Cadillac Helldorado 1969
Lors d’un salon comme le “Grand National Roadster Show”, il en faut beaucoup pour se démarquer. On pourrait penser qu’il suffit d’avoir une voiture ayant coûté des centaines de milliers, voire des millions de dollars avec d’innombrables heures de travail consacrées, mais au “Grand National Roadster Show”, vous n’êtes pas le seul à en avoir autant dépensé. Dans la mer de voitures de haut calibre qu’est le GNRS, vous n’êtes qu’une goutte d’eau dans l’océan.
Joe Ray est un homme qui sait non seulement comment se démarquer, mais qui s’est donné l’obligation de se démarquer, et c’est exactement ce qu’il a fait au “Grand National Roadster Show” avec sa Cadillac Eldorado Fleetwood 1969, renommée “Helldorado”. Le Job de carrosserie a été réalisé par “House of Pain”, qui appartient à Frank Ramos, Dave et Greg Engle, ainsi que David Zazueta. Il comprend un toit surbaissé, des portes suicide et un pare-brise incliné.
Mais aussi un toit en verre à dôme de chez “AM Hot Rod Glass”, et la peinture est l’œuvre de Paul Stoll de chez “PPG”. Sous le capot se trouve un Big Bloc V8 suralimenté de Cadillac CTS LSA couplé à une transmission 4L85-E. L’intérieur de la Cad’ utilise un CTS-V de “Customs Dimensions” tandis que dans le coffre a été installé une configuration de suspension hydraulique de “Hoppo’s Hydraulics”. Avec tout cela “Helldorado” pouvait se démarquer et briller…
La Cadillac était dans ce show comme un rubis dans un boisseau de diamants, suscitant des torticolis et des bouches-bées d’extases avec regards affolés de la part de tous les autres exposants qui ne pouvaient s’empécher de passer sans cesse devant elle, tandis que Joe Ray lui-même recevait des éloges et divers compliments, disant que la “Helldorado” était la plus belle voiture non seulement du salon mais aussi de tous les précédents… Ce qui parait exagéré…
Créée en 1902, la firme Cadillac a célèbré son cinquantenaire en 1952, un anniversaire que les américains appellent “Golden jubilee” (le jubilé d’or). Les modèles de l’année arborent d’ailleurs à cette occasion sur leurs capots, des motifs dorés au lieu de leurs motifs chromés habituels (une caractéristique reprise pour les modèles de 1954 à 1958). Pour l’occasion, Cadillac exposait un “Dream car” présentant la somme de ses compétences atteintes…
Qu’elles soient techniques ou stylistiques ses ingénieurs étaient ovationnés. Le prototype rencontra un tel succès que les responsables de la marque décidèrent de le produire en série l’année suivante. Un concours est alors organisé en interne pour lui trouver un nom, et c’est la secrétaire du département des ventes, Mary Ann Zukosky (épouse Marini), qui le remporte en proposant le nom Eldorado, version américanisée de l’espagnol “El Dorado” (le doré).
Eldorado évoque une cité légendaire d’Amérique du Sud à la richesse fabuleuse. Toutefois, selon le magazine Palm Springs Life, le nom viendrait avant tout du “Eldorado Country Club”, de Coachella Valley, en Californie, fréquenté par les cadres de la General Motors. Quoi qu’il en soit, ce nom semblait tout à fait approprié en cette année du jubilé d’or, et parfaitement adapté à la clientèle des “Golden boys” visée par Cadillac.
Depuis l’apparition de l’Eldorado en 1953, et à l’exception des modèles de 1957 et de 1958 ainsi que de l’Eldorado Brougham de 1959 et de 1960, les Eldorado sont davantage restées des versions à la finition particulière des cabriolets et coupés hard-top de la Série 62. Au début des années 1960, l’idée d’une Cadillac à l’allure unique, sportive et personnelle a fait son chemin, sous la conduite de Bill Mitchell, le responsable du style de la GM.
Chuck Jordan puis Stanley Parker, les responsables du style de Cadillac vont l’épauler et les créatifs vont travailler sur un projet de renaissance d’un modèle à moteur V16, avant de passer à un projet de voiture à traction avant, basé sur une plateforme commune à Cadillac et à Oldsmobile. C’est une loi de la nature : après le flux, vient le reflux… L’histoire des grands empires nous apprend qu’à l’apogée de la puissance succède le déclin.
Après avoir atteint le point ultime de la déraison en 1959, les stylistes de Cadillac vont se libérer de l’obsédant impératif d’aller toujours plus loin dans l’extravagance. C’est-à-dire toujours plus haut dans l’audace des “tail fins” (ailerons). A partir de 1960, s’amorce leur crépuscule, l’évolution de 1959 aura donc été brève puisque cinq ans plus tard, il ne restait rien de ces appendices aussi insolites qu’agressifs.
Le début de la décennie va marquer le début d’une ère nouvelle, où la fantaisie et le baroque excessifs sont révolus. L’automobile américaine va redécouvrir la beauté pure de la ligne droite… à terme, peut-être un peu trop. A la direction du style de la General Motors, Harley Earl vient de céder sa place à Bill Mitchell, dont l’art s’avère plus dépouillé et le trait plus tendu. Ce retour, certes relatif, à des formes plus sages et plus harmonieuses.
Il donne naissance, en 1960, à celle que l’on peut considérer comme l’une des plus séduisantes Eldorado, un modèle d’équilibre et d’harmonie dont la ligne se situe à mi-chemin des excès antérieurs et du style géométrique à angles vifs qui s’imposera en 1961. Un heureux mariage entre courbes et droites, une “flamboyance sage”, si l’on ose ce terme. Cette esthétique transitoire symbolise aussi la passation de pouvoirs à la tête du ” styling staff ” de la G.M…
Dépouillée par rapport au modèle antérieur, la face avant de l’Eldorado 1960 paraît somme toute assez sobre. Mais c’est le remarquable traitement de sa partie arrière qui la distingue. Le dépouillement des lignes tirées vers la poupe, l’importance des surfaces lisses créent une sensation de pureté et de douceur, malgré le tranchant inquiétant des ailerons. Vaste et majestueuse, la voiture incarne à merveille le vaisseau américain conçu pour voguer…
Et ce, en toute sérénité sur les autoroutes d’outre-Atlantique. Dans le confort, le silence et l’absence d’effort, puisque tout est assisté, automatique et électrique… Une largeur supérieure à deux mètres, 5,65 mètres de long et 2,3 tonnes n’engagent pas à la conduite sportive, même si, avec les 345cv du V8 6,3 litres, les 190 km/h sont théoriquement du domaine du possible. Le problème est qu’à cette vitesse, le freinage apparaît tout aussi théorique…
Si on préfère être plus direct, arriver a freiner cette masse Brontosaurienne, c’est également du domaine du possible… Après ce sommet esthétique, place à la normalisation quoique tout de même relative. Le pare-brise panoramique est abandonné en premier, en 1961. La disparition des ailerons se fera plus tard. Encore largement présents jusqu’en 1963, ils sont même dédoublés en 1961 : deux au-dessus des ailes, deux en dessous !
C’est un traitement qui donne à la voiture un profil géométrique saturé, terminé par une poupe où convergent de nombreuses lignes de fuite. Les Cadillac n’étant plus restylées que tous les deux ans, l’Eldorado 1962 ne présente que des changements minimes. Le millésime 1963 renoue avec le style dépouillé de 1960, surtout quant au profil arrière mais avec des ailerons réduits. Ces derniers se rétractent encore l’année suivante pour atteindre la discrétion…
C’est en 1965 que sonnera l’hallali de ces appendices aéronautiques et extravagants. Nés 18 ans plus tôt, ils auront marqué de leur empreinte acérée le design américain d’après guerre, amplement relayé par les stylistes européens, au premier desquels se place Pinin Farina. Par rapport à l’ensemble des modèles de la gamme Cadillac, le standing de l’Eldorado va se banaliser quelque peu au cours de la décennie soixante.
C’est une évolution qui touche surtout l’équipement. Côté mécanique, un reflux s’amorce en 1961, quand le V8 de 6,3 litres est ramené à 325cv, l’Eldorado perdant ainsi le privilège de puissance qui était le sien sur le moteur standard. Mais en 1963, Cadillac lance (enfin !) un nouveau V8. De cylindrée et de puissance égales au précédent, il gagne en compacité et légèreté. Dès l’année suivante, sa cylindrée passe à 429 c.i. (7 litres) et 340 cv.
Les tarifs de l’Eldorado se sont également rapprochés du reste de la gamme. De 2.000 $ environ (7.500 $ contre 5.500 $) pendant la décennie cinquante, l’écart entre une Eldorado Biarritz et un cabriolet de la série 62 est réduit de moitié en 1961. Cette même année voit également le retrait de la Brougham et du coupé Séville, tandis qu’en 1965, une refonte des appellations Cadillac fait de l’Eldorado un modèle de la série Fleetwood.
C’est donc sous le nom de Fleetwood Eldorado qu’est lancé en 1967 un coupé entièrement inédit à la ligne sculptée d’une remarquable distinction. Dotée de la traction avant, cette voiture marque une rupture technologique dans la généalogie du haut de gamme Cadillac. Une ère nouvelle s’ouvre pour l’Eldorado… C’est ainsi que la nouvelle Eldorado, lancée en septembre 1966, ne doit plus rien aux autres modèles à l’exception de son moteur V8 7 litres de 340cv.
Elle marque l’histoire de la firme en devenant la première Cadillac à traction avant. Sa fabrication nécessite d’ailleurs une chaîne de montage spécifique dans l’usine de Clark Street, à Detroit. Réalisée sur un empattement de 3,05 m (le plus court sur une Cadillac depuis 1913 !), la carrosserie de 5,60 m de long de cette nouvelle Eldorado affiche des lignes aiguisées, superbes de rigueur et de proportions malgré des porte-à-faux démesurés et des volumes massifs.
Les phares avant sont dissimulés par une trappe intégrée dans la grille de calandre, les pare-chocs ne débordent pas sur les côtés, un bas de caisse en aluminium brossé court sous la carrosserie et fait le lien entre l’avant et l’arrière, les vitres n’ont plus de déflecteurs et les roues reçoivent de magnifiques enjoliveurs à sept prises d’air. Le blason Cadillac entouré de sa couronne de lauriers trône au milieu du capot ainsi que sur les montants de custode.
Ce n’est pas tout, puisque l’inscription “ELDORADO” en lettres capitales est discrètement placée derrière le passage de roue avant. Elle reçoit la base technique de sa sœur aînée Oldsmobile Toronado introduite en 1966, avec la traction avant, les suspensions avant par barres de torsion et bras triangulés, et les freins à disque. La suspension arrière est confiée à des ressorts semi-elliptiques et quatre amortisseurs : deux horizontaux et deux verticaux.
La voiture dispose d’un correcteur d’assiette. Bien que plus courte et plus basse que les autres Cadillac, l’Eldorado peut accueillir six passagers, l’habitacle n’étant plus traversé par un tunnel de transmission. Malgré son prix de 6.277 $, la Cadillac Fleetwood Eldorado est un véritable succès commercial ; la production atteint 17.930 exemplaires. Dès le début de 1968, les premières études d’une nouvelle Eldorado à traction avant sont lancées.
Elles reprennent en grande partie les lignes des études des modèles V16 du début des années 1960, et sous la direction de Wayne Kady, les dessinateurs finalisent un grand coupé personnel aux lignes tranchantes et plus massives que l’Eldorado lancée en 1967. La nouvelle Cadillac Fleetwood Eldorado est lancée. Les ‘trucs’ les plus visibles sont les clignotants sur les bords d’attaque des ailes avant et le capot allongé à l’arrière pour recouvrir les essuie-glaces.
Les feux arrière sont plus grands, le moteur a été retravaillé pour respecter les normes anti-pollution, réalésé à 7,7 litres et 375cv. Le tarif passe à 6.605 $, et la production augmente à 24.528 exemplaires. Le style évolue encore légèrement pour 1969, la principale évolution étant que les phares avant ne sont plus rétractables. La calandre est redessinée avec une grille plus fine et les roues reçoivent de nouveaux enjoliveurs, plus simples.
À l’intérieur, la loi américaine impose l’installation d’appuie-tête sur les sièges avant. La production est transférée de Fleetwood chez Fisher, dans l’usine d’Euclid (Ohio). L’Eldorado coûte alors 6.711 $ et sa production baisse légèrement à 23.333 exemplaires. Voici une revue complète des performances et tableau des accélérations de la Cadillac Fleetwood Eldorado en 1969 (le modèle avec carrosserie coupé 2 portes toit rigide, V-8 7.729c /471.7ci/375cv.
C’est le moteur proposé depuis septembre 1968 pour l’Amérique du Nord. Cette Cadillac est capable d’accélérer de 0/100 en 8,1sec, de 0/160 en 20,6sec, de 0 à 200 en 48,2sec et le temps de traînée aux 400m est de 15,7sec. En 1970, l’Eldorado présentait le nouveau V8 qui est portée à 8,2 litres (500 c.i.) et la puissance atteint 400 ch, pour un couple de 77 mkg. Il s’agit du plus gros moteur de série jamais fabriqué à cette époque !
Un toit ouvrant électrique sera une option disponible pour 1970, mais le style évoluera peu. La calandre, plus étroite sera clairement séparée des phares avant, et les feux arrière seront affinés. Les changements de style pour 1970 comprendront un capot plus long, une nouvelle calandre avec notification “8,2 litres” et de nouveaux feux arrière avec des lentilles minces. L’antenne radio étant intégrée au pare-brise. Affichée à 6 903 $ pour 28 842exemplaires.














































