Oisif mélancolique, oiseau unique, ange joliment plumé, ainsi se présente l’auteur de ces lignes (une sorte de Peter Pan cruel et joyeux, mais parfois aussi un rat taciturne). Au-delà cette façade mondaine, loin de certaines noirceurs facétieuses j’ai gardé en moi une part de très grande pureté. Dans mon coeur, un diamant indestructible d’un éclat indescriptible. Cet éclat transcendant, vous en aurez un aperçu à travers mes modestes oeuvres. Est-ce une grâce de me lire, pensez-vous? Osons le croire.
TEXTE DE PRESENTATION
Je vous salue tous chaleureusement. Je vais me présenter à vous en quelques lignes avec l’espoir de ne point trop vous déplaire…
Je suis né dans l’ouest de la France et j’habite le Mans à l’ombre des augustes remparts gallo-romains de la vieille ville, au bord de la Sarthe qui coule avec une nonchalance toute provinciale. Sachez que je ne goûte guère aux mets superficiels en général. Les touristes de la culture me paraissent trop légers, et les creux lurons m’ennuient. Mais je vais tendre l’oreille ici, avec plein d’humilité, de tolérance et de patience à vos aimables chansons.
Je ne prétends pas être plus sage ni plus parfait qu’un autre. Je tente simplement l’expérience de la communication avec vous. J’avoue être curieux de connaître les fruits futurs de ces échanges.
Je respecte le savoir, loue la culture, vénère les enseignements. Il est important à mes yeux d’édifier, de construire, d’enrichir son esprit autant que son coeur. Gageons que je trouverai en ce lieu de rencontres matière à réflexion. Je souhaite des échanges vraiment féconds avec vous tous.
Sachez qu’en général je me meurs d’ennui. Je suis un oisif, une espèce d’aristocrate désoeuvré en quête d’aventures, d’amours, de futiles occupations. Je tue les heures de mon existence trop facile à coup de mots bien placés, d’idées et d’émois d’un autre monde.
Apprenez également que mon nom est basque. Il est tiré de la petite cité nommée “Izarra”, au pays basque espagnol. Toutefois je n’ai jamais mis les pieds en ces terres barbares. Je viens d’ailleurs en vérité. Je suis né sous les lueurs de la nuit.
Mes pères, les Anciens, viennent du ciel. Ils descendent des étoiles. Mon nom “Izarra” signifie “Etoile”, en souvenir précisément de l’une de ces lumières qui brillent aux nues et d’où est issu mon sang. J’ai l’allure fière, le coeur haut, et mes pensées sont fermes. Ma poitrine porte les marques vives de ma gloire: des cicatrices imaginaires héritées au cours de duels (j’ai dû voler lors de quelques songes au secours de femmes à la vertu offensée…).
Je suis craint et respecté, mais surtout très aimé. Et pas uniquement des femmes. Mes terres sont presque aussi vastes que celles des plus riches propriétaires et seigneurs du pays réunis. C’est là le legs de mes ancêtres, terres conquises au prix d’un bien noble sang… L’étendue de mes richesses n’a pas d’équivalent, en aucune contrée que je connaisse.
L’or et la musique sont les hôtes continuels de mon château où l’on n’y boit nulle part ailleurs meilleurs vins. La fête, l’art et la danse forment l’ordinaire de mes jours insouciants. Avant tout, je suis un oisif, je le répète. Les femmes convoitent mes dignes étreintes, non seulement les plus élégantes et les mieux tournées du pays, mais encore les filles des grands seigneurs des provinces reculées, et même les très lointaines princesses de l’Orient. A croire que ma renommée ne connaît point de bornes.
Mon coeur a cependant déjà choisi. Je n’ai pas ignoré les intrigues de l’amour, très souvent déjouées par les jaloux, les rivaux, les éconduits. Combien d’épées tirées pour l’amour d’une femme? Ou pour défendre son honneur? L’amour idéal commence par un coup d’épée, une cicatrice, du sang.
Je suis le plus bel oiseau de ces lieux, l’unique albatros de cet espace de libre expression. Ma plume admirable et mon aile majestueuse confèrent à ma personne autorité, dignité et infinie élégance. Mes détracteurs sont des corbeaux jaloux de mon éclat. Et les gracieuses colombes planant dans mon sillage, mes disciples.
Je détiens quelque chère vérité, certain secret des arts, possède la science de l’amour. Pétri de noblesse, je me prétends défenseur des belles causes, de ma particule et des femmes laides, mais surtout des jolies filles, et ma plume est prolongée par le fer vengeur et justicier d’une infaillible épée. Ces deux flammes vives sont inséparables chez moi: plume et épée forment mon double panache.
Je suis l’ennemi de la populace, l’ennemi du vulgaire, l’ennemi de la bassesse. Cependant je protège et défends indifféremment les faibles, les veuves, les orphelins, les beaux sangs comme les têtes communes, les nantis comme les déshérités, les poètes comme les bourgeois, les joliment chaussés comme les va-nu-pieds.
Je vole également au secours de ceux qui forment la vaste roture de ce monde. Une fois extraits de leur fange, je tente de les élever jusqu’à ma hauteur. Et s’ils s’ingénient à demeurer dans leur aveuglement, je me permets d’exercer contre eux l’acier de mon art. Pour certains, ce sera celui de ma plume, pour d’autres, celui de mon glaive.
Je suis un authentique chevalier, un prince dans l’esprit, un guerrier des belles causes, un albatros, un ange tout de plume et d’épée.
Nul ne saurait accéder à ce degré de gloire où à la force de l’âme je suis parvenu. En qualité, noblesse et coeur qui peut se targuer de me valoir? Comme l’astre roi, je suis unique.
Inégalable.
Dans l’existence ma plus chère occupation consiste à pratiquer l’oisiveté aristocratique. Je suis un rentier, un désoeuvré. Quelques paysans besognent sur mes terres héritées. Je gère ces affaires de loin, avec détachement, voire négligence. J’occupe mes jours libres à observer mes humbles semblables défavorisés par le sort pour mieux porter sur eux mon regard hautement critique.
J’évite tout commerce, de près ou de loin, avec la gent grossière. Toutefois je daigne me frotter au peuple, de temps à autre. Et puis je lui trouve quelque attrait, par-dessous sa face vile et épaisse. Je le taquine avec charité et lui porte attention avec condescendance. Je lui parle également, choisissant bien mes mots, mon vocabulaire, de crainte de le blesser ou de ne pas parvenir à me faire comprendre de lui. Il convient d’être prudent avec le peuple: ses réactions peuvent être vives, crues, irréfléchies. Il faut un minimum de psychologie afin de bien le dompter. Bref, mes rapports avec la masse sont enrichissants et amusants. La populace m’offre le spectacle gratuit et plaisant de ce que je ne saurais être, moi.
Je suis un chevalier, un prince, un roi. Soyez disposé à l’entendre ainsi. Et qu’il en soit de mes rêves comme il en est de vos plus chers désirs d’internautes.
Me voici présenté à vous en toute simplicité.
Des notes à toute allure
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La Poésie est un mets capricieux et doux, meringué et acidulé, mou et croustillant qui se déguste en dehors des heures de repas. La Poésie est non seulement l’art de chanter les bouches d’égout de nos quartiers mais également le meilleur moyen de faire tomber la pluie en juin. La Poésie est un puits de sentences sans plafond qui se perd dans les méandres d’un ciel invariablement bleu. Sauf quand il pleut, puisque nous venons de voir que la Poésie avait le pouvoir étonnant de recouvrir nos rues de matière aqueuse.
La Poésie est la soupe du soir du mortel qui ne veut pas mourir. Elle peut être chaude, épaisse, claire, hachée, légèrement aréneuse ou bien franchement horticole. Elle est comme une rigole qui conduit les humeurs domestiques vers les sillons féconds du cultivateur. Une sorte de ruisseau universel duquel s’écoule un sang assez pur abreuvant des partitions patriotiques.
La Poésie, voyez-vous, c’est l’aptitude humaine à transposer le discours vulgaire sur des hauteurs quasi divines. Jouer du langage comme d’un piano, émettre des notes avec des citrons verts, des papillons bruns ou de vieilles cruches. En un mot, faire braire le verbe.
La poésie qui descend des étoiles se ramasse dans des soupières, elle se marie à merveille avec les condiments du quotidien, s’accompagne habituellement de laitue et de fraises des bois. Elle se digère un cigare aux lèvres ou une bague au doigt.
Mais surtout, et c’est l’essentiel, la Poésie est une digestion cosmique auto régénératrice qui ensemence la Beauté. C’est une coulée céleste traversant nos âmes qui, après avoir les avoir agitées, transformées, épurées, s’en retourne aux étoiles dans de grands jets lactés.
Les mystères du visible
Uploaded by warloybaillon
Le temps d’une brève léthargie, l’inviolable voile d’éther s’est déchiré : j’ai pu passer la tête derrière le rideau… Juste la tête. Et j’ai vu.
J’ai vu des nues dorées, des ciels enflammés, des verts pâturages et des oranges amères, des vents infinis et des sables sans fin, des étoiles éclatantes et des lunes sans âmes, des enfers et des paradis mêlés. Rien que des choses qui ne se voient pas en notre monde.
J’ai vu des hommes sans nom, des animaux que l’on désigne avec des majuscules, des papillons bleus, des vermisseaux tétant les astres, des loups sereins et des lucioles en pleine gloire. J’ai vu des rivières givrées, des miroirs sans fond, des puits qui ne tarissent pas, des chemins menant nulle part, des fenêtres qui donnent sur l’ailleurs, des portes ni ouvertes ni fermées. J’ai aperçu je crois quelque trou de l’Univers, effleuré la pointe de l’infini, touché le commencement du Tout avant de le perdre de vue.
Des chevaux translucides par milliers dévalaient une contrée incolore. La terre était blanche, le ciel était blanc, le lac était blanc. La couleur semblait péché. Ce monde était vrai comme le roc. D’autres horizons plus éclatants encore le contredisaient pourtant : des feux aux nuances inouïes brûlaient d’une gloire inextinguible. Étrange enfer de flammes douées de vie… Entités pures, choses passagères, illusions infernales, visions supérieures, sourires d’anges, farces de démons… Comment savoir ? Mais j’ai vu, j’en suis certain.
Des arbres sans sommet défiaient les cieux, des montagnes aux flancs vertigineux s’élançaient vers un soleil recouvrant l’horizon entier, des herbes folles montaient à perte de vue, et les têtes de ces géants se rejoignaient en une sphère céleste monstrueuse et inaccessible.
La guillotine
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Je suis un bandit, un vaurien, un vendu. Ennemi de la société, le crime est mon pain quotidien, la tentation du gain facile étant chez moi une soif impossible à étancher… Je suis né sous le signe de la corruption, j’ai du sang sur les mains et dans mes veines coule le Mal. Mais aujourd’hui je suis entre quatre murs, aux fers : la Justice a mis fin à mes progrès sur le chemin du vice.
L’heure est venue de payer une vie vouée à la débauche. Je suis un gredin, un brigand, un misérable. L’homme sans foi ni loi doit répondre de ses méfaits devant le Ciel et la Terre. La mise au ban, l’injure, la honte, voilà mon héritage. J’ai bien joui de l’existence, j’ai assassiné sans compter, dormi du sommeil du scélérat dans les lits de mes victimes. J’ai dépouillé la Vertu, vidé leurs poches aux mortelles dépouilles, volé bourses et vies pour tuer le temps, fais mourir l’innocent pour nourrir le vice. Oisiveté, or, plaisirs : tels furent mes maîtres. Je suis une fripouille.
Les pauvres que dans le dos j’ai égorgés, les riches que par derrière j’ai occis, les barreaux de ma prison ne les ont pas empêchés d’entrer. Quelle compagnie !
De mon cachot, leurs cris de vengeance me tiennent éveillé. Impossible d’éviter ces crânes, éclatants de vérité ! Depuis les ténèbres de ma cellule, j’y vois mieux que sous le soleil du crime. Leurs orbites sont profondes de reproches et leurs dents blanches en disent long sur mes noirceurs… Ricanent-ils ? Menacent-ils ? Les deux à la fois : ils crânent.
Je ne ris plus, non je ne ris plus du tout de mes coups, rongé par le remords. Las ! Pourquoi n’ai-je pas préféré un chemin plus clair ? Trop tard pour se repentir ! La Justice est passée, je ne ris plus. Non, vraiment je ne ris plus…
J’implore le pardon de mes victimes. Que Dieu ait pitié de mon âme car je suis un bandit, un vaurien, un vendu.
Demain à la première heure je serai un pendu.
Pour Jérôme et Sarah
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Je tiens quand même à préciser que c’est légèrement volontaire de ma part, que de faire rire la galerie… Certains ne le comprennent pas toujours. Il y en a même qui, parfaitement désorientés par mes pitreries pince-sans-rire, se fâchent face à mes vidéos !
La lumière d’ostende
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Je m’excuse auprès de ceux qui en ont marre de voir ma tête d’éternel autosatisfait sur mes vidéos musicales ultra égocentriques, mais j’ai fait très peu de prises de vues sur la route d’Ostende, aussi ma vidéo est-elle assez sommaire. Seule la musique est le vrai héros de cette histoire archinarcissique.
Sur la musique intitulée “Valse Triste” de Oskar Nedbal, un clip modeste où on voit encore et toujours ma face de vrai (ou faux ?) aristocrate “particulé” fier de n’appartenir pas à l’espèce vile, bref ma trogne jusqu’à l’écoeurement. Ou jusqu’à l’ivresse selon la qualité du spectateur.
Pour le plus grand déplaisir des profanes et le plus vif contentement de mes pairs les vrais esthètes.
Seuls les mélomanes resteront.
Fantômes de pierre
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Il y eut un grincement typique lorsque je poussai le portail rouillé de la vieille demeure abandonnée. Ensevelie sous les friches et les ans, la maison était une caricature. Grotesque et un peu effrayante. Les herbes folles semblaient les seules hôtes encore vivantes des lieux.
Comme une photo jaunie, les murs décrépits et couverts de mousse transpiraient une atmosphère surannée, intime et familière. J’avais l’impression qu’ils restituaient les conversations, les émotions captées des années auparavant, au temps où tout vivait dans la maison. Les vieilles pierres perçaient le silence et se faisaient subtilement éloquentes : je revoyais sans peine ce que fut la vie des anciens habitants.
Des générations s’étaient succédées ici, les murs me le disaient avec insistance : ils respiraient cette douce nostalgie propre à ces lieux qui ont abrité des destins sans histoire et où se sont figés dans bien des mémoires de longs dimanches d’enfance. A travers la pierre à l’abandon, le portail d’un autre temps, les marches usées, les vies qui s’étaient écoulées ici se rappelaient naturellement au visiteur… Leur histoire enfouie sous les ronces soulevait discrètement le couvercle du temps, laissant apparaître des bribes de passé : objets d’antan traînant par terre, effluves de cave et de vieux plâtre, impressions de déjà vécu. Ce charmant cimetière était hanté par la Mélancolie.
Je revivais imperceptiblement les humbles événements quotidiens de ces vies de famille. A des années de distance je croyais entendre l’écho des rires d’enfants, des couverts de la table dressée sous le grand arbre, des murmures échangés les longues soirées d’été…
D’un coin de la cour émanaient des relents d’ordures abandonnées par des oiseaux de passage : squatters, vagabonds ou poètes douteux. C’était à la fois sordide et anecdotique, insignifiant et pittoresque. Cette maison avait eu une âme, jadis. A présent elle était muette, éteinte.
Morte.
Raphaël Zacharie de Izarra
2, Escalier de la Grande Poterne
72000 Le Mans
Tél : 02 43 80 42 98 raphael.de-izarra@wanadoo.fr