappé par l’immobilité des gens. Comme si un voile de calme immuable les enveloppait. J’ai croisé huit voitures en tout et pour tout, leurs feux arrière traçaient des sillons rouges sur l’asphalte. Toujours avec 10 mojito’s distillés dans le corps et la tête, j’ai crié : “Merde ! Je fais l’aumône aux pauvres, des libéralités à ma femme de ménage et des générosités à mes très rares amies et amis. La générosité est une vertu rare, ce n’est pas une faiblesse mais une force, un bienfait pour soi et pour les autres. Je n’offre pas le meilleur de moi dans mes écritures pour en tirer une satisfaction, aussi douce soit-elle”…. Sans doute suis-je un mélomane des écrits déjantés, qui raconte des histoires d’amour et de sexe, de géants solitaires, de monstres, d’œil de sorcière dans lequel on peut voir se refléter l’instant de sa mort et aussi d’hommes de cirque qui se transforment en chiens des Baskerville.
Dans ce monde pittoresque et d’affabulations picaresques, je tiens le fil rouge qui relie, en fendant le courant, les vivants et les morts, le passé et le présent, l’affabulation et le mensonge. J’écris des histoires poignantes qu’on lit, éberlué, en me prenant pour un fou ! Mais tout à coup cela se retrouve dans la réalité, ni tout à fait la même, ni tout à fait autre. Pourtant, il y a deux trois choses que je regrette dans ma vie, il y a la fois où à 16 ans j’ai tué un pigeon sans me rendre compte que sa compagne allait en mourir de chagrin, d’un seul coup de carabine ! 60 ans plus tard j’en ai encore une peine immense et me range de coté de Brigitte Bardot (ma voisine) qui exècre les chasseurs… Il y a la fois ou j’ai écrasé un lapin en roulant trop vite a une attaque d’autoroute. Le pauvre, broyé des pattes arrière sans plus jamais pouvoir courir les champs parce que je roulais trop vite, inutilement. Tristesse… Cela me hante…
J’ai dû l’euthanasier de mes mains, l’enterrer dans ses champs, cela me hante toujours… La fois aussi ou mon amante m’a volé mes souvenirs… Pire encore lorsque mon père puis ma mère sont décédés, malades, en Hôpital, dans mes bras ! Mais je ne vais pas vous faire chialer comme des Madeleines de Proust, car j’ai aussi la haine des salopards de l’es-Groupe Michel Hommel qui ont torpillé mon Chromes & Flammes dans une délation sans fondement pour asseoir Nitro… Et ceux qui m’ont volé des automobiles de collection dont le Groupe AXA en tête, m’entrainant dans une saga de 17 années car basée sur une escroquerie au jugement, imprescriptible !… J’ai évolué et changé… Voilà ! cette Hudson, cette berline Hudson Hornet de 1952 est peinte en jaune et vert, elle dispose d’un bloc moteur six cylindres en ligne 308ci refait comme neuf. Les caractéristiques comprennent trop de choses, interminables…
Notez… Un système d’induction Twin H-Power, une transmission automatique à quatre vitesses, des roues en acier de 15 pouces avec enjoliveurs, des freins à tambour, un projecteur, une visière de pare-brise, des banquettes avec sellerie noire et inserts en tissu rayé, des visières avec miroirs de courtoisie, un porte-mouchoirs, une radio AM de marque Hudson et des compteurs auxiliaires de rechange. En 2021, le radiateur et le thermostat ont été remplacés et l’huile a été changée. Cette Hornet à quatre portes est maintenant offerte (comprenez “proposée”) pour 100.000$avec un carnet de bord écrit à la main et un titre de propriété californien propre. Les caractéristiques comprennent des feux de route jaunes, des ornements de capot et d’ailes, un pare-brise divisé, une visière de pare-brise, un projecteur côté conducteur, des moulures latérales et un badge Hornet. Des retouches ont même été effectuées…
Les jantes de 15po en acier au fini beige sont montées avec des pneus à flancs blancs Coker Classic. En 2018, les freins ont été ré-ajustés, et les flexibles de frein ont été remplacés. L’intérieur comprend des banquettes garnies de noir avec des inserts en tissu rayé capitonné, ainsi que des panneaux de porte de couleur assortie complétés par une moquette et une garniture de toit marron. Les rendez-vous d’amoures (sic !) comprennent une radio AM Hudson, des visières avec miroirs de courtoisie et un porte-mouchoirs de chagrins d’amoures sous la boîte à gants. Sur la base du carnet de bord original de la voiture, le faisceau de câbles a été refait en 2015, les feutres des vitres ont été remplacés en 2016, l’interrupteur des feux de freinage a été remplacé en 2019 et la radio a été réparée en 2021. Un volant à trois branches se trouve devant l’instrumentation qui comprend un indicateur de vitesse et une horloge…
Mais aussi les compteurs pour le niveau de carburant et la température du liquide de refroidissement, des voyants d’avertissement pour l’huile et l’ampérage. Le compteur kilométrique à cinq chiffres indique 77.000 miles. Le six cylindres en ligne 308ci est équipé d’un système d’admission à double carburateur Twin H-Power. Selon les notes manuscrites accompagnant la voiture, le moteur a été reconstruit comme neuf en 2016, après quoi la bobine d’allumage et les gicleurs de carburateur ont été remplacés. En 2020, une fissure près d’un cylindre a obligé à usiner un nouveau bloc moteur. Le radiateur a été remplacé en même temps que le thermostat, qui a été installé avec une plaque de dérivation. La puissance est transmise aux roues arrière par l’intermédiaire d’une transmission automatique Hydra-Matic à quatre vitesses. Voilà… Mission terminée… Pour 30.000$ elle aurait pu être à vous…












































2 commentaires
Maître,
Merci pour cette référence hellénique, d’une pureté narrative rare, et pour ces images qui arrachent, littéralement, vos lecteurs popus à leur quotidien minable.
Même Ulysse aurait demandé un rab. Avec tout mon respect, Votre Lectorat.
Tandis que le mot rabiot désignait au départ le reliquat de boisson disponible après une distribution aux marins, ou bien l’ensemble des restes consommables après un repas de soldats, le mot rab s’applique particulièrement à une deuxième portion qui peut être servie. Dès le départ, il y a dans l’idée de rab quelque chose de très positif : la ration supplémentaire de nourriture ou de boisson apparaissait comme une aubaine. Très vite est apparue l’expression en rab, qui est toujours usitée familièrement. Elle signifie « en surplus, en excès, et disponible pour la consommation », en parlant notamment de nourriture. Ensuite, dans le mot rabiot comme dans rab, il y a eu une diversification de la chose dont il est question. On emploie rab en parlant d’une durée de détention, d’un temps de travail rallongé, ou bien d’argent, d’un avantage quelconque… Ce qui précède dûment recopié “à-la-main” vous démontre que je tente d’apporter la meilleure réponse possible en fonction de mes moyens qui s’épuisent… Les photos de la Hudson qui respectent les teintes de l’ensemble sous contraste de la Hudson qui a fait l’objet d’une certaine recherche chromatique, donnent à l’article une sorte de signature allant vers plus de perfection… J’ai d’autant mieux papoté/tapoté le texte que j’en ai possédé une presque même qui m’a laissé de bons souvenirs.