Tractatus Logico-Philosophicus…
Un oxymore ou oxymoron, est une figure de style qui vise à rapprocher deux termes que leurs sens devraient éloigner, dans une formule en apparence contradictoire, comme : “Une obscure clarté” (Corneille) ou “La lumière noire” (émise par les lampes de Wood). Ce mot vient du grec ὀξύμωρος (oxymôros), terme de rhétorique se traduisant par “Une ingénieuse alliance de mots contradictoires”. L’oxymore permet de décrire une situation ou un objet, voire un personnage de manière inattendue, suscitant ainsi la surprise, exprimant ce qui est inconcevable et créant une nouvelle réalité poétique absurde…
La question “Peut-on parler pour ne rien dire ?” soulève de nombreuses réflexions car parler est un acte de communication qui suppose un échange d’informations, d’idées et d’émotions. Mais “Pour ne rien dire” implique-il un discours vide de sens, de contenu ou d’intérêt ou bien cela se réfère-t-il à une parole qui n’apporte rien de nouveau, qui ne fait que répéter ce qui a déjà été dit ? Et si on y ajoute “Ecrire pour ne pas être lu” on entre dans la signification de la négation de la communication, la transmission d’informations, d’idées ou d’émotions dans le vide.
Dans ce cas, tout est vide de sens et n’a pas de véritable fonction communicative. C’est ce que Wittgenstein exprime dans son “Tractatus Logico-Philosophicus” lorsqu’il affirme : “Ce dont on ne peut parler et écrire, il faut le taire et le laisser disparaitre”. Enfin, ces deux expressions peuvent signifier : “Le sans intérêt”, de qui ne lit pas vraiment et n’écoute pas, mais survole, c’est ce que Nietzsche critique caricaturalement dans “Ainsi parlait Zarathoustra” quoiqu’il dénonce les discours vides et sans substance des prêtres et des moralistes.
Tout cela à des implications éthiques et sociales importantes. C’est ce que Kant aborde dans “Critique de la raison pure” lorsqu’il dénonce les discours vides de sens des métaphysiciens. Il y a aussi dans ce fatras, une forme d’aliénation car en parlant ou écrivant sans intérêt, toute véritable communication est coupée. C’est ce que Sartre critique dans “L’Être et le Néant” lorsqu’il dénonce l’aliénation de l’homme dans la société moderne…Parler pour ne rien dire et écrire pour ne pas être lu a également des conséquences psychologiques engendrant de la frustration.
C’est ce que Freud analyse dans “L’Interprétation des rêves” lorsqu’il étudie les mécanismes de la frustration et de la déception… et c’est ce que Kierkegaard analyse dans “Le Concept de l’angoisse” lorsqu’il étudie les mécanismes de l’ennui et de la monotonie… Enfin, cela peut engendrer de l’indifférence. C’est ce que Baudrillard analyse dans “La Société de consommation” lorsqu’il étudie les mécanismes de l’indifférence et de l’apathie… Parler pour ne rien dire et écrire pour ne pas être lu est une notion complexe qui soulève de nombreuses questions philosophiques, éthiques et psychologiques.
Mais cela peut être assimilé à une forme de tromperie, de gaspillage ou d’aliénation, il est également possible de défendre l’idée que cela a toutefois une certaine pertinence dans la communication humaine. En fin de compte, la question n’est peut-être pas de savoir si l’on peut parler pour ne rien dire et écrire pour ne pas être lu,, mais plutôt de savoir quand et comment le faire car c’est une compétence sous-estimée mais tellement utile. Oui, oui, oui, c’est même un art subtil que l’humanité a affûté depuis la nuit des temps.
Bien sûr, certains le pratiquent sans entraînement, à l’état brut, avec une grâce toute naturelle. Surtout en période électorale ! Mais là est une autre histoire. D’autres, moins chanceux, doivent encore bosser un peu leur technique du “discours creux” et du “bavardage inutile”. Alors pourquoi diable suis-je ici à 2h28 de ce vendredi 11 juillet 2025 à m’embarquer, à Saint-Tropez, entre “Chez Brigitte” et “Chez Bernard” à tapoter de texte que j’illustre de tracteurs Steampunk authentiquement anciens qu’on ne sait voir qu’au Royaume de la Perfide Albion…
J’adore décortiquer les bizarreries tout en aidant les mots à ne pas partir en vrille… Sauf quand c’est volontaire, car évidemment que les paroles en l’air, les discours creux et autres cascades verbales et/ou manuscrites, contribuent à tisser ou à flinguer les liens asociaux ! Installe-toi confortablement mes Popus. C’est parti pour un grand moment de remplissage assumé ! Avouez sans honte que vous avez déjà aligné trois phrases vides de sens juste pour éviter un silence gênant ? Oui… C’est quasiment une fonction sociale car le vide est un moyen tout à fait humain de rassurer les autres.
Ces “autres vous-mêmes” sont généralement incapables de trouver une phrase digne de Shakespeare… En somme, cela permet d’huiler les rouages de la relation humaine. C’est une vraie compétence d’improvisation pas éloignée de la poésie, mais avec des mots qui flottent au lieu de rimer. C’est donc de la communication vide aux discours creux, où les mots dansent sans but À première vue, communication vide et discours creux sont les ennemis jurés de toute conversation digne de ce nom. Pourtant ces phénomènes linguistiques ont leur utilité.
C’est un peu comme les plantes vertes dans les bureaux : on se doute qu’elles ne servent pas à grand-chose, mais sans elles, l’ambiance serait quand même sacrément déprimante. Quant aux discours creux, c’est un peu comme offrir un paquet-cadeau vide : l’essentiel, étant l’emballage. Du vocabulaire bien choisi, des tournures élégantes, et hop, l’illusion est parfaite, c’est tout un art d’aligner autant de mots sans dire quoi que ce soit de concret. Beaucoup essaient, mais peu réussissent. Respect éternel aux maîtres du genre tel Macron, impérator de la Franchouille.
Les mauvaises langues que je soupçonne d’avoir raté leur dernière séance de bavardage inutile, prétendent que lâcher des paroles en l’air serait une perte de temps monumentale, mais que serait la vie sans ces petits riens qui ne mènent nulle part mais qui font sourire, réfléchir ou lever les yeux au ciel ? Lâcher quelques paroles sans but précis peut désamorcer bien des situations tendues, il faut parfois mieux parler de pluie et de beau temps que de finir en duel à l’ancienne. Par ailleurs, il ne faudrait pas oublier qu’aucune relation humaine n’a jamais survécu uniquement grâce à des débats philosophiques…
Ouiiiii, fussent-ils de haut vol. Si c’était le cas, Platon aurait eu son émission de téléréalité. Finalement, reconnaître l’utilité cachée des paroles en l’air, c’est aussi reconnaître que nos vies sont faites de petits riens du quotidien. Et si l’on veut être tout à fait honnête (et un peu poète), ces petits riens forment souvent nos plus jolis souvenirs. À force de pratiquer l’art de parler pour ne rien dire (avec un niveau que je qualifierais personnellement de respectable, voire professionnel) et d’écrire pour ne pas être lu, j’ai fini par attirer plus de 200.000 internautes abonnés avides de me lire.
Et ce, à défaut de pouvoir m’écouter car on ne me trouve nulle part ou aller donc revenir… L’angoisse du silence n’est pas une légende urbaine? Loin de là? Elle est vécue, subie, combattue, parfois même transpirée dans toutes les réunions où l’on sort des banalités météo dès que le silence fait mine de s’installer. Parler pour combler le vide, c’est souvent parler pour combler un vide intérieur : une gêne, un doute, n’est-ce pas profondément humain ? De plus la propension aux discours creux révèle le besoin d’appartenance.
Faire partie d’un groupe, c’est dans l’imaginaire des gens, partager de grandes idées qui se résume à partager un débat passionné sur l’intérêt du pliage en triangle du papier toilette. Ne riez pas car dans ces moments, des amitiés se créent, des alliances sont forgées, des guerres sont évitées (Enfin, presque)… De manière générale, il a été observé que la communication vide aide à maintenir les relations légères et fluides. Parce que tout le monde n’a pas envie de philosopher sur le sens de la vie au rayon fruits et légumes.
Enfin, reconnaissez que parler pour ne rien dire et écrire pour ne pas être lu, c’est aussi une stratégie de survie dans un monde où le silence est souvent mal vu, mieux vaut parfois aligner quelques paroles en l’air que de laisser penser qu’on n’a rien dans la tête… Admirez l’artiste que je suis, tout ce texte pour ne rien communiquer sur les tracteurs Steampunk… Une prouesse… Et cela mine de rien, d’un ton badin…Parce qu’écrire, c’est une discipline sérieuse et parfois un numéro d’équilibriste, un peu comme jongler avec des œufs….
Concrètement, mon métier consiste à assembler du vide pour qu’il ait du sens, du relief. Sans devoir servir une soupe de communication vide ou mon lectorat abonné se noie avant d’avoir fini la première ligne de chaque article. Je donne aux mots une double mission, ils doivent séduire mes internautes/lecteurs humains abonnés, et séduire les robots de Google qui, eux, n’ont aucun humour et ne servent qu’à créer du référencement sur les moteurs de recherche. Pendant que vous parlez de rien, vous ne faites pas de découvertes extraordinaires, pas plus que vous ne parlez de sujet potentiellement épineux !
Mais vous répercutez en vous plaignant ou en vous confiant. Sans ces discussions banales, il n’existerait pas cette culture des discussions inutiles. Le grand Oscar Wilde disait “Parler du beau temps est le dernier refuge des gens sans imagination”... La schizophrénie météorologique se heurtant au “Ca va ? Non, ça va pas bien du tout !”... Les Français pratiquent la banalité depuis Marie-Antoinette, ainsi que l’art de la prise de parole vide de sens en public, à son apogée sous le mandat de Nicolas Sarkozy, comme un sport national.
La seule variation acceptée est d’informer votre interlocuteur de votre mauvaise santé ou de vos doléances. Puis vous pouvez recommencer à parler de tout et de rien… “Je dis ça, je dis rien, ouais mais non, c’est la vie” constituent notre vivier linguistique de banalités de même que : “Je n’ai pas d’argent, il pleut, il fait sombre, c’est trop froid, court c’est trop chaud” et le fameux “Je ne parle pas aux inconnus” » est LA phrase toute faite récitée à l’infini… Voilà… Je vous invite à regarder la vidéo de Raymond Devos, chef d’orchestre de l’absurde…




































