Aston Martin Valkyrie : cauchemar pour imbéciles fortunés…
De quelque façon et par quelque moyen qu’on décompose les humains qui composent notre monde, la proportion des imbéciles dans chaque classification est la même, tous travaillés par l’idée de rédemption, avec la volonté d’être informés de tout, pour tout et condamnés ainsi à ne rien comprendre. Les imbéciles sont d’abord des êtres d’habitudes et de parti pris, arrachés à leur milieu ils gardent en eux ce qui les a nourris, mais la vie ne transporte pas seulement les imbéciles d’un lieu à un autre, elle les brasse avec une sorte de fureur… Lorsqu’Adrian Newey a promis que l’Aston Martin Valkyrie AMR Pro serait aussi rapide qu’une voiture LMP1 sur un circuit, il y a eu un scepticisme ouvert de la part de nombreuses personnes ayant une profonde compréhension de la physique des voitures de course. Aston Martin n’a jamais publié de télémétrie pour confirmer cette affirmation qui est de fait, mensongère, ni ne sait présenter de vidéo de la Valkyrie faisant clignoter ses phares pour réclamer le passage sur une voiture lors des 24h du Mans. Pour démonter l’escroquerie commerciale à 7 millions d’€ ou $ il fallait expérimenter la bête, mais même en tant qu’éditeur fortuné, tout ce qui est proposé en terme d’essai est le siège passager vestigial, qui de plus, n’est qu’un rembourrage collé à une sorte de baignoire en carbone…
S’y retrouver est, je peux en témoigner, douloureux. Offrir aux éditeurs et aux TOP-journalistes des promenades dans de nouveaux produits automobiles, fait partie des relations publiques automobiles depuis si longtemps que Karl Benz a probablement invité quelques hacks apprivoisés pour un “pré-drive” dans la “Patent Motor Wagen”. Lorsqu’il s’agit de voitures rapides, l’affaire est simple, un pilote professionnel expérimenté est payé pour donner des sensations fortes à des imbéciles qui en feront un battage merdiatique… Certes, parfois ça tourne mal, mais dans ce cas, cela fait partie du plaisir masochiste BDSM qui attire tel que dans SecretsInterdits… Les statistiques de l’Aston Martin Valkyrie Pro sont de cet ordre, c’est l’automobile la plus Sado Masochiste de toutes les automobiles déviantes proposées à la vente. La puissance provient d’un V12 de 6,5 litres construit par Cosworth monté directement à l’arrière d’une baignoire en plastique évolutif. Dépouillé du système hybride de la voiture de route destiné aux péquenots, il développe 1000cv à 11.000 tr/min. La longue, longue gestation du projet Valkyrie, et le fait qu’Aston Martin ait par la suite acheté sa propre équipe de Formule 1, signifie que le lien d’autrefois entre Aston et Red Bull Racing qui a conduit à la création de la Valkyrie est maintenant devenu un non-sujet un peu gênant.
Mais Marek Reichmann, le directeur créatif d’Aston Martin s’est assuré que la voiture finie porte au moins une partie de l’ADN visuel de la marque : “La Valkyrie a été conçue pour garder l’emballage aussi serré que possible autour des contraintes d’un être humain et d’un moteur” m’a-t-il… C’est tout, il n’y a rien d’autre, il n’y a pas un millimètre d’espace libre, c’est presque exosquelettique dans la conception, la baignoire est la structure ET la carrosserie, il n’y a pas de revêtement dessus. Les tâches de conduite à Homestead sont entre les bonnes mains d’Andy Priaulx, ancien champion du monde en voitures de tourisme et pilote d’usine Ford WEC. Il est l’un des pilotes de développement Aston Martin Pro depuis peu de temps après le début du programme, le travail se complétant alors que sa carrière professionnelle dans le sport automobile tirait à sa fin. “Pour être honnête, je ne pensais pas que j’aurais à nouveau la chance de conduire aussi vite que ça”, m’a-t-il… Mis à part quelques essais dans ce qui était une Williams F1 en 2005, il y a donc 10 ans, il dit que c’est la chose la plus rapide qu’il ait pilotée. Ca commence mal par beaucoup de vapeur dans le brouillard… Avec plusieurs journalistes à convaincre sous le soleil de la Floride de plus en plus chaud, Aston Martin adopte une technique éculée très simple pour obtenir des avis positifs, aidés par divers cadeaux…
D’abord la gratuité du séjour en hôtel de luxe avec ENFIN le retour des putes lascives et gratuites, comme au bon vieux temps d’avant les restrictions budgétaires… Comme le dit l’un des mécaniciens, qui espère en profiter en se faisant passer pour un milliardaire : “Il est plus facile de serrer les sangles dans le cockpit ultra-ajusté de la Valkyrie que de les desserrer”… Cela signifie que le rythme de la voiture devrait augmenter à mesure que la quantité de lest humain transportée diminue. Je suis troisième, j’ai donc la chance de regarder depuis le mur des stands alors que l’AMR Pro se dirige vers ses deux premiers relais. La bagnole a l’air brutalement rapide lorsqu’elle passe à toute vitesse dans la ligne droite de départ et d’arrivée (nous sommes sur le circuit routier de Homestead), mais ce qui est plus frappant, c’est le hurlement du V12 atmosphérique, qui augmente bien au-delà du point où mon cerveau s’attend à l’entendre changer les rapports. Les 11.000 tours sont utilisés, même si je vais découvrir plus tard que le moteur a été modifié pour ces essais clownesques… Ensuite, c’est mon tour. Première découverte : il n’y a pas de façon élégante d’entrer dans une Valkyrie. La meilleure façon est d’enjamber l’énorme rebord et de monter sur le siège avant de glisser vers le bas, ce qui conduit à une position qui ressemble plus à celle d’un lit que d’une chaise…
Les chevilles se retrouvent un peu plus haut que le dos, l’espace est limité, l’ambiance est “100% BDSM Tortures diverses”. Pour donner au vrai pilote l’espace dont il a besoin pour travailler (gag !) le volant qui a la forme d’une commande de jeux vidéos (en forme de joug) m’oblige à replier mon bras gauche sur mon corps… L’AMR Pro démarre tranquillement, roulant sur la puissance de son démarreur-générateur 48V dans un mode doux destiné aux démarrages dans la voie des stands et à la réduction des contraintes mécaniques. (Un embrayage électromécanique offre un potentiel de plusieurs démarrages agressifs sur la puissance du V12.) Le moteur s’allume à environ 10mph et remplit immédiatement l’habitacle de vibrations bourdonnantes, mais ma chance d’en faire l’expérience à bas régime ne dure pas plus longtemps que la sortie des stands… A partir de ce moment-là, il passe tout le relais à proximité de sa ligne rouge, son rapport court permettant de multiples montées de vitesse, même sur les lignes droites plus courtes de Homestead. C’est infernal… C’est du pur BDSM, malgré mes 76 ans, je bande comme un ado… Il y a toutefois moins de drame que ce à quoi je m’attendais. J’avais eu un trajet similaire dans la Valkyrie homologuée pour la route au Goodwood Festival of Speed l’année dernière, avec le PDG d’Aston de l’époque, Tobias Moers, au volant.
C’était sur des pneus de route et une surface humide, avec un antipatinage qui ne fonctionnait pas : le moteur et l’essieu arrière semblaient être engagés dans un combat violent pendant la majeure partie de la course, bref ce fut un cauchemar, pas d’érection, pas d’éjaculation, un ratage total heureusement gratuit… Mais à Homestead, la combinaison de slicks, d’une surface brûlante et d’un TC fonctionnel signifiait que… Pfffff !… Bien que le V-12 ait un son sauvage même à travers un casque, il n’y avait presque aucune sensation de glissement sauf une seule échappée arrière immédiatement corrigée dans l’un des virages les plus lents, juste pour montrer au pilote qu’il essaie, mais c’est la seule glissade que je détecte… Que du bluf… Minable… L’accélération initiale n’est pas beaucoup plus vive qu’un démarrage au contrôle de lancement dans une Supercar ou une Tesla Model 3 Performance, avec une poussée diminuant à mesure que la vitesse augmente. Les freinages étaient brutaux, les charges dans les virages étaient éprouvantes, et, à la fin du premier tour lancé, les muscles de mon cou avaient du mal à soutenir ma tête. Toutes les étapes des virages semblaient avoir été compressées : ralentir, tourner, accélérer. Les vitesses semblaient subjectivement folles, même si l’absence de drame a prouvé qu’elles ne l’étaient pas.
Bien avant de retourner dans la voie des stands, après avoir transpiré 4 litres en seulement quatre tours, j’en suis venu à la conclusion que l’essai était totalement “bidon”... “Ouais, environ six dixièmes peut-être” m’a confirmé le pilote essayeur lorsque je lui ai demandé son niveau d’engagement : “Je fais ça toute la journée pour gagner ma vie, souviens-toi. Donc j’ai pas envie de m’emplâtrer avec cette merde”...Les propriétaires qui ont déboursé les 7 millions de dollars plus taxes, frais et suppléments amenant à plus de 11 millions nécessaires à l’achat d’une AMR Pro peuvent-ils être digérés par des milliardaires tarés ? Ils sont de surcroit incapables de conduire cette Aston à un pourcentage élevé de ses capacités ? Vont-ils même s’en soucier ? C’est une voiture vraiment ridicule fabriquée pour des imbéciles fortunés… Le vieil adage de Carroll Shelby “Gagner le dimanche, vendre le lundi” fait référence aux tentatives des constructeurs automobiles de capitaliser sur le succès du sport automobile pour vendre davantage de leurs produits. Ce n’est certainement pas le cas ici, tout d’abord parce que l’Aston Martin Valkyrie LMH n’a pas encore terminé première dans aucun événement de course, bien qu’elle ait eu l’occasion de participer aux 24 Heures du Mans. Mais aussi parce que la version Valkyrie LM qui peut être achetée n’est absolument pas légale dans les rues.
Au lieu de cela, à la manière de la Ferrari 499P Modificata, la Valkyrie LM est une version de piste pour Gigolos de la voiture de course de l’entreprise que les seuls très riches imbéciles pourront acheter pour vivre leurs propres fantasmes de sport automobile, sans avoir besoin de s’engager dans une compétition de première ligne, ni même de circuler sur aucune route autre que celle de leur propriété. Pas plus de 10 seront construites et, bien que la société ne divulgue pas officiellement les prix, on m’a dit (en tant qu’éditeur “mondial” avec 200.000 abonnés/mois à 1 euro, je passe partouze pour un méga millionnaire pouvant acheter ce genre de merde) que chacune d’entre elles annoncée 7 millions de dollars allaient couter au moins le double… Bien qu’étroitement liée à la voiture de course Valkyrie LMH qui participe aux championnats WEC et IMSA, il existe quelques différences significatives avec la Valkyrie LM. Le produit Marketing pour imbéciles et gogos n’aura toutefois pas la capacité de transporter le lest requis par le règlement de la balance des performances des courses d’endurance, et ne sera pas équipé des systèmes électroniques lisibles par la FIA. “Le produit Marketing” bénéficie également d’un système de contrôle du couple en boucle ouverte plus sympathique pour faciliter la tâche des conducteurs non professionnels…
De plus, le moteur V-12 de 6,5 litres construit par Cosworth est “recalibré pour accepter le carburant facilement disponible”. Mais cela ne signifie pas que chaque imbécile pourra légalement conduire la bête à la station-service locale pour faire le plein. NON ! Comme la version de course, la Valkyrie LM n’est destinée qu’à une utilisation sur piste… Et bien que la société assure aux clients potentiels qu’ils seront “libres de prendre pleinement possession de la voiture”, le prix final de presque 12 millions donne également accès à un club de performance Valkyrie spécial qui offrira aux propriétaires un coaching de niveau élite, des sessions de simulateur et des journées de piste dédiées sur les circuits de Formule 1. Ce sera sur ce qu’Aston décrit comme une base “fly-in-and-drive” qui impliquera sans aucun doute plus de trajets en jets privés que de propriétaires voyageant en classe économique… Aston offrira également aux acheteurs un ensemble complet d’équipements sur mesure, notamment des combinaisons de course de marque, des casques et des dispositifs “HANS”. Quiconque a prêté attention à l’histoire alambiquée du projet Aston Martin Valkyrie qui a débuté en 2016 en collaboration avec Red Bull Racing et le designer superstar Adrian Newey, sait que tout ce barnum est grotesque.
La société affirme que toutes les Aston de ce cirque ont déjà été construites et livrées, et comme elles n’étaient pas directement liées à un ensemble de règles de sport automobile, et qu’elles bénéficiaient également d’une plus grande liberté technique, avec 1000cv contre 697cv pour la Valkyrie LM, limitée par la réglementation, ce que les imbéciles milliardaires vont en faire n’a plus d’importance… L’arnaque a fonctionné, les millions ont été encaissés…. Comme le disent les pontifes d’Aston Martin : “La Valkyrie LM a désormais mis le sport automobile de haut niveau d’aujourd’hui entre les mains d’un nombre exclusif de clients qui vivront le voyage d’un pilote de course d’endurance Aston Martin qui est la voiture de performance la plus extrême à avoir jamais porté une plaque d’immatriculation, une distinction qui s’accompagne de nombreux sacrifices pour les acheteurs habitués au confort et à la fiabilité générale d’une voiture de route plus typique qui n’est pas construite comme une machine de course d’endurance de haut niveau”... Que du baratin… Un propriétaire allemand de Valkyrie en a eu ras-le-bol et est maintenant en train de poursuivre l’entreprise après avoir parcouru seulement 274 miles dans sa voiture. Comme l’a rapporté le média allemand “Handelsblatt” et porté à l’attention du plus grand nombre via “Carscoops”, l’infortuné milliardaire allemand poursuit Aston Martin en justice…. Waouwww !
Cela après de multiples défaillances de la voiture “de rêve”... ayant entrainé une collision avec une ambulance… Les problèmes incluent une défaillance du système à haute tension destiné à maintenir la voiture à hauteur de caisse lorsque la pression hydraulique est faiblarde et qu’une rafale incessante de clignotement des voyants d’avertissement donne le tournis annonciateur que “ça va couter un pont d’or”…. L’accident avec l’ambulance m’a semblé particulièrement troublant… L’intérieur de la Valkyrie est exceptionnellement bruyant, c’est pourquoi Aston Martin recommande aux conducteurs de porter un casque qui protège les oreilles du conducteur et transmet les bruits extérieurs dans l’habitacle de la voiture. Cependant, ce système aurait mal fonctionné lorsque le propriétaire a rencontré une ambulance, ce qui aurait conduit le conducteur milliardaire de la Valkyrie à manquer les sirènes et à entrer en collision… Notez qu’il a ainsi été pris en charge directement… Selon mon confrère “Handselblatt”, Aston Martin a demandé d’avance des frais d’utilisation de plus de 63.000 $ si la voiture devait être juridiquement restituée, ce qui représente un prix d’environ 231 $ ou € par kilomètre parcouru à ce jour. Cependant, le différend non réglé se poursuit devant un tribunal allemand… A voir que le vol de ma LéaFrancis par AXA s’est déroulé il y a 10 ans, je crains que ce milliardaire n’en verra pas la fin…