Cadillac’53 Hansen Cobra Motorama
Entre la la naissance de la Kulture (sic !) des Hot Rods et l’essor des salons General Motors Motorama après la Seconde Guerre mondiale, les frères Wally et Harry Hansen étaient à l’épicentre de tout cela en Californie du Sud. Leur esprit novateur les a amenés à créer tout comme Georges Barris, leurs voitures personnalisées renommées Kustom’s, un exploit qui n’a pas été sans défis et sans carnages.
Ils étaient parfaitement conscients des limites de la mise en forme du métal lorsqu’il s’agissait de créer des voitures de show à carrosserie personnalisée pour faire le show, commandées par des excentriques acteurs Hollywoodiens , ce qui les a amenés après avoir réalisés des “luges de plomb” pachydermiques, à prendre la décision avant-gardiste d’utiliser le nouveau produit innovant parfaitement adapté à leurs besoins : la fibre de verre.
Le duo des frères Wall et celui des frères Barris ont commencé à y travailler en parallèle de la Général Motors qui préparait la Corvette 1953… Leurs paires de Kustoms qu’ils voulaient présenter dès 1952 pour se positionner avant la GM à commencé pour les frères Wally et Harry Hansen par la création d’un châssis en acier comportant des trous stratégiquement placés pour non seulement réduire le poids inutile, mais aussi augmenter sa résistance.
Ils s’étaient inspirés avec 20 ans de décalage à la fameuse Mercédes SSKL de la fin des années’20. Les Barris, eux, contiuaient d’utiliser les châssis d’usine. La première Hansen fut baptisée Hansen Cobra 10 ans avant que Carroll Shelby utilise le même surnom. La Hansen Cobra, utilisait les essieux avant et arrière d’une Ford de 1940, associés à un V8 Cadillac de 235cv acouplé à une transmission manuelle à trois vitesses Lincoln.
Une fois le châssis roulant terminé, une forme en bois a été construite pour établir la conception de base de la carrosserie. La forme a ensuite été recouverte de plâtre que les deux frères ont sculpté comme deux étudiants d’une académie de “beaux-arts” pour créer un design de carrosserie moderne et distinctif (pour l’époque). Lorsque la conception a été finalisée, elle recouverte de cire en préparation de la fabrication du moule pour la carrosserie en fibre de verre.
Une fois le moule durci, il a été coupé en six sections pour faciliter la création des panneaux de carrosserie finaux. Les touches finales comprenaient les pare-chocs d’une Studebaker de 1953, les phares d’une Cadillac de 1953, la barre de calandre d’une Chevrolet de 1952, les feux arrière modifiés d’une Chevrolet de 1953 et, enfin et surtout, le pare-brise, qui était en fait la lunette arrière d’une Studebaker de 1953, à l’intérieur d’un cadre de Chevrolet Corvette.
Les Hansen Cobra’s ont été dévoilées au public après 17 mois de travail acharné au “Petersen Motorama” de 1954, organisé par Robert E. Petersen qui avait créé le magazine Hot Rod en s’appropriant le magazine “Thruttle” d’un autre Peter-sen homonyme. (Des photos d’époque montrent les voitures placées nez à nez lors de leur première présentation publique pour attirer l’attention du public lors du salon ou ils ont remporté plusieurs prix pour leur design innovant.
Leur œuvre, dénommée Hansen-Cobra a ensuite été présentée dans le magazine Motor-Trend en février 1955 peinte en rouge et blanc… Un cinéaste séduit par le style saisissant Hollywoodien, en a commandé une identique pour servir de STAR dans un film nommé “Roadracers” qui, pour des causes financières, ne sortira en salle qu’en 1959. Les frères Hansen vont parvenir à construire une troisième Hansen-Cobra pour leur ami Fred Eppele en 1957.
Il était prévu de lancer la Hansen-Cobra en production limitée, mais les deux frères ont été étouffés par l’introduction réussie de la Chevrolet Corvette et, plus tard, de la Ford Thunderbird. Les Hansen-Cobra’s vont alors tomber dans l’oubli et les frères de même… Leurs 3 créations ont ensuite failli être perdues dans les annales de l’histoire, jusqu’à ce que Robert E. Petersen achète une des 3 Wally’s Cobra (celle de Fred Eppele, qui l’avait depuis 52 ans…
Après avoir appris qu’une de leur 3 Hansen-Cobra’s avait été re-découverte, les frères se sont rendus au Petersen Automotive Museum pour retrouver leur voiture pour la première fois depuis des décennies. Stimulé par l’enthousiasme que suscitait cette automobile, le duo Hansen a recherché la Hansen-Cobra du film et l’on racheté, mais en ont fait don au Petersen Automotive Museum avec leur voiture personnelle afin que les 3 puissent être à nouveau réunies.
Aujourd’hui, sept décennies après le dévoilement de la N°1 au Petersen Motorama, les Hansen-Cobra restent aujourd’hui un regard intrigant sur la culture unique des voitures personnalisées du milieu du siècle comme une histoire captivante d’ambition inébranlable, motivée par la persévérance et le travail acharné, pour créer seulement 3 voitures personnalisées uniques en leur genre qui ne manqueront pas de créer un buzz d’attention.
Découvrir de telles raretés est comme découvrir des œuvres qui sont oubliées dans des greniers ou des caves, comme des grimoires de bibliothèques universitaires à coté de livres référencés, consacrés, quoique figés dans des contenus achevés (ce n’est qu’au moment d’écrire cette partie de phrase que je me rends compte combien cette expression est valorisante sous sa dimension pléonastique, ne parle-t-on pas de “bel-ouvrage” comme une réussite ?
L’œuvre achevée est souvent une réussite, celle qui ne l’est pas est condamnée à l’oubli. Automobile et littérature mêlée. Prenons “Les Misérables”, modèle romanesque s’il en est, voilà un roman qui, dénouement compris, donne l’impression d’avoir été achevé avant que d’être écrit, ce que Victor Hugo résume d’un trait de plume dans une préface qui pour paraphraser Roland Barthes, semble : “Réciter parfaitement son objet”… C’est pareil que cette Hansen Cobra…
C’est d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les exceptions ou les défaillances, la marche du mal au bien, del’injuste au juste, du faux au vrai, de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu… Point de départ : la matière… Point d’arrivée : l’âme… L’hydre au commencement, l’ange à la fin… Mais même dans ce cas, ce qui a été créé sous forme de “bel ouvrage” reste trompeur…
En effet, même dans ce cas, la Hansen-Cobra est une tromperie, voire même une fumisterie, constituée d’ébauches approximatives, de pièces ne correspondant pas entre-elles, surtout dans les courbes et raccords. Au fond ce sont trois fantômes demeurés inédits pour des raisons plus ou moins avouées, qui d’ailleurs n’auraient jamais dû l’être car imaginés par des frères généticiens de l’automobile en quète du “possible” dans l’impossible.
C’est comme s’intéresser aux chemins littéraires qui conduit vers l’infini de textes ahurissants, Isabelle Eberhard, Abdallah Chaamba, Albert Mummi, Emmanuel Roblès, Jean Sénac, Scwarz-Bart, autant d’écrivains qui pour des raisons diverses ont réalisés des livres inachevés tout comme les frères Hansen ont créé 3 automobiles inachevées car elles ne pouvaient l’être… Leurs 3 créations sont inachevées, inabouties, in-roulables, invendables…


































