A Vendre : 2016 Ford Mustang Shelby GT350…
Je me l’étais promis : il me faut arrêter d’aller participer à des non-présentations automobiles de l’autre coté de l’Atlantique, surtout quand je sais d’avance qu’elles seront insignifiantes et consuméristes !
Mais je suis faible… et puis, pour la prétendue “nouvelle” Mustang Shelby, c’est plus compliqué…, mon amour étrange, inexplicable même (vague traumatisme d’enfance ?), pour les Mustang’s me force à m’y rendre comme un zombie, avec un appareil-photo au moignon et un cerveau en mode bouillie qui aurait tout oublié de l’art en général…, d’autant que “la belle bête” se vend moins de 53.000 US$ aus USA !
La perspective d’un renouveau attendu me poussait davantage à y croire et à revenir sur mes principes…, sauf que non, rien n’a changé, c’est toujours pareil, la même rengaine de lobotomisation massive…
Et toujours ces stéréotypes à mort, cette psychologie qu’on dirait bloquée au stade anal, ces sentiments archaïques et ces valeurs tellement ringardes (honneur, vertu, courage, grandeur d’âme), qu’elles font rire tout le monde sauf les américains, très à cheval sur leur éthique morale et guerrière !
On dirait que les irresponsables des relations publiques ne savent plus quoi inventer, ne savent plus présenter ces foutues machines…, un point de non retour qui témoigne de l’épuisement et des limites de la saga : la “monstration” impressionne, mais la “monstration” périclite…
C’est dans une salle gigantesque que le “dévoilement” a eu lieu…, le non-événement a débuté par un lunch regroupant surtout les employés de Shelby, les amis de la maison et des propriétaires de Cobra…, de même qu’une pléthore de journalistes…, un mal nécessaire !
Quelques exemplaires de la Ford Shelby GT350 de la première génération étaient exhibés en attendant l’arrivée de la “nouvelle” GT 350…, cela permettait de boire (du Coke) et de draguer les nananas-poteries ainsi que d’autres… et de constater que la première cuvée est toujours la meilleure.
La “nouvelle” voiture n’a roulé que quelques mètres dans cette grande salle…, un exploit… et l’unanimité s’est faite : “c’est réussi”…, il est vrai qu’on était en terrain de convertis, mais les chroniqueurs qui en ont vu d’autres étaient eux aussi de l’avis que Ford avait utilisé la bonne recette (si vous n’écrivez pas en ce sens, vous ne serez plus invité).
Ford ne s’est pas vraiment limité à re-dessiner une belle gueule…, “on” nous a dit que la plateforme avait été rendue plus rigide, la résistance en torsion améliorée de 28 %… et que tous les panneaux de la voiture étaient différents de ceux de la Mustang “de série”, tandis que les ailes avant ainsi que le capot étaient en aluminium.
J’ai fêté ça (le non-évènement) en reprenant un Coke et en écoutant un bonhomme raconter que sur le plan de la mécanique, les éléments de la suspension étaient plus fermes, la barre anti-rapprochement des tours de suspension avant était en composite, que les amortisseurs étaient de type MagneRide permettant de régler presque instantanément leur fermeté en laissant passer une charge électrique dans un fluide hydraulique avec des particules de métal en suspension (gag !)…, que les pneus de 19 pouces étaient montés sur des jantes ultra rigides d’une largeur de 10,5 pouces à l’avant et de 11 pouces à l’arrière, avec des pneus Pilot Ultra Sport de chez Michelin spécialement développés pour cette voiture.
J’ai re-fêté ça (le non-évènement) en re-reprenant un Coke en écoutant le même bonhomme raconter que de puissants freins Brembo dotés de disques deux pièces avec perforations en diagonale étaient de type course…, que le disque avant de 394 mm était stoppé par un étrier à six pistons alors que le disque arrière de 380 mm était ralenti par un étrier à quatre pistons.
Waouwww ! ai-je dit, plongeant mon regard (vert) dans le décolleté d’une nanana-poterie…, la Shelby n’est plus qu’une ombre, un ersatz, un spectre que l’on agite encore comme l’épouvantail de CarrollShelby dépossédé de tout… A voir ce barnum tristounet, on a la prise de conscience de son propre dénuement et de ses propres scories, mais on est indifférent au drame, rétif à la chose, jamais éprouvé, jamais bouleversé, en attente de quoi est-on là ?…
Le bonhomme m’a lorgné en biais en réussissant à continuer d’expliquer sans rire que l’élément le plus important de la GT350 était son moteur V8 atmosphérique de 6,2 litres produisant plus de 500 chevaux avec un couple minimum dépassant 400 lb-pi, un moteur qui tourne à haut régime et se démarque par l’utilisation d’un vilebrequin à surfaces plates que l’on retrouve surtout dans les voitures de cours, couplé à une transmission manuelle Tremec à six rapports avec un différentiel à glissement limité de type Torsen.
Je me suis dit que traverser l’Atlantique pour recevoir 3 Coke’s, des chip’s et une vue gratuite sur un décolleté grandiose, ça ne valait pas le coup… et que somme toute, les ingénieurs de Ford n’avaient rien négligé pour que la nouvelle génération de la GT350 soit toujours vendable.
En quittant les lieux à la fin de la conférence de presse, je me suis arrêté pour examiner de près les dizaines de Shelby et Cobra de toutes les générations, qui avaient été garées devant le local avant de réintégrer la salle d’entreposage en attente que le musée Shelby s’ouvre au public mi-2015… et cela m’a incité à revenir en douce m’installer dans la “nouvelle” Ford Shelby GT350…, pour trouver l’inspiration d’un petit texte adéquat…
La Mustang-Shelby est un petit classique…, ce bourrin à l’américaine (celui qui est cabré symbolise le bourrin italien), contribue à démontrer que l’industrie automobile yankee des années ’60, lorsqu’un dingo comme Carroll Shelby la modifiait pour gagner un max de dollars, avait “un truc en plus”… et que c’est bien dommage que les bisseries consuméristes de Ford certifiées 100% Made In America… laissent croire aux naïfs que les “nouvelles” Shelby sont du même moule, hélas disparu.
Devant ce produit garanti “Carroll Shelby”, on est déçu que la promesse d’un spectacle délicieusement abrutissant et pétaradant ne soit pas tenue sur un rythme soutenu, pas de casting de stars quatre étoiles, que du plouquesque venu faire de la figuration devant (et derrière) cette sous-Shelby qui promet (via le responsable-presse) de tenir ses engagements (lesquels ?) et assurer aux cow-boys de passer un bon moment…
En réalité, les “améliorations” sont relativement restreintes…, “on” récupère le concept des bandes décoratives au capot et à la silhouette dans les plis de portières…, “on” propose aussi en option un becquet (noir beeeerckkk) pour une ligne plus agressive (sic !)…, l’ensemble du bouclier est entièrement redessiné pour assurer une signature visuelle plus affirmée en plus d’intégrer de la fibre de carbone… et à l’arrière, on conserve l’essentiel des formes de la gamme de série, mais l’on observe un petit diffuseur et quatre très imposantes sorties d’échappement..
Ce qui intéresse est ce qui se retrouve sous le capot…, là encore, les données sont embryonnaires, mais l’on sait qu’il s’agit d’un V8 de 6.2 litres qui adopte la technologie “flat-plane” (gag !) pour le vilebrequin… et que les suspensions sont magnétiques à ajustements constants en fonction de la condition de la route et des désirs du conducteur (sic !).
L’action aurait du être autre, un scénario simplissimo (à l’américaine) qui va droit à l’essentiel, à savoir : des dialogues de haute voltige, des explosions, des personnalités, une course-poursuite façon Bullit , quelques petits effets trashs, une pilote viril cool qui pilote tranquillos droit comme un piquet de grève, en esquivant les piétons, chats et chiens errants, sans une griffe sur la carrosserie , en écrasant les méchants communistes par grappes et en faisant des blagues pas drôles en guise de bouquet final…
Satisfait ou remboursé, amusement débridé en perspective…, la présentation bénéficiant d’un budget plus conséquent, permettant aux invité(e)s de tenir une heure trente de bourrinage continu sans céder au remplissage…
Je salue toutefois le choix judicieux d’un Monsieur Muscles (ici à table) chargé d’incarner le “American héro” du jour pilotant une “Muscle-Car”…, une grosse armoire à glace d’un non-charisme absolu, promenant ses traits béats et son imposante carrure dans la salle ou il n’eut pas accès à la notoriété malgré son physique de beau gosse assez atypique au charme kitsch qui méritait de sortir de l’anonymat, trop en phase avec la voiture, sans doute… (je ne serais plus invité)…