Dans la nuit noire…
Hallucinant, on en est arrivé à être obligé de se masturber avec du papier de verre tout en devant écouter/regarder nos chefs à penser expliquer les bienfaits des génocides et des guerres d’exterminations… et d’être heureux d’avoir la peau en lambeaux, douché par son propre sang, et devoir aimer ça…
C’est pour subir ça qu’on vit ? Pour supporter nos chefs complices des pires saloperies et crapuleries, se gargariser de l’efficacité des armes fabriquées, payer des impôts et crever ? L’est ou l’amour ? Dans la nuit noire, quoi de mieux que d’écouter le Boléro de Ravel en mode ultra nostalgique, un disque beau à crever qui donne d’un coup l’envie de planer, chialer, d’embrasser le monde et de s’arracher les viscères à main nue ? Tout ça, et plus encore. Après un tout début timide, se déroule un enchaînement ahurissant d’une beauté folle, bourrée de répétitivités qui n’en finissent plus de s’envoler, de t’écraser le cœur, de te donner le tournis. C’est la mélancolie du monde qui te saute dans les oreilles, c’est la plus joyeusement triste des ruptures amoureuses, c’est assister à l’explosion du soleil depuis un point éloigné du système solaire, et regarder l’existence entière disparaître en racontant une histoire qui n’en finit plus de foncer vers la voûte céleste, dans une atmosphère brûlée par le chagrin et la folie meurtrière des humains qui nous agresse la colonne vertébrale au fer rouge tout en calibrant la sensibilité mélodique d’une douce neurasthénie.
Écouter Macron, Trump, Netanyaou et tous les autres, c’est pas du tout se connecter aux beautés de la vie ni se reconnecter avec nos parents décédés de trop de misères ou avec un amour de jeunesse perdu de vue. Le genre de moment un peu émouvant, qui fait chaud au coeur… Ahhhhh ! Papoter du bon vieux temps… Il est mort… Maintenant le temps qui passe c’est arpenter le moite à se déglinguer, à s’exploser le cerveau sur des fresques violente où l’on frôle la dépression magnifique en se souvenant des moments mélancoliques disparus… On a bien changé avec nos guerres et les “devoirs” inculqués, mais en un instant, un souvenir, et le palpitant bat la chamade, reviennent en mémoire toutes les expériences écoulées, tous les moments tourbillonnant encore dans la mémoire, qui sont encore là, forts, intenses, mais via les yeux d’une personne qui a grandi, changé, tout en gardant cette sensation lancinante de constante mélancolie, se sentant bouffé par une sensation folle, celle de rentrer en collision brutale avec le vide… Malgré des apparats matures, tu comprends mes popu’s internautes qui viennent me lire, que c’est maintenant le bordel général et pas que dans ma tête de vieux briscard de 76 ans, car rien n’a pas trop de sens, la structure est éclatée enchaînant des moments qui passent du vide à l’interlude ambiant, la structure explosée est presque éparpillée façon puzzle.
Malgré tout, une évidence brûle de mille feux, l’imparfait donne à la vie une énorme claque, et l’occasion de se reconnecter. Avec l’expérience et la vieillesse, cela devient pourtant rare d’être décontenancé, d’avoir l’impression d’avoir tout vu, entendu, vécu, pour un résultat complètement hors genre, pas évident à appréhender. L’émo nocturne ? Chialer de complaintes qui envoient dans un trou noir de voix robotiques et galactiques à filer le vertige, à croire qu’il ne serait plus suffisant de se jeter par la fenêtre en cas de grosse déprime, mais qu’il faudrait carrément se faire consumer le corps et l’esprit, passant de l’abstract aux complaintes avant de filer vers des souvenirs beaux à chialer qui arrachent la colonne vertébrale d’un coup sec, pour la bouffer sans anesthésie. Bref, cette chronique m’apparait complexe à écrire, ça me tabasse sans discontinuer en mode émotionnel, avec des voix vaporeuses, mi-dépressives mi-lumineuses, qui lâchent des mots inintelligibles qui envoient mon cerveau direct dans le mélancolique, qui sous ses apparats plutôt directs, prend un temps fou à se dévoiler. C’est que la vie, la vraie, est une histoire, avec ses moments de calme et ses charges épiques, donnant l’impression de planer sans fin en regardant des paysages fantastiques se déplier sous mes yeux.
C’est féérique et hallucinatoire mais se cachent des psychopathes dans les tréfonds, les “ceusses” qui tapotent des textes ultra cliniques, violents et sombres, des crack-heads perdus dans le flow intense et névrotique qui fait l’effet d’une déflagration qui pousse à jouer à la roulette russe. Grosse fièvre, sueurs et tête qui tourne. Alors c’est l’hôpital en urgence, grosse dose de propofol dans les veines, trou noir, le vide, mal de tête, dans le coaltar complet… et la première chose que tu vois, c’est une barre de pole dance, et moi qui jete des billets sur des fesses qui twerkent en slow motion. Deux danseuses se chevauchent sur mon lit, c’est à rien n’y comprendre. Et la musique, des énormes basses qui secouent tout l’hôpital, et un mec qui susurre des complaintes de façon ultra nonchalante. Les morceaux parfois se répètent deux fois de suite, à des vitesses différentes… Je suis complètement perdu, le cerveau en train de se noyer sous l’incohérence de la situation. Et pourtant, dans ce strip-club incongru où le temps s’est presque arrêté, je me sens bien, c’est magnifique, triste, mélancolique en diable, c’est la perfection, alors je me laisse porter et me rendors, fasciné par un arrêt sur image de billets et gros culs. En rouvrant les yeux le lendemain, je me demande si tout cela était vrai, comme un univers parallèle touché du doigt, ou si c’était juste que j’étais encore bouffé par des restes d’anesthésie générale. Qu’importe, c’était trop beau… C’était l’inverse du monde qui se désintègre, constamment, sur chaque note, chaque mouvement.
Guitares qui semblent être utilisées sous des ruines d’immeubles, basse grognant comme un monstre en fin de vie, chanteur qui ressemble au mec bourré dans la rue qui houspille à trois heures du mat’, synthés faméliques qui tentent de se faire entendre. Et pourtant, tout est calme… ICI… Ailleurs, cest guerres et désolations… La musique grogne, tressaute, rampe dans mes oreilles, à coup de sourdes saturations et mélodies laconiques. La répétition des motifs se rapproche complètement rouillée par le désespoir, laissé sur le bord de la route sous la pluie à corroder. Pas vraiment post-punk, pas vraiment shoegaze, pas vraiment noise, c’est l’apocalypse, mais pas pour une armageddon épique et soudaine: juste une fin du monde lente et dépressive, avec mégalopoles tombant en ruine en slow motion. Dans mon lit je me tourne, je me retourne. Nuit blanche hier, pas une minute de sommeil. Aujourd’hui ça recommence. Tout humain normal tomberait d’épuisement après une nuit blanche, puis enchaîner avec une journée de taff lambda. Mais bizarrement, la fatigue se fait à peine sentir de mon côté, alors qu’il est 5h du mat’, donc presque 48h les yeux fermés. Evidemment, mon corps, lui, hurle de désespoir : j’ai les muscles qui tressautent, des crampes qui infiltrent mes jambes, le monde semble tanguer sous moi. Mais mon cerveau, lui, semble avoir oublié la notion même de sommeil.
Après être resté sans bouger dans mon lit plus de 4h pour tenter de m’éteindre, après avoir trop pensé à la mort, à hurler silencieusement de douleur et de désolation, à avoir eu envie de me jeter la tête la première contre un mur, je décide de marcher comme un zombie dans mon salon. J’ouvre mon ordinateur et balance un disque au hasard de ma playlist insomnie. Les synthés sont étirés, les mélodies en slow motion, des samples de voix fantomatiques émergent sans cesse du marasme émo, comme si une vieille télévision droguée aux benzos passait des bouts de films surannés. C’est magnifique. Mon cerveau, déjà complètement défoncé, à presque du mal à comprendre cette musique, entre rêve fiévreux à la twin peaks et du Burial créée dans les années 50 pour un poussiéreux film hollywoodien. Exténué, à bout de force, je me dis tout à coup que je ne suis pas à plaindre, à regarder le monde se réveiller… Et tout à coup, pris de court, ça redémarre ad nauseam ce qui me tord le cœur, me file les larmes, me fracasse la colonne. Mon algorithme schizophrénique, n’a plus aucun sense, alignant de façon complètement random et anarchique du neoperreo club ou de la pop ultra mélancolique, en passant par de l’ambiant fragile, des comptines latines ou des bangers hiphop. Je dois avoir en tête un cerveau monolithique.
Mais sous ce bordel intense, l’émotion perle, tout est à fleur de peau, j’aligne certaines mélodies d’une beauté folle, c’est mirifique et cristallin, coulant dans mes tympans comme du miel celeste, partant comme un délire flamenco-pop glitché, pour vite changer en complainte pour cœurs brisés… C’est fou, ça me dynamite le crâne, je crois entendre une Aaliyah se faisant jeter dans un réacteur d’avion en plein crash. Les sons me sautent à la gueule et explosent de partout, c’est effarant, ca me file la nausée, c’est de la putain de réalité virtuelle. Pour faire simple, tout cela est tellement fou, tellement jouissif, tellement parfait, que je cherche comme une âme en peine la même source de bonheur, tel un héroïnomane qui tente ad-nauseam de retrouver le plaisir extrême de son premier fix, sans jamais y arriver. Qui va se contenter de gentilles caresses à la 50 nuances de Grey, juste après avoir visité SecretsInterdits, le club BDSM le plus excitant et violent du monde ? Personne. Absolument personne. C’est la chair et la sueur, et le lugubre y est à se damner. Tout y est excellent, et pourrait se caler sans forcer dans le top des tops ultra émos, bourrés de mélodies mélancoliques, des samples de voix pitchées-puputes qui n’en finissent plus de monter vers les cieux faisant constamment osciller entre le club extatique à 3h du mat’, et le road trip en Hot Rod… avec des mélodies à tomber et des rythmes qui écrasent le cerveau, un pur cassage de nuques sur mélodie pour dépressifs tentant de refaire un nouveau Fast & Furious Tokyo Drift puant l’alcool, la chair et le sperme. J’en ai hurlé dans mon salon, les yeux écarquillés, la bouche sèche, estomaqué…Tellement d’années perdues….
Le nouveau monde ? Nous y sommes presque, continuons de pousser… Y a que de la merde qui va en sortir… Notre merde… C’est la quintessence du désabusé qui crache ses tripes, proche de la vomissure… Le gars qui dit que “La vie c’est de la grosse merde mais il faut quand même s’accrocher dur, car ça vaut le coup“... L’émotion ou la mort…. Une écriture encore plus froide et vive qu’un coup de couteau dans le bide, sans doudoune pour amortir le choc qui donne l’impression de se plonger dans le cerveau avec un scalpel pour couper les pensées les plus profondes et refoulées, c’est flippant. Ahhhhhhhhh ! S’ouvrir le ventre et étaler ses tripes sur la table, un verre de Picon bière à la main… Une déconstruction absolue des fondations, pour arriver sur un espèce de brouillard écrasée par les ténèbres et les parasites, comme si un fou c’était donné la mission de se noyer dans une mégalopole cradingue à la Blade Runner, malaxant la notion de temps et durée… Hallucinant, c’est comme se masturber avec du papier de verre tout en écoutant le Président de la Juiverie : Netanyaou, et d’être heureux d’avoir la peau en lambeaux, douché par son propre sang, et aimer ça…