Bill Mitchell Pontirrari Pegasus-Daytona V12 365GTB
La plupart des passionnĂ©s de voitures connaissent Pontiac pour ses classiques musclĂ©es comme la GT0, la Firebird et la Trans-Am, qui ont dĂ©fini une gĂ©nĂ©ration d’amĂ©ricaines performantes. Mais enfouie profondĂ©ment dans les archives du dĂ©partement design de GM se trouve une Pontiac Firebird quasi inconnue motorisĂ©e par un V12 Ferrari Colombo 365 GTB/4. Construite au dĂ©but des annĂ©es’70 en tant que concept-car unique, la Pontiac surnommĂ©e PĂ©gasus est l’Ĺ“uvre de Bill Mitchell qui voulait expĂ©rimenter une expĂ©rience de conduite complètement diffĂ©rente de celle de n’importe quelle Pontiac V8 jamais produite pour dĂ©montrer que la mise en Ĺ“uvre chez Pontiac d’un V12 amĂ©ricain permettrait Ă GM de contourner les montagnes de difficultĂ©s diverses rencontrĂ©es par Ford et Shelby pour battre Ferrari en course sur le circuit des 24h du Mans… La Pontirrari PĂ©gasus visait la commercialisation d’une Pontiac de haut niveau, une opĂ©ration moins complexe que d’oeuvrer comme Ford et Shelby pour rĂ©aliser une GT-40 type Le Mans disposant de rĂ©fĂ©rences de course et de Grand-Tourisme, mais se vendant très cher au compte-goutte…
La Pegasus est donc basiquement une Pontiac Firebird 1970, disposant d’un V12 Ferrari et de diverses modifications de carrosserie permettant que “le produit fini” ressemble juste Ă ce qu’il faut d’une Pontiac Firebird mais avec divers Ă©lĂ©ments caractĂ©ristiques des Ferrari Daytona 365GTB/4. Les concepteurs ont remodelĂ© l’avant pour ressembler Ă la disposition de la calandre Ferrari et ils ont ajoutĂ© des entrĂ©es d’air “partouze” tout en adaptant l’arrière dans une continuation. La queue comportait un Ă©clairage personnalisĂ© et une lunette arrière enveloppante similaire Ă celle de la Ferrari et les divers panneaux de carrosserie martelĂ©s “Ă la main” ont permis d’obtenir un aspect plus raffinĂ© et sculptĂ©. Tant qu’Ă faire dans la copie, des jantes Ă rayons Borrani complĂ©taient la posture gĂ©nĂ©rale d’inspiration europĂ©enne, tandis que des touches intĂ©rieures comme un volant Ferrari et des compteurs Veglia (italiens) renforçaient le thème d’un design transcontinental. Sans ĂŞtre une copie et en limite de plagiat, malgrĂ© ses racines Pontiac, la Pegasus avait l’air et la sensation de “quelque chose” de beaucoup plus internationalement “Ferrareste”…
En ces temps lointains, Bill Mitchell dirigeait le dĂ©partement de conception de GM pendant l’une de ses pĂ©riodes les plus crĂ©atives et les plus compĂ©titives. En tant que vice-prĂ©sident du design de 1958 Ă 1977, il a supervisĂ© le dĂ©veloppement de vĂ©hicules emblĂ©matiques comme la Corvette Stingray de 1963 et la Chevrolet Camaro de 1970. Mais comme Bill Mitchell avait aussi un goĂ»t personnel pour les voitures exotiques, en particulier lorsqu’il s’agissait de voitures de sport europĂ©ennes, cette passion a plus que discrètement influencĂ© certaines des expĂ©riences de conception les moins conventionnelles de GM, dont beaucoup n’ont jamais passĂ© les examens internes. Au sein de la structure d’entreprise conservatrice de GM, les idĂ©es radicales sont souvent restĂ©es cachĂ©es, souvent Ă la demande expresse des avocats pressentant qu’aller trop loin en utilisant de vrais Ă©lĂ©ments Ferrari pouvait amener des troubles financiers insurmontables. Les budgets d’ingĂ©nieries prĂ©fĂ©raient se concentrer sur les besoins du marchĂ© de masse, fief de la GĂ©nĂ©ral Motors et de Ford. De plus, les projets jugĂ©s trop expĂ©rimentaux recevaient rarement l’attention du public amĂ©ricain.
Mitchell, cependant, avait Ă la fois l’autoritĂ© et la confiance nĂ©cessaires pour poursuivre des projets parallèles sous le radar , en faits, les faisceaux des radars de l’entreprise. En utilisant la division des projets spĂ©ciaux de GM, il a estimĂ© se couvrir des sceaux et des secrets… et a Ă©laborĂ© un concept-car unique qui fusionnait une muscle-car amĂ©ricaine avec des performances italiennes. Cette voiture est devenue la Pontiac Pegasus V12 Concept de 1971, surnommĂ©e par les ouvriers et employĂ©s : la Pontirrari… Bill Mitchell, chef du design de GM, avait un fort intĂ©rĂŞt personnel pour les voitures de sport europĂ©ennes et a utilisĂ© son influence pour donner discrètement le feu vert Ă des projets passionnĂ©s et la Pegasus Ă©tait en tĂŞte de liste. La politique interne de GM mettait gĂ©nĂ©ralement de cĂ´tĂ© les concepts non conventionnels, mais Mitchell a contournĂ© toutes les limites en utilisant la division des projets spĂ©ciaux. Au cĹ“ur de la Pontiac Pegasus battait donc le moteur V12 Ferrari Colombo d’une 365 GTB/4 Daytona accidentĂ©e. Ce V12 de 4,4 litres Ă 60 degrĂ©s produisait 352cv Ă 7500 tr/min et utilisait six carburateurs Weber pour offrir une rĂ©ponse “correcte” Ă l’accĂ©lĂ©rateur ainsi qu’une large plage de puissance.
Bill Mitchell Ă©tait plus que satisfait d’avoir obtenu ce moteur cumulant le raffinement, la prĂ©cision et la puissance avec des caractĂ©ristiques distinctement europĂ©ennes, permettant d’allier l’attrait Ă©motionnel de l’ingĂ©nierie italienne au punch coup de poing du design amĂ©ricain. Pour lui, aucun groupe motopropulseur “domestique” ne pouvait Ă©galer le son ou la sophistication d’un V12 Ferrari. Sur ce point, il mĂ©sestimait totalement l’envoutement des V8 amĂ©ricain sur “son” public… La disposition compacte du moteur et sa nature Ă haut rĂ©gime crĂ©aient en effet un contraste malvenu et choquant en comparaison des gros V8 traditionnels de Pontiac. Lorsque la Pegasus a Ă©tĂ© construite pour la première fois, GM a poussĂ© l’ignominie trop loin en associant le moteur Ferrari V12 Ă une transmission automatique Turbo-Hydramatic 400… L’utilisation de la boĂ®te de vitesses automatique permettait toutefois une meilleure compatibilitĂ© et un meilleur rĂ©sultat d’ensemble avec le châssis de la Firebird qui n’avait pas Ă©tĂ© conçu pour la disposition transaxle de Ferrari. Cependant, la boĂ®te de vitesses automatique attĂ©nuait la rĂ©activitĂ© naturelle du moteur Ferrari.
Les conducteurs/essayeurs GM n’ont pas pu explorer pleinement le potentiel, qui culminait Ă environ 7.700 tr/min. Peu de temps après, les services d’ingĂ©nierie et de dĂ©veloppement “ont mordu la balle” et sont passĂ©s Ă la boĂ®te de vitesses manuelle Ferrari Ă 5 rapports d’origine. Les ingĂ©nieurs ont modifiĂ© le tunnel de transmission et reconfigurĂ© le groupe motopropulseur pour accepter l’essieu trans-Ferrari mariĂ© Ă l’essieu arrière GM posi-traction… Cela a considĂ©rablement amĂ©liorĂ© les performances et restaurĂ© le caractère “Italien” du moteur. Cette dĂ©cision a non seulement rendu la voiture plus attrayante Ă conduire, mais a Ă©galement alignĂ© l’expĂ©rience de conduite avec la dynamique de conduite Ferrari que Mitchell admirait en secret. En fin de compte, la combinaison moteur-transmission a donnĂ© Ă la Pegasus son identitĂ© unique de quelque chose de plus raffinĂ© qu’une Muscle-Car, mais toujours indĂ©niablement puissante, sans avoir le cotĂ© crĂ©atif des carrosseries italiennes. MalgrĂ© son caractère unique, Pontiac n’a jamais eu l’intention de produire la voiture en sĂ©rie. Et mĂŞme, le projet dĂ©rangeait car pouvant crĂ©er de sĂ©rieux problèmes en Justice…
Il s’agissait donc officiellement d’un exercice de conception et d’ingĂ©nierie offrant un aperçu des capacitĂ©s d’ingĂ©nierie de GM et de la volontĂ© d’adopter une collaboration intercontinentale avec Ferrari… C’Ă©tait partiellement faux car Ferrari avait approuvĂ© cette affaire, convaoncu que pouvoir s’associer acec GM serait “un plus”… C’Ă©tait donc partiellement faux et tout aussi partiellement crĂ©dible, donc inattaquable juridiquement et journalistiquement pour les deux parties, quoique limite… La Pegasus Ă©tait en rĂ©alitĂ© bien plus qu’un concept-car, c’était la dĂ©claration de design personnelle de Bill Mitchell. Il a utilisĂ© ce projet pour exprimer ses idĂ©es sur ce que pourraient ĂŞtre les futures voitures de performance de GĂ©nĂ©ral Motor. En tant que chef de la conception de GM, Mitchell avait dĂ©jĂ souvent mis ses Ă©quipes au dĂ©fi de repousser les limites, et la Pontiac Pegasus lui a donnĂ© un moyen de le faire “en mĂ©tal et en mouvement”. Son attachement Ă la voiture se manifestait par la frĂ©quence Ă laquelle il la conduisait. Contrairement Ă la plupart des concept-cars qui disparaissent dans les rĂ©serves, la Pegasus a suivi Mitchell jusqu’à sa retraite en 1977.
GM lui a accordĂ© le rare droit d’emporter la voiture avec lui (avec obligation de la rĂ©cupĂ©rer Ă son dĂ©cès), un privilège qui n’a presque jamais Ă©tĂ© accordĂ© aux autres dirigeants Ă la retraite. Il a continuĂ© Ă la conduire longtemps après avoir quittĂ© GM, et un rapport bien connu le place au volant lors d’un accident Ă la “Road America” dans le Wisconsin. Après le dĂ©cès de Mitchell en 1988, le Pegasus est donc retournĂ©e contractuellement chez GM pour faire partie de la collection Heritage de GM implantĂ©e au Michigan. Aujourd’hui, la voiture est toujours conservĂ©e en papier dans les archives de GM et en vrai dans la collection Heritage. Elle apparaĂ®t rarement lors d’évĂ©nements publics, mais la PĂ©gasus Ă©merge parfois pour des expositions spĂ©ciales. Chaque apparition offre l’occasion d’étudier l’expĂ©rience rare d’une Muscle-Car Pontiac Firebird propulsĂ©e par un V12 Ferrari 364/GTB de Daytona… La Pegasus de 1971 capture un moment oĂą le meilleur concepteur de GM a regardĂ© au-delĂ de Detroit et a empruntĂ© au livre de jeu de l’Europe. Il s’agit toujours d’un rappel audacieux de ce qui se passe lorsque des idĂ©es de diffĂ©rentes traditions automobiles se rencontrent en une seule.
Bill Mitchell a peut-ĂŞtre occupĂ© le meilleur emploi que l’industrie automobile ait jamais offert. En tant que directeur du design de General Motors, il a succĂ©dĂ© Ă Harley Earl, qui a sans doute inventĂ© le style automobile AmĂ©ricain et a passĂ© sa carrière Ă crĂ©er et Ă peaufiner ce travail de rĂŞve. C’était la responsabilitĂ© de ces gars-lĂ de garder l’Ă©lĂ©ment crĂ©atif de l’équipe de conception afin que les stylistes puissent produire des designs avant-gardistes. Cela signifiait parcourir le circuit mondial des salons automobiles et ramener “at home” des souvenirs comme des Ferrari Daytona, des Lamborghini Miura et des Maserati Ghibli pour servir d’inspiration Ă l’équipe. Cela signifiait Ă©galement de personnaliser les voitures de sĂ©rie pour essayer de nouvelles modifications de style ou combinaisons de groupes moteurs, puis conduire ces bĂ©bĂ©s d’un million de dollars au travail pour les Ă©valuer. Cela signifiait mĂŞme faire de la course en cachette. Nous ne pouvons qu’espĂ©rer que, lorsque Bill Mitchell est dĂ©cĂ©dĂ© en 1988, il n’a pas trouvĂ© le ciel dĂ©cevant. L’atmosphère Ă©tait dĂ©jĂ en train de changer et les budgets se resserraient lorsque Mitchell a pris sa retraite en 1977.
Mais la vie Ă©tait belle chez GM dans les annĂ©es 1960 et au dĂ©but des annĂ©es 1970. La part de marchĂ© Ă©tait Ă©levĂ©e et GM Ă©tait en tĂŞte du peloton national en matière de style. Les efforts inspirants de Mitchell ont portĂ© leurs fruits dans un dĂ©filĂ© de voitures concept-personnalisĂ©es mĂ©morables. La plupart ont Ă©tĂ© très mĂ©diatisĂ©es et sont largement mĂ©morisĂ©es aujourd’hui. La Sting Ray et ses cousines Mako Shark et Manta Ray sont probablement les plus cĂ©lèbres, mais les Monza dĂ©rivĂ©es de la Corvair (GT et SS) et les trois Riviera Silver Arrows ont Ă©galement fait couler beaucoup d’encre. Tous Ă©taient des “gagnantes” ayant du style créées par Bill Mitchell qui les conduisait occasionnellement, les emmenait sur des pistes de course et Ă d’autres Ă©vĂ©nements tels des salons automobiles impromptus pour Ă©valuer la rĂ©action des consommateurs aux orientations de conception explorĂ©es par chacun. La Pontiac Firebird Pegasus n’a jamais Ă©tĂ© montrĂ©e publiquement Ă la presse, et donc très peu a Ă©tĂ© publiĂ© Ă son sujet, mais c’était l’une des voitures prĂ©fĂ©rĂ©es pour laquelle il avait conclu un accord pour emporter cette voiture avec lui, promettant de la faire rendre Ă la sociĂ©tĂ© GM Ă son dĂ©cès.
Ă€ première vue, la Pontiac Pegasus est une Firebird de 1970 avec un long nez, remplie Ă ras bord de l’esprit Ferrari, finie dans avec 10 litres de peinture rouge “pomme d’amour”. La dĂ©coration suggère qu’elle pouvait ĂŞtre capable de faire du breakdance, mais regardez au-delĂ du dĂ©cor lowrider et vous admettrez que de nombreux Ă©lĂ©ments de style modifiĂ©s indiquaient la voie que prendront divers futurs designs de GM. Le styliste de Chevrolet, Jerry Palmer, a dessinĂ© les premiers croquis qui ont attirĂ© l’attention de Mitchell vers 1970. Il m’a dit : “Nous cherchions comment rafraĂ®chir la Pontiac et la Camaro. J’ai fait un croquis avec une face avant de Ferrari Testa Rossa 250 de 1958. Puis Bill Mitchell l’a emmenĂ© au studios design de Pontiac qui a immĂ©diatement dĂ©veloppĂ© mon projet de design, en ajoutant la barre de sĂ©paration centrale signature de la marque. Les simples anneaux de phares ronds ont Ă©tĂ© ensuite modifiĂ©s pour faire saillie en bas comme ceux de la Firebird et de la Camaro de 1974. La vitre arrière enveloppante prĂ©figurait un restylage de voiture pour 1975, bien que les voitures de production n’aient pas le subtil contour en queue de bateau de la Pegasus, je cause de celui du couvercle du coffre”…
Le traitement de l’arrière Ă profil pincĂ© sera plus tard adaptĂ© aux carrosseries A de Pontiac Le Mans/Grand Am de 1973… Alors pourquoi un moteur Ferrari ? Chuck Jordan, vice-prĂ©sident du design Ă la retraite, se souvient que Mitchell voulait montrer aux ingĂ©nieurs de Pontiac (une division qui s’était dĂ©jĂ essayĂ©e aux arbres Ă cames en tĂŞte) Ă quoi ressemblerait une TransAm puissante. Mais peut-ĂŞtre que cela semblait simplement ĂŞtre la chose Ă©vidente Ă faire dans une voiture qui portait la face avant d’une Testa Rossa revisitĂ©e par Jerry Palmer. L’aide de camp de Mitchell, Dick Henderson, se souvient qu’Enzo Ferrari a proposĂ© de contribuer au projet avec un moteur V-12 365 GTB/4 (Daytona), ce qui a sĂ»rement scellĂ© l’affaire et dĂ©montre que contrairement aux rumeurs, le projet de la Pontiac Pegasus Ă©tait approuvĂ© par Ferrari qui y voyait un moyen de nouer des relations d’affaires avec General Motor. Les dĂ©tails de l’installation originale sont sommaires. Henderson se souvient que les gens de l’assemblage mĂ©canique interne de GM ont d’abord accouplĂ© le moteur Ă une boite GM Turbo-Hydramatic pour rĂ©pondre au penchant de Mitchell pour la croisière Ă faible effort (c’est ce que j’ai Ă©crit plus avant dans ce texte).
Tout cela pour finalement dĂ©couvrir que la boĂ®te Ă trois vitesses Ă©tait mal adaptĂ©e Ă un moteur aussi nerveux. Une boite Ferrari Ă cinq vitesses provenant d’une 365GTC/4, a finalement Ă©tĂ© installĂ©e. D’autres tĂ©moignages suggèrent que l’équipe de course nord-amĂ©ricaine de Luigi Chinetti a participĂ© Ă l’installation ou Ă la configuration du moteur de compĂ©tition de 4,4 litres avec des cames Ă haut chevauchement et des carburateurs Weber Ă gros alĂ©sage. Quoi qu’il en soit, les ingĂ©nieurs de Pontiac ont rĂ©glĂ© la voiture pour qu’elle roule et se conduise correctement, en installant les freins Ă quatre pistons de la Corvette et en apportant d’autres modifications… L’ouverture du capot Ă charnière vers l’avant rĂ©vèle un compartiment moteur propre et Ă©purĂ© qui encadre le magnifique moteur Ă quatre arbres Ă cames Ă tĂŞte rouge. Avec le filtre Ă air montĂ© sur le capot, il y a une vue imprenable sur le 12 cylindres. Le fait de faire serpenter les 12 tuyaux d’échappement au-delĂ de divers obstacles du châssis signifie que les tuyaux ne sont plus de longueur Ă©gale, de sorte que le calage de l’impulsion d’échappement n’est pas comme les garçons d’Enzo l’avaient prĂ©vu Ă l’origine.
En effet, les silencieux Ferrari et les tuyaux d’échappement Anza garantissent que le son sortant de ces tuyaux est précisément conforme aux spécifications, sinon, le moteur s’adapte remarquablement bien, étant donné que l’empattement n’a pas été étiré. Cependant, le déplacement de la cloison pare-feu de neuf pouces vers l’arrière a fait disparaître le système de climatisation qui aurait pu aider à lutter contre la chaleur rayonnant de l’échappement. Bill n’a pas accumulé beaucoup de kilomètres sur la Pegasus en juillet et août. L’espace intérieur semble sans compromis et il reste peu de la garniture Firebird d’origine. Le tableau de bord recouvert de cuir a été modifié pour accepter les compteurs Veglia Borletti aux spécifications Ferrari. Une nouvelle console centrale garnie de bois abrite le levier de vitesses Ferrari (sans le portillon de changement de vitesse chromé retentissant), tandis que le frein à main a été déplacé vers le côté du tunnel. Les sièges baquets en cuir personnalisés, sans appuie-tête, sont cousus pour ressembler à ceux utilisés dans les Ferrari et les Maserati. Un réservoir de carburant Ferrari est monté sur le pont arrière.
Une jante (avec un pneu de rechange) Borrani chromĂ©e est visible sous la vitre arrière, relĂ©guant tous les bagages Ă la place de la banquette arrière. Mais Mitchell n’a jamais prĂ©vu de partir en tournĂ©e dans la Pegasus. Il prĂ©fĂ©rait de loin passer du temps dans un moyen de transport plus silencieux et plus confortable et utiliser des voitures officiellement en projet, pour faire sensation lors d’évĂ©nements. Il avait par ailleurs installĂ© un corral de voitures d’exposition dans le paddock et il effectuait quelques tours de dĂ©monstration, mais il n’a jamais couru. En quittant la piste d’Elkhart Lake, dans le Wisconsin, un après-midi pluvieux, il avait accrochĂ© un support de pont tout en essuyant un pare-brise embuĂ©. Mitchell a profitĂ© de l’occasion pour redessiner le nez sans le sĂ©parateur dans la calandre. Il a mĂŞme encore restylĂ© l’avant Ă la retraite, après quoi la voiture a Ă©tĂ© dĂ©finitivement restaurĂ©e, jusqu’aux dĂ©cos conçues par Randy Wittine…. Se glisser au volant de cette bĂŞte bâtarde est un Ă©vĂ©nement surrĂ©aliste. Les sièges et le tableau de bord ont l’air italiens, mais les portes, l’appareillage et la direction assistĂ©e ultralĂ©gère crient “Yankee Doodle”...
C’est une fonction tĂ©lescopique qui permet de positionner le volant Ă la longueur d’un bras italien… DĂ©tail subtil : les ailes sont gonflĂ©es vers le haut comme celles d’une voiture de course d’époque… Et donc vint l’essai exclusif que j’ai pu rĂ©aliser et qui va faire cancanner dans les chaumières de la Franchouille profonde… Le moteur dĂ©marre instantanĂ©ment mĂŞme par temps glacial et l’embrayage prend en douceur près du haut de la course de la pĂ©dale. Sans plaques et assurance appropriĂ©es, je n’ai pas pu sonder beaucoup le compteur de vitesse de 200 mph, mais grâce Ă un rapport de pont de 4,10 : 1, j’ai utilisĂ© amplement le levier de vitesses et l’embrayage Ă des vitesses raisonnables. La Pegasus accĂ©lère comme une Ferrari Daytona, et fait fumer ses pneus mĂŞme Ă de modestes ouvertures d’accĂ©lĂ©rateur. Sans surprise, la PĂ©gasus se comporte comme une Trans-Am Ă essieu moteur Ă ressorts Ă lames avec un linebacker Ă bord. Mais la meilleure partie est le son, qui sonnera familier Ă tous ceux qui aiment les Ferrari. Après avoir passĂ© une journĂ©e avec la Pegasus, je peux me demander ce qui aurait pu se passer si Bill Mitchell avait suffisamment impressionnĂ© les ingĂ©nieurs de Pontiac pour lancer un programme ?
Mitchell et Ferrari : l’influence sans la passion… La crĂ©ation du concept de Pontiac Pegasus Ă moteur et nez Ferrari par Bill Mitchell soulève la question “Pourquoi ?”... Mitchell Ă©tait-il, comme Chuck Jordan (son principal assistant, qui est finalement devenu le vice-prĂ©sident du design de GM), un amoureux de Ferrari ? Partageait-il la passion de Jordan pour le cheval cabrĂ© ? Aucun de ses dizaines de concepts de Corvette n’a montrĂ© d’influence significative venant de Ferrari. D’après les souvenirs de Jordan, le seul Ă©lĂ©ment de design de la Corvette directement tirĂ© d’une Ferrari Ă©tait la rainure horizontale latĂ©rale de la carrosserie de la 308 des annĂ©es 1970, qui est rĂ©apparue sur la Vette C4 de 1984, conçue bien après la retraite de Mitchell… Qu’en est-il de l’histoire selon laquelle Mitchell a exigĂ© l’influence de Ferrari et de Rolls-Royce dans le concept de coupĂ© de luxe qui est devenu la Buick Riviera de 1963 ? “Il est allĂ© au salon de l’auto de Londres et a vu ces Rolls-Royce sur le fil du rasoir”, se souvient Jordan. “Pendant ce temps, nous travaillions sur cette Thunderbird concurrente Ă quatre passagers, en faisant des cĂ´tĂ©s d’avion Ă rĂ©action et des façades pointues, une vĂ©ritable voiture « wow ! » influencĂ©e par l’aviation”...
Plus tard, il a dit : “Voici ce que je veux faire. Dites aux gars que nous voulons une voiture qui a une Ă©lĂ©gance sportive mĂ©langeant Ferrari/Rolls-Royce”... L’influence Ferrari est plus difficile Ă voir, mais la sensation sportive est certainement lĂ . Il a un peu de râteau et des ailes tressautent plus qu’unpeu. C’est mĂŞme parfois angoissant car ça laisse craindre une rupture… Mais on, finit par oublier tellement il y Ă d’autres “choses” qui vibrent et laissent croire qu’absolument tout se dĂ©glingue…Il y a une position atypique et la proportion est sportive. Ce n’est pas Ă©touffant comme une voiture anglaise. Mitchell possĂ©dait-il des Ferrari ? “Il savait qu’il devait en apprendre davantage sur eux”, m’a dit Jordan. Alors il a dit Ă Warren Fitzgerald, son assistant administratif : “Fitz, achète-moi une Ferrari”... Et Fitz lui a achetĂ© une de ces grosses et vieilles Ferrari, une “Tour de France”, pas vraiment romantique. Et il n’aimait pas ça. Ces vieilles Ferrari Ă©taient difficiles Ă diriger Ă basse vitesse et n’étaient pas ce Ă quoi il Ă©tait habituĂ©. Il a dit que c’était un camion. Alors il a ajoutĂ© pour conclure : “Fitz, vends cette shit-car”. C’était avant la Pegasus, donc, non, il n’avait pas la passion pour les Ferrari…








































