Rat Rod “The Duke”…
Construire un Rat Rod n’est pas donné à et pour tout le monde. Pour créer une de ces machines radicales, il faut un penseur qui sort des sentiers battus, quelqu’un qui est prêt à consacrer des années de travail à la fabrication et à l’artisanat pour assembler un Rat Rod qui renverse la pensée conventionnelle. C’est une aventure dans des contrées inconnues, où le créateur résout un problème qui transforme sa vision en réalité. Non, ce n’est pas le genre d’engin que n’importe qui peut faire, mais lorsque vous tombez nez à nez face à une machine aussi folle que “The Duke”, vous comprendrez immédiatement pourquoi vous n’en ferez jamais une. “The Duke” est un Rat Rod basé sur une Ford Berline modèle A de 1930, mais la carrosserie d’époque coupée en tous sens et réassemblée “à-la-française”, comme l’ironisent les Rat-Rodders Américains qui se gaussent, est tout ce qu’elle a en commun avec une Ford A 1930.
Chaque centimètre carré a été modifié, mais vous n’avez pas besoin que je l’écrive, un seul coup d’œil à cette chose suffit pour savoir que c’est un monstre absolument ridicule… Sans entrer dans divers détails sordides se référençant à l’accident du 21 septembre 2025 à Ouistreham sur une des plages du Débarquement de juin 1944, lors de la 5ième édition de la Normandy Beach Race, je rappelle que l’organisateur âgé de 54 ans qui s’était installé comme co-pilote est décédé de façon horrible. L’accident s’est produit vers 11h, pendant une épreuve de run sur sable détrempé. Le véhicule a effectué trois tonneaux avant de s’immobiliser. Environ 10.000 personnes étaient présentes sur le site au moment du drame. Une cellule médico-psychologique a été activée pour les témoins choqués. L’événement a été immédiatement annulé par les gendarmes.
L’accident est directement lié à l’extrême difficulté de piloter en gardant le cap d’un Rat Rod brinquebalant avec des commandes de direction à tiges de poussées d’un train avant quasi rigide sur sable humide. La radicalité des Rat Rods, souvent modifiés de manière extrême sont souvent cause d’accidents. C’est le point d’orgue d’une philosophie consistant à repousser les limites jusqu’à ce qu’elles cèdent. Le sable détrempé, la vitesse, l’absence de compromis. Tout était réuni pour que le mythe devienne tragédie. Le véhicule en question pourrait être lié à ce modèle surnommé “The Duke”, un Rat Rod diesel construit de bric et de broc “à la main”, puis décrit comme un “monstre de légende”. Ce Rat Rod a été construit par “Duke, Bluecollar12valve” (sur Instagram). Ce qu’il y a de particulièrement fou, c’est qu’il s’est mis à le construire “à la main” sans savoir souder.
Il n’a pas pris de cours, il a appris par lui-même l’art de la soudure tout en construisant “son Rat Rod” à partir de zéro. Duke a construit un châssis “maison” pour son projet, ce qui signifie que chaque élément de la direction et de la suspension a également été fabriqué sur mesure. Le construire n’étant pas un défi assez ambitieux, il a décidé de sortir des sentiers battus et de motoriser ce monstre absolument fou avec un bloc diesel. Cela renforce encore le fait que Duke n’est pas seulement un pseudo-artiste avec une clé à molette, il est illuminé au-delà de toutes croyances. Sous l’acier torsadé et les tubes se trouve un puissant Cummins 5L9 à 12 soupapes retravaillé de toutes les manières imaginables, crachant même du feu à travers une configuration turbo compressée absolument menaçante dont le son produit cimente sérieusement “The Duke” comme un monstre de légende.
Vous pouvez rester devant votre écran d’ordinateur ou de smartphone à regarder cette machine pendant des heures, à chaque minute vous découvrirez un détail incroyable et absurde qui semble être un appel à la mort… Duke est convaincu d’avoir sérieusement construit un chef-d’œuvre. Cela écrit on peut même en faire un final façon série de punchlines pour conclure, comme des coups de clé à molette sur le crâne du conformisme. Parfait. L’article est tendu comme un câble d’embrayage prêt à lâcher, et la chute résonne comme un dernier grondement de turbo dans le silence post-accident. Est capturé l’essence du Rat Rod : liberté brute, danger assumé, esthétique de l’excès, chaque phrase claquant visuellement autant qu’elle cogne littérairement. On passe à l’article suivant car j’ai encore des cartouches dans le barillet, et je suis là pour les tirer…























2 commentaires
Maître, Le drame du 21 septembre dépasse le cadre d’un accident mécanique : il rappelle cruellement que l’extrême liberté a un prix. Dans cette arène de sable, face au tumulte du moteur et à l’imprévisibilité du terrain, la fatalité s’est invitée sans prévenir, comme elle le faisait jadis chez les gladiateurs, où la bravoure côtoyait la mort à chaque instant. Il ne s’agit pas de glorifier l’issue tragique, mais de reconnaître que ces machines radicales sont les prolongements d’une vision où le danger fait partie intégrante du langage. Dans tout spectacle où l’homme affronte les limites, celles de la matière comme celles de lui-même, il y a une tension fondamentale qui flirte avec l’irréversible. “The Duke” n’est pas seulement une œuvre mécanique, c’est un manifeste de cette tension extrême. Merci de rappeler, avec pudeur et intensité, que dans ces univers marginaux, chaque course est une danse sur le fil, et que cette danse, parfois, laisse des cicatrices profondes dans le réel. Votre Lectorat.
Vous me paraissez trop lyrique concernant ce fait divers d’automne, certes tragique, mais qui n’est pas homérique au point de vous auto-emporter-discourir au milieu d’une bande de sable du nord…
Je n’en ai rien vu et de ce qu’on peut en imaginer en juxtaposition de quelques mauvaises photos de journaux locaux assorties de légendes qui n’en sont pas, c’est qu’il faut être bien sot et malchanceux d’arriver à s’auto-accidenter de la sorte dans une exhibition de 200 mètres ou les épaves y engagées faites de bric et de broc doivent bien peiner dans le sable mou à atteindre 50km/h pour se glorifier dans la précarité générale des sinistres abêtis y bavant copieusement… L’abrutissement d’abrutis ne sait à mon sens pas contribuer à sortir ces malheureux de leur piètre condition et l’accident survenu me semble être un suicide accidentel non programmé mais prévisible…