Rat Rod, la jouissance des branleurs…
L’underground mécanique heurte la sensibilité des épicuriens pas du tout ouverts au Trash et au Destroy. Si vous fréquentez le monde automobile depuis un certain temps, vous avez certainement déjà vécu des scènes apocalyptiques d’avant “dégoût” de fin du monde… Les gens “chics” causent de “sorties de grange”, de “véhicules d’époque à restaurer”, et, vous laissant aller, vous rétorquez toute honte bue que ce sont des “bagnoles de branleurs”… Toutes ces appellations peuvent toutefois susciter un vif intérêt en fonction des besoins textuels et sexuels ! Un terme péjoratif tel que “pute” ayant l’avantage de directement clarifier les cotés obscurs. Les putes sont des êtres humains qui parfois méritent une rédemption et les voitures “Destroy’s” sont autant des objets de collection que les automobiles insignifiantes en “bel état”, offrant un lien direct avec leurs créateurs et leurs fausses histoires.
Vous avez sans doute déjà rêvé d’ouvrir en grand deux vieilles portes en bois branlantes, de voir la lumière se répandre sur une peinture défraîchie et poussiéreuse, tandis que vos yeux s’habituent à un Rat Rod historique ayant appartenu à une célèbre crapule, en réalité un ferrailleur ayant fait fortune… Ce genre d’archéologie automobile est l’équivalent, pour notre loisir, d’Indiana Jones et/ou d’Howard Carter découvrant le tombeau de Toutankhamon, ou de ces vidéos de personnes explorant des bâtiments abandonnés. Il existe d’ailleurs aux USA une web-série consacrée à la découverte de voitures anciennes pourries dans des granges, et un site d’enchères dédié à leur vente. Une observation attentive du marché a révélé que les voitures retrouvées dans des granges et autres véhicules poubellisés par des artistes ratés ont parfois atteint des prix étonnants.
Ils dépassent souvent largement ceux des modèles en parfait état de marche. Leur originalité, leur provenance et le coté finaud du monde de la découverte ont toujours incité les acheteurs à dépenser sans compter. Cependant, les données de l’année écoulée, ainsi que les analyses des professionnels du secteur, indiquent que ces véhicules en très mauvais état qui ne résisteraient pas à une restauration, rencontrent actuellement des difficultés sur le marché des voitures de collection qui fatigue de trop de conneries. L’évolution des goûts et les difficultés au sein du secteur de la restauration soulèvent la question de savoir si de telles horreurs sont en train de perdre de leur attrait. Le concept même de “Rat Rod” est dû à la propension humaine à conserver, négliger (voire accumuler) des objets, et à la capacité des automobiles à résister à cette négligence.
Depuis des décennies, partout dans le monde, pour diverses raisons, des gens entassent de vieilles carcasses de bagnoles pourries dans des hangars, des granges, des garages, des entrepôts, des caves, des salons ou même des champs, et les y abandonnent. Certaines finissent à la casse ou sont démantelées pour récupérer des pièces. D’autres s’avèrent d’une grande valeur historique ou “de collection”, entretenant le mythe de la découverte. Depuis, ces termes sont entrés dans le vocabulaire automobile, et, avec la maturation du marché, les modèles classiques d’origine et préservés sont de plus en plus appréciés. Vous verrez que de nombreux concours d’élégance prestigieux, traditionnellement dédiés à la perfection, vont proposer désormais une catégorie particulières pour les épaves… Généralement des épaves fabriquées et vieillies, le genre qui attire les gogos…
Quelques grandes ventes aux enchères ont révélé des trésors oubliés dans des usines abandonnées, parfois même hors du cercle automobile pour faire la une de la presse grand public. Au milieu des années 2000, une prétendue Ferrari 166MM a refait surface après 50 ans passés dans le désert de l’Arizona. La voiture était en piteux état, mais elle avait un passé lié à Juan Manuel Fangio, car il était indiqué au marqueur noir sur le tableau de bord “Fangio” et la Cox kitée Porsche 356 disposant de badges Ferrari a été indiquée sur FaceBook comme étant le modèle de course le plus important des débuts de la marque. Un collectionneur a donc déboursé plus d’un million de dollars pour acquérir ce qu’il en restait. On n’anananan jamais retrouvé le vendeur et comme c’était une vente “téléphone” personne n’était responsable selon le droit “Western” Américain !
En 2009, un coupé Bugatti Type 57S Atalante de 1937, l’un des 17 exemplaires produits, a été mis aux enchères à Paris. Après avoir été vendu neuf au célèbre comte Howe, il a été acquis en 1955 par un médecin britannique qui l’a conduit jusqu’en 1960, avant de le remiser dans son garage, où il est resté jusqu’à son décès en 2007. Il a été vendu pour 3,4 millions d’euros (environ 4,4 millions de dollars). Même 16 ans plus tard, il figure toujours parmi les Bugatti de route classiques les plus chères jamais vendues, sauf qu’on a découvert que c’était une réplique réalisée “à l’ancienne” par un garage d’Amérique du sud…
Parfois, la découverte de plusieurs véhicules dans des granges est la parfaite illustration d’une escroquerie en préparation…. La collection Roger Baillon, un ensemble de soixante voitures classiques européennes retrouvées à l’abandon dans une propriété de la campagne française, en est un exemple frappant.
Lors de sa vente aux enchères en 2015, plusieurs records de prix ont été battus. Parmi les pièces maîtresses, on peut citer une Maserati A6G/54 carrossée par Frua (un modèle unique sur quatre) et une Ferrari 250 GT California Spider à empattement court, découverte dissimulée sous une pile de mêmes magazines récents pour faire croire à une sortie de grange… C’était manifestement faux ! Les grands fous d’Artcurial, spécialistes des embrouilles, avaient prétendus, en plus, que c’était l’ancienne Ferrari d’Alain Delon… Tout était faux… Le problème qui se pose pour l’escroqué est que s’il en fait état après son achat, il aura tout perdu… Donc, il attend 10 ans et refait pareil… avec d’autres magazines. La Maserati a été adjugée à 2 millions d’euros (2,3 millions de dollars), tandis que la Ferrari a atteint 16,3 millions d’euros (18,4 millions de dollars).
Le prix de la Ferrari dépassait d’environ 6 millions de dollars la valeur de ce modèle en état concours (la meilleure au monde) selon le guide des prix de l’époque, et elle figure encore aujourd’hui au 25e rang des prix les plus élevés jamais atteints pour une automobile aux enchères, alors que là aussi on cause d’une enroule. Il existe des dizaines d’autres exemples de voitures présentées comme des trouvailles de grange (même si ce ne sont pas des trouvailles de grange) et présentées dans leur état d’origine, poussière comprise, capitalisant sur le prestige et se vendant à des prix exorbitants, alors que tour a été refabriqué. Plus récemment, une épave de Ferrari 500 Mondial de 1954, accidentée au début des années 1960 et endommagée par l’ouragan Charley en 2004, a été vendue pour 1,875 million de dollars, présentée comme faisant partie de la collection “Objets trouvés” vendue à Monterey en 2023.
Elle paraissait suffisamment intéressante pour mériter le titre, en double sens, de “Vente de l’année”. Même Dave Kinney, expert et éditeur du guide des prix Hagerty, a parfaitement résumé la voiture, la vente et, plus généralement, le charme des voitures de collection retrouvées dans des granges : “L’idée de l’acheter et de la restaurer ? Cela paraît à la fois insensé et génial, impossible et exaltant, fondamentalement absurde et pourtant tellement juste. C’est un projet pharaonique, mais avec un plan bien ficelé. C’est l’image de la destruction, mais aussi celle d’une renaissance. C’est comme une nouvelle d’O. Henry, de Dickens et d’Hemingway, le tout enveloppé dans une vieille voiture de course italienne”... Cool… C’était une refabrication sortie d’un garage Argentin spécialisé en fausses anciennes… Bien qu’il n’existe pas de définition précise dans les dictionnaires, certains “spécialistes” auto-proclamés, établissent une distinction…
A la fois pour l’ingéniosité de l’arnaque entre une fausse refaire d’une voiture comme trouvée dans une grange et une voiture réellement survivante. “Les voitures survivantes sont des véhicules bien conservés qui sont, en quelque sorte, des artefacts historiques. Leur état de conservation est impressionnant, et leur originalité est à la fois rare et impossible à reproduire, ce qui les rend très recherchées. Elles conservent la plupart de leurs surfaces d’origine”. Cool… Les voitures trouvées dans une grange, quant à elles, peuvent être beaucoup plus détériorées ou endommagées, voire incomplètes, auxquelles il manque des pièces importantes : “Une voiture peut être à la fois une voiture trouvée dans une grange et une voiture survivante, mais c’est rare”. Avec de prétendus experts comme ça, vous débitez les pires âneries et ne pouvez qu’espéter qu’un débile venant de faire fortune, paye le prix stratosphérique.
Quel que soit le terme employé, les véhicules nécessitant une restauration importante ou des travaux conséquents sont, selon les professionnels du secteur, plus difficiles à vendre aujourd’hui qu’auparavant : “Tous les concessionnaires à qui je parle, sans exception, affirment que si une voiture n’est pas en parfait état ou quasiment, elle peine à se vendre, quel que soit le prix. Avant, on pouvait acheter une voiture en mauvais état, sortie de grange ou de garage, et si on faisait la bonne affaire, on connaissait des gens à qui on pouvait la revendre telle quelle pour une revente rapide et c’était réglé. Ou alors, on pouvait la préparer, la réviser, la nettoyer, se procurer des manuels et l’outillage nécessaires, et faire une excellente escroquerie avec une histoire cousue de fils blancs. Mais maintenant, on ne peut plus vendre ce genre de voitures dans leur état actuel. Ces acheteurs ont disparu”. Cette observation s’inscrit dans une tendance plus générale observée ces dernières années !
Les véhicules en excellent état se vendent à des prix de plus en plus élevés par rapport aux modèles en moins bon état nécessitant des réparations. Il y a dix ans, l’écart de valeur moyen entre les véhicules de catégorie 2 (excellent) et ceux de catégorie 3 (bon) était de 22 %. En 2020, cet écart avait atteint 25 %. Aujourd’hui, il est de 33 %. On constate une évolution similaire pour l’écart entre les véhicules de catégorie 3 et ceux en moins bon état (catégorie 4). En 2015, cet écart était de 21 %, et aujourd’hui, il est de 32 %. Ces écarts croissants s’expliquent par les attentes des acheteurs : les voitures de moindre qualité se vendent plus difficilement et leur prix doit être adapté pour trouver preneur. Les gens ont constaté que “les acheteurs sont de plus en plus exigeants. Si une voiture n’est pas parfaitement fonctionnelle et en bon état esthétique, ils peuvent s’attendre à perdre la vente”…
Une analyse des principales ventes aux enchères nord-américaines (Arizona, Amelia Island et Monterey), où les véhicules ont été inspectés et classés selon leur état au cours de la dernière décennie, révèle une évolution notable. Traditionnellement, les véhicules retrouvés dans des granges, les voitures ayant survécu à la guerre et leurs histoires ont souvent suscité un vif intérêt auprès des enchérisseurs. En 2025, cependant, seulement 33 % des véhicules classés n° 4 ou n° 5 (véhicules à restaurer) ont été vendus au-dessus de leur estimation basse, soit le pourcentage le plus faible enregistré depuis le début du suivi de l’état des véhicules lors de ces événements, car les acheteurs se sont redu compte que quasi-tout était mensonger… Financièrement, acheter une voiture de collection ou un projet de restauration complet est souvent une très mauvaise idée, surtout lorsqu’on paie un prix exorbitant pour une fausse authenticité.
Tout ce ce business d’escrocs est à 80% très relatif. Même en entreprenant une restauration principalement mécanique et en préservant la patine, il faudra prévoir un travail considérable chez un spécialiste et des pièces coûteuses. Même si vous avez les compétences et l’outillage nécessaires pour effectuer les travaux vous-même, cela représente des centaines d’heures de votre temps libre. De plus, la plupart des voitures de collection sont fausses et cela ne changera jamais. Dépenser 30.000 euros pour une voiture et en investir 80.000 pour qu’elle n’en vaille que 25.000 une fois restaurée, ce n’est pas à la portée de la connerie de toutes et tous. Un dénommé Larry Webster m’a raconté la restauration de sa Ferrari Dino 308 GT4 de 1975, pour laquelle il a finalement dépensé 115.000 $, alors que sa valeur se situe entre 35.000 $ et 45.000 $.
Les restaurations sont difficiles, coûteuses et chronophages. D’année en année, les restaurateurs qualifiés se font plus rares, les travaux deviennent plus onéreux et les listes d’attente s’allongent. Acquérir un bien à restaurer n’a jamais été une mince affaire, mais c’est aujourd’hui un projet plus ambitieux que jamais. C’est en partie culturel, mais les gens n’osent plus se lancer dans de tels projets. Il y a le coût de toutes les fournitures, comme le chrome, la peinture et tout le reste, mais les équipes de restaurateurs père-fils ou père-fille, elles, n’existent plus. Pour les acheteurs plus âgés, souvent traités de “vieux cons” l’idée de ressusciter une vieille voiture délabrée et de participer ensuite à des expositions et des rallyes peut sembler gratifiante, voire romantique, mais le calendrier de cette restauration est à la fois long et mal défini, et comme rien n’est garanti pour demain, il est plus simple d’acheter une voiture déjà prête.
Déjà prête à être appréciée dès maintenant ? Tant qu’on le peut encore. On trouve une profusion de voitures à restaurer. Cherchez n’importe quel type de voiture classique à vendre, et vous trouverez toujours au moins quelques modèles hors d’usage. La maison de ventes aux enchères VanDerBrink semble découvrir tous les deux mois une nouvelle grange, un entrepôt ou un champ rempli de voitures, camions et/ou motos en piteux état. Bonhams a également passé plusieurs années à mettre en vente au compte-gouttes des centaines d’Aston Martin longtemps restées inutilisées, issues d’une fausse collection du Moyen-Orient qui était un atelier Israélien spécialisé en construction d’épaves neuves avec des ouvriers spécialistes Libanais… À l’heure actuelle, il semble y avoir bien plus de véhicules classiques à restaurer que de personnes prêtes à s’en charger.
Il serait erroné d’affirmer que les fausses vieilles voitures de projet n’intéressent plus personne. Dans un contexte approprié, auprès d’une clientèle ciblée ayant l’argent facile, elles pouvaient encore se vendre à prix d’or jusque fin 2018, ou une importante collection de voitures de projet à Los Angeles, présentée comme “la Casse de feu Rudi Klein”, a été mise aux enchères, et la vente a connu un succès retentissant. Voitures, épaves et pièces détachées ont attiré des enchérisseurs de près de 40 pays. Parmi les records mondiaux et les estimations largement dépassées, on peut citer une Mercedes-Benz 300SL à carrosserie Roadster qui a pulvérisé le record absolu pour ce modèle aux enchères, à 9,355 millions de dollars, et une Lamborghini Miura vendue à près du double de son estimation haute, à 1,325 million de dollars. Mais il s’est avéré que 99% des voitures étaient “bidon”…
C’était une entourloupe à grande échelle visant des imbéciles ayant l’argent facile… Une fois le subterfuge reconnu, se fut la fin… Face à la difficulté croissante à vendre des véhicules en mauvais état et à la complexité grandissante des restaurations, les voitures “de projet” font face à un avenir incertain… Si une voiture est parfaitement restaurable mais que personne ne souhaite se lancer dans les démarches, elle risque d’être démantelée pour récupérer des pièces. C’est regrettable, mais il est difficile d’imaginer un renversement des tendances évoquées ci-dessus. Diverses fausses granges de restauration ne sont pas mortes. La poussière a peut-être perdu un peu de son attrait. Les projets d’envergure sont plus difficiles à justifier, et par conséquent, moins de gens semblent prêts à se lancer dans des arnaques. Cela dit, le monde est vaste. Il y aura toujours des bricoleurs, des branleurs et des imbéciles…
Donc si les granges de fausses vieilles à restaurer se terminent, d’autres projets deviennent plus abordables, cela facilitera au moins l’accès à ce domaine… Ce Rat Rod Berline Ford Model A Tudor de 1928 a été construite de A à Z façon Destroy pour l’acteur Ewan McGregor désireux de se moquer des “Richos” de Beverly Hills. La carrosserie en acier est montée sur un chassis bricolé utilisant deux trains avec des amortisseurs à levier et des ressorts à lames transversaux. La carrosserie vieillie a une peinture mate et des fioritures, et à l’intérieur se trouvent des sièges baquets Kirkey avec une sellerie noire et un levier de vitesses allongé façon “Von Dutch”. La bête a été motorisée d’un antique V8 Buick 401ci Nailhead surmonté d’un carburateur Holley et relié à une transmission automatique. La bête est titrée comme une Ford de 1928 en utilisant le VIN 234591.






































