Ford T’27 ArtDéco
Il y a plusieurs manière de se raser la barbe… La plus simple étant le classique rasage rabot-rasoir, plus rapide si électrique, si possible réalisé chez un barbier raseur, mais, pratiqué par une belle barbière aux gros seins moelleux, c’est mieux et plus érotique surtout si elle utilise un vrai rasoir comme dans les Westerns, pour ajouter un frisson sado-maso… Ensuite on peut aussi s’arracher les poils, un par un, avec les ongles de deux doigts, particulièrement en regardant un film particulièrement “chiant”, tel le long dernier film “Mégapolis” de Francis Ford Coppola, clin d’œil amusé et autoréflexif, sans doute, mais surtout grande farandole baroque/péplum des fins dernières, testament futuriste, ode à l’amour, chant pour l’humanité, grand huit de la pompe tragique et de l’effusion romantique entre l’antique et un futur proche, déclin inéluctable d’une civilisation atteinte de la maladie mortelle des civilisations : l’arrogance, la luxure, le pouvoir confisqué, le bien commun assujetti à l’enrichissement de quelques-uns… Pffffffff ! A la fin de ce péplum les poils de barbe ont quasi tous été arrachés un par un… C’est exactement le thème qui s’assortit au Hot Rodding et qu’on peut vivre de même, en allant s’encanailler au Sema Show de Las Végas et se faire sauter/rincer par des putes… Et bien le texte qui suit est un même moyen de vous arracher les poils de barbe naissante, un par un avec les ongles du pouce et de l’index… Poil après poil de barbe… Tous sur votre t’shirt en finale… Le texte qui suit est mon “Mégapolis du Hot Rodding” et l’histoire est américaine, centrée sur la Floride… N’y entrez pas, ne lisez rien, vous en ressortiriez bizarre… D’y vivre une partie de mon temps (en Floride à Hallandale – North Miami Beach), et à force d’y vivre à en déféquer certains produits “Kulturels” made in USA et de côtoyer certain(e)s Américain(e)s “raides-dingues”, j’ai compris, qu’y vivre plus longtemps que d’y passer 3 semaines de vacances, donne une idée assez précise de ce qu’est réellement ce pays. Tout y est faux…
Ce peut être comparé au thème des “faux-culs-amis-linguistiques” une expression faite de mots qui sonnent très semblables en anglais et en français, mais ne veulent nullement dire la même chose, comme “actually” (en fait), “eventually” (plus tard), et “liberal” (gauchiste)… Malgré les apparences, la différence entre les USA et les pays de l’UE est beaucoup plus grande que les différences internes en Europe. Une des principales est le fait que la population américaine est profondément conservatrice, et l’est devenue bien plus encore depuis l’an 2.000. En outre, ce conservatisme nord-américain ne ressemble en rien à celui d’Europe. Il combine la religiosité souvent de type fondamentaliste, l’individualisme extrême, un très grand optimisme et une variante spécifique du nationalisme qui joue un rôle clé dans l’histoire et l’évolution récente de ce pays pas tout à fait comme l’Europe Franchouille. C’est un pays bien plus riche que les pays occidentaux (à l’exception du Luxembourg et de la Norvège), son produit national brut par habitant est de 40.000 $ an, comparé à une moyenne de 22.000 € an pour les pays d’Europe occidentale. Une richesse distribuée d’une manière beaucoup plus inégale que dans d’autres pays industrialisés, en particulier à cause de l’immense concentration de la richesse au sommet (1 % des personnes les plus riches y possèdent 38 % de la richesse des USA). Les inégalités déjà fortes avant 1980, se sont considérablement élargies, le revenu du tiers supérieur des cadres américains est quatre cents fois (400) le salaire moyen. Il s’agit d’une accélération impressionnante, car cette proportion n’était que de quarante (40) il y a 45 ans (en 1980)… En comparaison, en France, le salaire du tiers supérieur des cadres est l’équivalent de quinze fois celui du salaire moyen. Contrairement aux idées reçues, les 10 % des populations les plus pauvres aux USA ne vivent pas plus mal que les 10 % les plus pauvres en Europe occidentale. Par contre ils ont davantage de problèmes quotidiens…
C’est à cause de la faiblesse des services sociaux et de l’absence d’assurance santé universelle (quarante-quatre millions d’Américains n’ont aucune couverture en cas de maladie). L’absence d’assurance santé et l’existence des sous-populations qui, d’un point de vue sanitaire, vivent au niveau des pays du tiers monde, génèrent des indicateurs de santé déplorables pour un pays aussi riche. La mortalité infantile aux USA est beaucoup plus élevée qu’en Europe occidentale, et la durée de vie moyenne, plus courte. Les Américains travaillent plus que les Européens (un tiers parmi eux travaille plus de cinquante heures par semaine), ils ont beaucoup moins de vacances payées (entre quatre et dix jours/an) et ont un taux de chômage nettement moins élevé que celui de l’Europe continentale (environ 4,5 %). Les Américains sont beaucoup plus patriotes que les Européens : 72 % d’entre eux affirment être très fiers de leur pays alors que 65% des Français ne sont pas fiers d’avoir voté Macron qui mène la France et l’Europe vers une guerre nucléaire avec la Russie. Les Américain(e)s sont aussi, et de loin, bien plus religieux. 95 % de la population déclare croire “en Dieu”, 75 % appartiennent à une congrégation religieuse, 40 % vont à l’église (ou lieu de culte équivalent) au moins une fois par semaine, 39 % se décrivent comme “Born again Christians” (des chrétiens qui ont eu en tant qu’adultes une expérience directe de présence divine)… C’est relativement pitoyable et oblige pour y vivre en paix sans “faire de remous”, à devenir “faux-cul” comme 99% des américain(e)s… dont 30 % se définissent “évangélistes” et prennent les textes bibliques à la lettre… (Rien que de l’écrire, ça me déprime grââââve)… En outre, les sondages révèlent un net accroissement d’adhésion aux valeurs (fausses) et pratiques religieuses (obligées) depuis les années 1970. Le basculement à droite du vote dans certaines régions peuplées par des gens aux revenus modestes est lié à la montée d’une religiosité fondamentaliste…
Le patriotisme et la religiosité se nourrissent de l’idée d’une destinée manifeste pour les USA et de son rôle comme exemple à suivre… La religion est actuellement (fin 2025) intimement mêlée avec la conviction que “Dieu a choisi l’Amérique et Trump”... Le conservatisme nord-américain combine la religiosité de type fondamentaliste, l’individualisme extrême, un très grand optimisme et une variante spécifique du nationalisme, ce à quoi se mêle le faux courage de ne pas “faire de vague” au regard des voisins… Cette conviction (insupportable) ne nécessite toutefois pas (encore) une médiation publique de la religion institutionnalisée… Démontrer qu’on a (comme tout le monde) la conviction intime que l’Amérique sert bien les intérêts de Dieu, suffit. Il y a toutefois beaucoup plus de violence aux USA que dans d’autres pays occidentaux (quarante meurtres par million d’habitants et par an, dont la moitié avec des armes à feu, contre neuf en Europe occidentale), mais c’est aussi le pays qui emprisonne le plus de personnes : l’UE a en moyenne 870 prisonniers pour un million d’habitants, les États Unis, 6.850). Certaines couches de la population sont particulièrement touchées par cette ferveur carcérale (un homme noir sur cinq séjourne ou a séjourné en prison). Et puisqu’un condamné perd souvent ses droit civiques, dans une dizaine des États, un cinquième des hommes noirs n’a plus (à vie) le droit de vote… La construction des prisons est un secteur en croissance particulièrement rapide, et le coût de ces constructions est une des rares dépenses publiques qui jouit d’un soutien très large. La peine de mort (réintroduite dans les années 1970, après une période de moratoire) jouit d’une très grande popularité : aucun politicien n’ose s’y opposer…De plus, les USA rivalisent pour le nombre d’exécutions avec des pays tels que la Chine, le Pakistan ou le Congo… Il s’agit donc, selon les standards occidentaux, d’un pays très riche, très inégalitaire et très violent.
Il s’agit aussi d’un pays doté d’une abondance inégalée de biens de consommation (et de Hot Rod’s et autres véhicules de loisirs inutiles). Même des familles classées comme pauvres ont souvent des maisons individuelles délabrées ainsi qu’un Rat Rod dans le même état… Même les pauvres ont au moins une voiture et plusieurs télévisions à grand écran. Quant aux classes moyennes, hors New York (la seule grande ville ou le centre n’est pas réservé aux pauvres), le logement de rigueur est le plus souvent une maison individuelle, avec un jardin. Chaque membre de la famille dispose d’un espace généreux, et il est inimaginable de loger deux enfants dans la même pièce. Il y a une salle de bain privée pour les parents, un grand séjour avec des fenêtres panoramiques, une cuisine de taille “Hôtel” très confortable, et un garage pour deux ou trois voitures, tout cela étant perçu comme un minimum vital. Même chose pour les appareils ménagers, les télévisions, les ordinateurs… Les maisons (grandes et bien chauffées ou climatisées) et les voitures spacieuses imposent une consommation importante d’énergie fossile. Le prix de l’essence est un sujet particulièrement sensible, et la défense de “l’essence peu chère” est perçue comme une défense légitime d’un mode de vie américain. La consommation d’énergie par les familles est partiellement responsable du taux particulièrement élevé des émissions nocives produites par les USA : les citoyens de ce pays qui ne représentent que 5 % de la population mondiale, sont responsables de 35 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. L’Amérique est donc une nation de droite-extrème qui a raison pour absolument tout, car c’est Dieu qui guide l’Amérique (sic !)… Ces croyances religieuses lient l’histoire du conservatisme US à celle des origines de l’exceptionnalisme nord-américain. Les nouveaux venus en Amérique du Nord étant fortement poussés à l’individualisme et à la logique du capitalisme.
Dès le XVIIe siècle, les États-Unis furent construits par des corporations puissantes telles “The Virigina Company”, “The Massachussetts Bay Company” ou la tristement célèbre “Royal African Company” spécialisée dans le commerce des esclaves (son premier président, James, le duc de York, a donné son nom à la ville de New York)… L’immigration a facilité la sélection des individus qui adhéraient à l’ethos dominant. Selon une expression populaire “Les peureux ne sont pas venus, et les faibles sont morts en route”... L’accent sur la diversité ethnique tend à gommer la puissance d’une idéologie qui glorifie les opportunités nouvelles et qui, au départ, fut partagée par tous ; ou, pour être précis, par presque tous… L’éloge du multiculturalisme et l’expression “gens de couleur”, masquent l’existence de deux phénomènes fort distincts. L’un est l’existence de communautés ethniques composées de migrants qui gardent longtemps une identité propre. Elles peuvent rencontrer des difficultés du fait de leur statut de nouveaux venus, mais aussi à cause des problèmes de classe – plus sensibles pour les immigrés mexicains que pour les exilés cubains, pour une migration laotienne composée majoritairement de paysans, que pour la coréenne, dominée par les classes moyennes. L’autre est la question, très différente, des Noirs américains, et dans une certaine mesure, des Amérindiens, c’est-a-dire des communautés survivantes au génocide, qui n’ont pas choisi l’immigration, et qui furent les victimes principales du “rêve américain”… Quantités d’autres communautés, par contre, ont pris part (une part variable, certes) à ce rêve, c’est-à-dire à une idéologie qui proclame qu’en Amérique, chaque individu suffisamment tenace et prêt à travailler durement, pourra accéder a l’aisance matérielle… Ou au moins pourra assurer un avenir meilleur à ses enfants. L’égalité des chances, ceci va de soi, n’a jamais existé, mais les chances elles-mêmes ne sont pas juste une illusion.
L’immense taille du pays, sa richesse, l’existence, pendant des siècles, de territoires vides car vidés des Amérindiens “génocidés” comme le sont les Palestiniens, ont encouragé une vision du monde individualiste et la glorification de “L’esprit d’entreprise Américain” qui, jusqu’à aujourd’hui imprègne la conscience du pays. C’est au point d’affecter des segments de la population qui se disent de gauche, ou même d’extrême gauche… Ainsi, même des universitaires progressistes nord-américains sont parfois choqués d’entendre qu’en France c’est le gouvernement et pas les universités qui fixe les salaires des enseignants ou que les institutions d’éducation supérieure ne peuvent pas lancer des enchères pour acheter une vedette pour blablater des discours pré-machés sur la “Grandeur Américaine”. De même, certaines femmes sincèrement féministes considèrent le système d’allocations familiales français rétrograde et reflétant une idéologie nataliste et militariste, puisque la décision d’avoir des enfants appartient uniquement à la sphère privée et qu’il n’est pas juste que la collectivité soutienne financièrement des choix individuels. L’idéologie de la frontière américaine et le type très spécifique d’individualisme qu’elle a généré, a pesé lourdement dans le développement d’une variante unique du conservatisme : très matérialiste et, en même temps, très optimiste et fondé sur le principe quasi-utopique que chaque individu peut à chaque moment se réinventer et avoir une deuxième, troisième ou quatrième chance… L’utopie matérialiste nord-américaine reste étroitement mêlée à une religiosité focalisée sur l’individu, percevant la réussite matérielle comme un signe direct de la grâce divine, une manière efficace de neutraliser les tensions sociales qui peuvent découler de l’accroissement des inégalités… D’autre part, les heureux bénéficiaires de cette faveur divine sont supposés s’acquitter de leur dette envers la Providence en aidant les plus infortunés qu’eux.
Ce qui explique le peu d’intérêt pour l’intervention étatique en faveur des personnes défavorisées et la conviction qu’une telle action devrait être fondée sur l’action volontaire. Ce qui fut souvent le cas : certaines institutions philanthropiques nord-américaines, telle la Fondation Rockefeller (financée par les profits de General Oil), ont joué un rôle très important dans le développement de l’éducation ou de la santé. Ce qui ne veut pas dire que la limitation de l’action gouvernementale fut toujours en vigueur aux USA. Dans tous les cas, l’égalité des chances, ceci va de soi, n’a jamais existé, mais les chances elles-mêmes ne sont qu’illusions. La politique sociale des USA fut plus par contre durant un moment, plus avancée que celle des pays européens. Ainsi, en 1938, les USA ont dédié 6,3 % de leur PNB aux dépenses sociales (l’assurance chômage, les travaux publics) bien plus que la France (3,4 %), la Suède (3,2 %), ou la Grande-Bretagne (5,5 %)… Aujourd’hui pourtant cette tendance est entièrement renversée, et la majorité des Américains voient d’un mauvais œil l’accroissement des dépenses publiques en faveur des individus défavorisés. Il est facile de comprendre pourquoi les riches adhèrent aux principes du conservatisme et de l’individualisme américain. Il est plus difficile de percevoir pourquoi les moins fortunés le font aussi, souvent avec un très grand enthousiasme. Une des réponses possibles est l’optimisme prévalant et la conviction de l’existence de possibilités quasi-illimitées d’un nouveau départ dans la vie, liés à la croyance dans les vertus démocratiques du marché. Même des personnes dotées de ressources limitées perçoivent le marché capitaliste comme un lieu qui offre des possibilités de succès à tous. Pour de très nombreux Américains, les riches ne sont pas des oppresseurs qui ont accumulé des biens en dépossédant les autres… Que nenni… Mais comme la preuve vivante de la possibilité d’une réussite (méritée) et de ce fait, comme un exemple.
Dans une idéologie populaire répandue, les ennemis ne sont pas à Wall Street, mais parmi les bureaucrates de Washington, qui, par leurs sombres machinations entravent la liberté d’entreprendre… La foi illimitée dans les vertus de l’économie libérale et dans l’action individuelle repose sur le triple socle d’une croyance dans l’exceptionnalisme américain, une religiosité de type particulier et un optimisme sans faille. Mais l’optimisme a des limites. La confiance en l’avenir, un des moteurs principaux de la réussite dans la société nord-américaine, a sa face cachée, celle de la peur de basculer du côté des perdants. La conviction de 39 % des Américains qui croient qu’ils s’apparentent au 1 % des individus les plus riches de la nation, ou pensent (à 20 %) qu’ils vont l’être un jour. Mais, comme pour tout mythe il y a un grain de vérité car la société américaine a un taux particulièrement élevé de mobilité sociale. Quoiqu’une telle mobilité va dans les deux sens : certains individus rejoignent les classes moyennes, et d’autres les quittent, souvent brutalement. La mobilité géographique des personnes, adossée à une idéologie focalisée sur la réussite individuelle, affaiblit les réseaux de solidarité familiale et communautaire, tandis que l’État protège peu les personnes en détresse. Des difficultés temporaires – chômage, maladie, problèmes psychologiques – peuvent donc se transformer facilement en catastrophe. Ceci est particulièrement vrai pour des familles de classe moyenne avec des enfants, souvent très endettées, et chez lesquelles toute perturbation d’un équilibre économique fragile peut conduire à la faillite et à la perte de tous les biens. Les économistes Elisabeth Warren et Amelia Tyagi Warren, qui ont étudié les faillites dans les classes moyennes, ont conclu que leur cause principale n’est pas une consommation excessive des biens de luxe et des loisirs de haut niveau, mais que c’est la poursuite de deux aspirations qu’on peut percevoir comme parfaitement légitimes…
1° La sécurité personnelle et 2° l’éducation des enfants… La sécurité inclut la sécurité physique, donc l’achat d’une maison (de taille adéquate) dans une communauté dans laquelle le prix des maisons décourage les indésirables, et l’acquisition d’une bonne assurance santé. L’éducation est chère, et en règle générale les seules écoles publiques fréquentables sont dans des quartiers influents (donc, si une famille veut économiser les frais d’éducation, elle doit investir davantage dans le logement)… Les difficultés de maintenir le standard de vie des classes moyennes rendent le divorce particulièrement pénible pour les femmes. Les mères de famille travaillent souvent à temps partiel, ou pas du tout (le revenu cumulé des femmes américaines entre vingt-cinq et cinquante-cinq ans équivaut à 38 % de celui des hommes). Or, malgré la popularité des “valeurs familiales”, le taux de divorce reste très élevé aux USA, y compris dans les États “rouges” qui votent à droite. Il n’est pas exclu qu’une des raisons pour lesquelles certaines femmes mariées avec enfants sont liées à la défense vigoureuse des “valeurs familiales”. Les politologues américains ont parlé de “Security Moms” (mamans sécuritaires) qui ont voté à droite à cause de la peur du terrorisme… et de la menace qu’il représente pour elles et pour leurs enfants. Il n’est pas exclu que certaines mères de famille vivent également dans la crainte d’un appauvrissement qui pourrait suivre la dissolution de leur famille. Plus généralement il n’est pas exclu que la peur qui a nourri si effectivement le vote pour Donald Trump, reflète, parmi d’autres, l’existence d’une insécurité chronique… Fortement refoulée dans un ethos qui fonde l’identité nationale sur l’optimisme et la confiance en soi, l’insécurité existentielle pourrait s’exprimer d’une manière indirecte dans l’enfermement et le repli sur soi-même, le nationalisme agressif et la condamnation véhémente des “pécheurs”… Mais aussi la vénération des armes à feu et l’adhésion à des églises charismatiques…
Mais aussi dans la puissance des peurs collectives des rouges, des jaunes, des terroristes, c’est-à-dire dans les éléments qui soutiennent la montée du néo-conservatisme… On trouve des traces de “révolution conservatrice” américaine dans des endroits les plus inattendus, tels les kiosques de journaux dans les aires de repos des autoroutes nord-américaines… Depuis un an environ, on trouve dans des kiosques de la côte de l’Est (donc loin des hauts lieux du fondamentalisme) une surface spéciale dédié aux livres religieux d’orientation évangélique ( inspirational littérature). Parmi ces livres, des témoignages de conversion, des recueils d’aphorismes, des ouvrages d’instruction religieuse, et des romans populaires d’inspiration évangéliste, telle la série “Ceux qui sont restés derrière” qui décrit le jugement dernier et le sort les pêcheurs restés sur la Terre après le transfert direct au paradis de tous les justes (rapture). D’autre part, un des best-sellers “séculaires” qui fut très visible en 2025 dans les mêmes kiosques, fut le roman d’Anita Shreve “La Maison au bord de la mer” dont l’action, qui se déroule en 1929, a comme toile de fond une grève des ouvriers de textile dans une ville industrielle de Nouvelle Angleterre. L’histoire se termine par un massacre particulièrement brutal organisé par les vigiles au service des patrons. Dans la postface de ce livre, Shreve (qui par ailleurs n’a rien d’une radicale) rappelle la violence extrême des attaques contre le mouvement ouvrier américain dans les années 1920 et 1930. La genèse du conservatisme US, il ne faut pas l’oublier, c’est aussi l’héritage de cette violence là. Le succès populaire d’un livre qui la raconte, mais aussi le fait qu’il côtoie un best-seller d’inspiration évangéliste sur le jugement dernier, illustrent bien la complexité d’une société qui s’enthousiasme pour les deux ouvrages. Étrange Amérique ! En Europe et particulièrement en France, ce charivari donne l’impression d’être la suite d’une idée, à force de voir certains produits culturels made in USA…
Ce peut être comparé à ce que sont les “faux amis”, des mots qui sonnent très semblables en anglais et en français, mais ne veulent nullement dire la même chose. Voilà, je termine ce trop long texte sur l’Amérique par la présentation d’un Hot Rod vert qui est là-bas emblématique… “Mes créations ont toujours eu un côté cartoon. Je puise mon inspiration dans mon enfance. Je lis le magazine CARtoons depuis sa parution en kiosque, et je pense que cela se ressent dans mon travail de constructeur de Hot Rod’s”, m’a expliqué Randy Bianchi à propos de sa collection impressionnante de bolides surpuissants. Il est unique en son genre, et le style de ses Hot Rod’s reflète son originalité débridée. Il y a quelque chose de spécial dans les créations Hot Rod’s de Randy, conçus avec une quantité impressionnante de pièces fabriquées “maison”, méticuleusement assemblées pour former un ensemble parfait et surpuissant. Randy a consacré toute sa carrière à poursuivre le rêve qu’il nourrissait enfant, lorsqu’il grandissait dans la banlieue de Cliffside Park, dans le New Jersey, près de New York : “À mon retour de l’armée, après une mission à l’étranger, j’ai ouvert mon atelier et j’ai commencé à construire des Hot Rod’s pour des clients. C’était mon rêve d’adolescent”… Une fois installé chez lui après son service militaire, Randy s’est concentré sur son objectif et n’a jamais dévié de sa trajectoire. Entre deux commandes, le jeune passionné de Hot Rod’s trouva le temps de se construire l’un des Ford T-bucket parmi les plus emblématiques. Son Ford’23 est connu dans le monde entier sous le nom de “Sunkist Model T”… “C’était le Hot Rod idéal, construit au moment idéal pour moi. Je l’ai préparé avec une puissance démesurée et un look extravagant, avec des gros pneus slicks à l’arrière” … Au fil des ans, Randy a parcouru de longues distances à bord de son super T-Bucket pour participer à de nombreux salons automobiles, et il fit même l’aller-retour entre son domicile dans le New Jersey et la Californie.
“Sunkist Model T” reçut ensuite une avalanche d’articles et de récompenses. Plus tard, Randy finit par vendre Sunkist, ainsi que sa précieuse Corvette de 1967 (427ci/435cv)… C’était pour acheter une maison… “La famille passe avant tout, et je me suis dit que je pourrais toujours construire autre chose le moment venu”… Heureusement pour Randy, “Sunkist Model T” est resté dans la région, et son fils Randy Jr. a fini par le racheter en 2014, gardant ainsi le bolide dans la famille, là où il avait sa place. Désireux de construire une autre voiture visuellement saisissante, Randy a puisé son inspiration dans son passé, combinant ses goûts personnels, parfois excentriques, pour lancer le projet : “Je construis des Hot Rod’s depuis longtemps, un peu à l’instinct. J’ai toujours eu un style un peu caricatural”... Il voulait construire un autre Model T déjanté. C’est son fils, Randy, qui l’a vraiment poussé à se lancer. À cela s’ajoutait le défi de construire ce Hot Rod avec un budget serré et des pièces de récupération. Randy a commencé avec une carrosserie de berline Model T de 1927 dont personne ne voulait plus : “Elle était en piteux état en vert Ford et était vendue avec quelques pièces détachées. J’ai liquidé toutes les pièces d’origine de carrosserie, car je n’en avais pas besoin pour ce projet. Au final, j’ai récupéré la carrosserie gratuitement après avoir tout vendu”… Je traduis par : “J’ai même récupéré ma mise”… Ensuite, il a acheté un châssis de Ford de 1932 et un moteur Oldsmobile. Ces éléments, combinés à la carrosserie récupérée, ont constitué la base de son projet : “J’ai toujours adoré les moteurs Olds”, m’a-t-il confié. Le V8 Olds de 5,3 litres (324 ci) de 1956 a été préparé avec une multitude de pièces performantes d’époque, dont un arbre à cames Eagle sur mesure, une rare admission Weiand à haut débit et un allumage Flamethrower…. Arghhhhhh, mais aussi de six carburateurs double corps de type Ford 94. Le spécialiste local Tony Feil s’est chargé du moteur, le portant à 400 chevaux.
Assembler le châssis selon les besoins de Randy a nécessité un travail d’ingénierie considérable. “Le châssis a été rétréci à l’avant, élargi au milieu et rétréci à l’arrière. Puis, il a été incliné de plus de 30 cm pour obtenir l’allure que je souhaitais” explique-t-il. L’essieu avant provient d’une Ford de 1932. Randy a pris son temps pour le travailler, le ponçant et le polissant jusqu’à obtenir le résultat désiré. La boîte de vitesses provient d’une Cadillac LaSalle, et un pont arrière Halibrand 301 à changement rapide transmet la puissance à l’arrière ou se découvre une suspension sur mesure composée d’un ressort Ford T et de supports fabriqués. Quoique c’est artisanal, le tout assure une tenue de route impeccable. De gros freins à tambour de Lincoln ont été installés pour freiner ce bolide surpuissant. Bien que la transmission soit relativement simple, on voit que la carrosserie a fait l’objet d’une restauration complète : “On a commencé par couper le toit en deux et on a continué à partir de là. Chaque panneau, chaque centimètre carré de cette voiture a subi une modification. C’est un travail colossal”… m’a expliqué Randy. Les collecteurs d’échappement ont surtout représenté un défi de taille en raison de la faible hauteur de caisse de la voiture. Il fallait les fixer le long des flancs de la carrosserie, ce qui s’annonçait délicat. Pour les intégrer, Randy a conçu un panneau de porte intérieur encastré et rétractable, permettant au collecteur de passer à travers la tôle extérieure de la porte lors de son ouverture. Il a fabriqué ces collecteurs à partir de carters d’arbre de transmission intérieurs de Ford 1936, coniques aux deux extrémités et soudés à des brides sur mesure. Randy savait qu’il devait affirmer son style avec une couleur extérieure audacieuse pour sublimer le design novateur de sa Model T. “Je voulais une teinte saisissante. Il fallait que ce soit un véritable régal pour les yeux, quelque chose qui attire immédiatement le regard. Je suis donc allé chez un concessionnaire Lamborghini et j’ai choisi cette peinture, appelée Verde Ithaca”…
C’est parce qu’elle s’accordait parfaitement avec le design radical de ce Hot Rod. La couleur était mise en valeur par les garnitures de toit en acajou foncé et les lattes amovibles qu’il avait conçues et installées. Randy a ensuite confectionné une capote en toile amovible, facile à fixer et à retirer. Le sens esthétique de Randy exigeait l’installation de jantes Halibrand vintage en magnésium à 12 rayons à l’avant et des jantes à fentes à l’arrière. Par souci d’harmonie, Randy a poli les jantes à la main pour qu’elles s’accordent avec les autres éléments chromés de la voiture, notamment l’essieu avant, la suspension arrière, les tirants de suspension, les phares et les chromes du moteur. Les feux arrière proviennent d’une Oldsmobile Starfire de 1956. Parmi les autres modifications esthétiques, on note le boîtier de direction marin que Randy a adapté à ce véhicule terrestre, et la calandre d’origine de 1932. Elle a été méticuleusement découpée pour s’ajuster parfaitement à l’avant du Model T. L’intérieur témoigne du même souci du détail. Les sièges d’origine de Ford Model T ont été restaurés et retapissés, et le tableau de bord en teck est équipé de cadrans Stewart Warner. Le passage des vitesses est facilité par un levier de vitesses LaSalle modifié pour s’adapter au tableau de bord, et le volant provient d’un hors-bord Aquabird de 1956. Maintenant que le projet est terminé, Randy résume ces années de construction en ces termes : “Je conçois des Hot Rod’s sans me soucier de la réalisation finale”… Une fois le projet couché sur le papier, il travaille sur la fabrication jusqu’à atteindre ses objectifs. Cela prend du temps, des semaines, voire des mois, mais il livre le résultat tel qu’imaginé. Le but est toujours de tout faire fonctionner, quels que soient les obstacles. Allier un style radical à une mécanique fiable, tout en respectant les délais et en maîtrisant l’ingénierie, a été un véritable défi. Il est convaincu d’avoir atteint son objectif. La voiture parle d’elle-même. Je vous laisse “admirer le job”…
































