Boot Hill Express…
En me rendant chez mon libraire, ce matin, j’ai pu voir un graffiti sur un mur : “Travaille, emprunte, consomme, crève”, était-il écrit.
Un tag anodin, d’autant que je ne saurais dire depuis combien de temps il était sur ce mur.
Loin de toutes les questions de respect du droit de propriété d’autrui, la première réflexion qui m’est venue portait sur l’incroyable contrainte que l’auteur a voulu révéler quant au système capitaliste : “Consomme”…
Ce mot me hantait…, le libéral que je suis ne comprenait pas comment autant de violence pouvait ressortir d’une idée qui, pour moi, était synonyme de liberté et de respect de la nature humaine…, loin de m’en laver les mains comme j’aurai pu le faire en évoquant un jeune adolescent déphasé, j’ai recherché comment le capitalisme a pu faire naître un tel contresens.
Toute la journée, j’ai repensé à mes cours d’économie, mes recherches personnelles, mes lectures de philosophie, mes cours de droit : “Consomme”…
Ce mot était devenu mon fil d’Ariane.
La société de consommation est un ordre social défini par les antilibéraux et notamment le postmoderne Jean Baudrillard dans son ouvrage éponyme de 1970…, cette société serait fondée sur la stimulation permanente et abondante de l’acte d’achat de biens inutiles et éphémères.
Elle a pourtant émergé de concert avec l’application des politiques keynésiennes des Trente Glorieuses, comme l’État-providence et les politiques de relance…, loin d’être le fruit du capitalisme libéral fustigé par la démagogie de l’extrême-gauche, la société de consommation est en effet le produit naturel du keynésianisme.
Bien souvent, les déambulations consuméristes vous projettent dans le passé…, le consumérisme est une forme de capitalisme née de la rencontre du fordisme avec le keynésianisme de Roosevelt et qui a donné naissance à “l’american way of life”…, contrairement au modèle industriel de la vieille Europe, fondé sur le productivisme, il suppose l’augmentation du pouvoir d’achat des salariés pour les inciter à consommer…, c’est le triomphe du marketing : vendre n’importe quoi à n’importe qui.
Ce modèle qui détourne tous les désirs du consommateur vers les objets de consommation se développe tout d’abord de manière heureuse (c’est le plein emploi) mais il se transforme rapidement en machine à détruire la libido…, alors règne la consommation addictive fondée sur la satisfaction immédiate des pulsions.
Le résultat est que la société de consommation ne devient plus productrice de désirs mais de dépendances.., c’est un modèle dangereux : le consommateur y devient malheureux comme peut l’être le toxicomane qui dépend de ce qu’il consomme mais déteste ce dont il dépend…, d’où une frustration grandissante et des comportements qui inquiètent comme la destruction de la structure familiale, la peur des adultes à l’égard de leurs propres enfants ou une déprime généralisée.
Le consumérisme s’était aussi l’utilisation dans les années 50′ et 60′ des Hot-rod’s et Custom-car’s pour en vendre des modèles réduits aux enfants et adolescents….
Avant de plonger sans scaphandre dans le Web pour vous en conter, je veux attirer votre attention sur le fait que les automobiles extraordinaires chroniquées, sont si rares et inconnues de la masse, que chaque instant passé à en découvrir plus afin de ne pas me contenter d’une légende-photo…, me le fait regretter…
Les documenter demande une patience et une abnégation qui frise la folie ce qui mériterait d’être canonisé en grande pompe…, en effet, je conserve certains de ces sujets géniaux dans mes archives sans savoir si j’aurais le temps de les publier…, parfois je me maudis de ne pas le faire plus souvent, mais bien plus souvent je me félicite (tout en sirotant un Mojito) de ne plus le faire si souvent…, mais que pouvez-vous faire, dans ces deux seuls cas…?
Si ce n’est pas de la paresse, c’est l’envie, voire le besoin de vivre !
Même si l’interweb n’est pas rempli d’informations et de photos de cette création folle qu’est le “Boot Hill Express”, j’ai réussi, avec mes archives chromes&flammes à rassembler de quoi vous en offrir une lecture agréable (peut-être même complète), considérant le fait qu’il n’y a pas besoin de mâcher et de cracher des mots.
Pour les dizaines voire les centaines de milliers de fans de voitures personnalisées, Hot-Rods et Custom-Cars, qui ont grandi durant les années ’50 et ’60, Ray Fahrner en a créé certaines des plus impressionnantes et des plus radicales de tous les temps.
Ray Fahrner, qui est décédé en 2005, est apparu dans la scène du Customizing, pour la première fois, à la fin des années 1950 avec son Ford Roadster Pickup 1932 révolutionnaire surnommé “l’Eclipse”, qui a réussi à combler le fossé croissant entre les véhicules “Kustom” façon Georges Barris et les Hot-Rod’s.
Une fois connu du public, “Fahrner’s Independence”, atelier de construction, carrossier et magasin custom, basé dans le Missouri, a persévéré à repousser les limites de la création déjantée du design des voitures personnalisées, avec son travail reflétant la créativité débridée et expérimentale.
En 1967, Fahrner a accompli ce que beaucoup croient être sa création ultime, le scandaleux “Boothill Express”, un corbillard de funérailles déjantées, qui, dans sa version originelle, était un chariot d’enterrement en bois des années 1850 tiré par des chevaux… fabriqué par la société Cunningham de New York…, qui aurait transporté Bob Younger, membre du James Gang, sur la fameuse “Boot Hill”.
Doté de moulures sculptées, de dorures et d’une ornementation fantasque, comprenant un ensemble de lampes en laiton datant de la fin du 18ème siècle, le corbillard est équipé de tout l’équipement funéraire approprié, y compris des rideaux de velours à pampilles et les rails destinés à accueillir le cercueil.
La suspension rigide chromée de style gasser, dispose du système de direction simpliste mais efficace d’une Volkswagen Beetle de 1963…, à l’arrière, une paire de ressorts à lames elliptiques supporte un essieu rigide d’une Ford 1948… et une paire de freins à tambour complète les seules caractéristiques utiles…
Le moteur est un Chrysler Hemi V8 de 426ci surmonté d’une injection Hilborn, avec des tuyaux d’aspiration d’air qui dépassent du haut du corbillard…, tandis que huit tuyaux acheminent les gaz d’échappement usés vers l’arrière du véhicule.
Une robuste transmission automatique (à commande électrique par boutons-poussoirs) Chrysler A-727 TorqueFlite, gère la puissance du moteur, tandis que le “râteau” agressif de la voiture est fourni par une paire de roues avant à 10 branches ET, des roues Cragar S/S plus hautes et plus larges équipées de pneus Goodyear Blue Sleak slicks, à l’arrière…, les autres caractéristiques comprennent un volant type Ford Modèle T, un accélérateur hydraulique Moon, un réservoir de carburant de type canister, ainsi qu’un groupe d’instruments équipé de jauges Stewart-Warner.
Après son achèvement, le “Boothill Express” a fait partie de l’exposition itinérante “Boothill Caravan” de Ray Fahrner, qui a fait le tour des dragstips et des circuits automobiles à travers les USA à la fin des années 1960, enthousiasmant de nombreux spectateurs…, ce qui était le but réel recherché, afin qu’ils achètent les modèles réduits plastiques à assembler de la marque Monogram…
Que du consumérisme à l’américaine, donc…