On estime le nombre d’étoiles peuplant l’Univers égal au nombre de grains de sable que contiendrait une couche aréneuse de 1 mètre de hauteur et recouvrant la France entière. Combien d’êtres vivants dans cet Univers sans limite ? Au delà du vertige humain, le pur émerveillement, la divine révélation… Même en augurant avec la plus grande mauvaise foi qu’un seul monde pourrait abriter des hôtes -doués de raison ou non- pour 100 milliards d’autres qui seraient stériles -proportion infime au regard du nombre d’objets célestes existants- l’Univers serait encore un vivier sans mesure !
En effet, n’admettre l’existence possible que d’une seule planète vivante par galaxie, cela ferait déjà 100 milliards de planètes semblables à la Terre… C’est exactement comme si l’on estimait que dans nos mers en moyenne une seule bactérie était susceptible d’être contenue dans chaque 10 mètres cubes d’eau… Un seul être monocellulaire pour 10 tonnes d’eau, cela ne ferait-il déjà pas des milliards de microscopiques miracles dans la mer ? Or en réalité il y a des milliers, des millions, parfois des milliards de bactéries dans chaque once d’eau de mer ou de la moindre flaque fangeuse de nos mares, sans compter tous les autres êtres bien plus complexes ayant colonisé les plus ténus espaces océaniques et terrestres…
Le rapport est le même entre le grouillement de vie sur notre planète dans chaque parcelle imperceptible de terre, d’eau, d’humus, et le nombre incalculable d’étoiles autour de nous : chaque étoile est comme une entité dans l’Univers -un univers dans l’Univers- et correspond à chaque fois à une bactérie dans l’océan, une cellule de vie dans la terre, un cristal de neige sur la montagne, un brin d’herbe dans la jungle, un grain de sable dans le désert. Qu’elles soient vives, inertes ou sur le point d’éclore, toutes ces étoiles sont comme autant de mystères macroscopiques.
A toutes les échelles et dans chaque recoin de notre monde la vie crève la matière, perce la nuit, remonte à la lumière. Alors pourquoi pas ailleurs, là où grouillent tant de feux stellaires ? Et même si seulement une étoile sur 100 milliards abritait la vie… Le moindre papillon, le plus mince moucheron, le plus humble atome de poussière rivalisent de génie avec l’orange, la baleine, les vents tropicaux, les cristaux de glace, le photon, la plume du moineau, la goutte d’eau, le grain de sel.
Astre ou particule, le miracle est le même.
Face à ces 10.000 milliards de milliards de soleils ou bien face à un seul de ces soleils, à un cheval, à une brise, à l’ombre d’une feuille d’arbre, à la pensée d’un souffle, au souvenir de cette pensée, je crois n’être plus rien du tout alors que je suis dans le Tout.
Ces immensités galactiques, en effet, n’ôtent rien au prix des plus modestes actions humaines, des plus humbles sentiments de nos coeurs, des moindres mouvements de nos âmes. L’Homme dépasse d’une tête la matière… Ce qui fait la souveraineté, la grandeur, la noblesse de l’Homme dans l’Univers, aussi incalculable soit cet Asile cosmique et si petit que ce bipède pensant se sente dans cet océan, c’est qu’il est capable de “loger” cet Univers sans limite dans le volume infime de sa boîte crânienne, d’appréhender la totalité des galaxies dans cette tête d’épingle cérébrale, bref d’embrasser cette incommensurable réalité d’un seul regard.
Ce regard, c’est celui de son Intelligence.
Raphaël Zacharie de Izarra
2, Escalier de la Grande Poterne
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