Le casse des casses automobiles, une arnaque par milliards d’euros et dollars…
Beaucoup d’encre a coulé à propos de soi-disant “trouvailles de grange” et de “voitures survivantes” non restaurées. Tellement d’encre en fait, que je me méfie presque d’un autre article que je ferais moi-même… Presque… Les trouvailles de grange et leurs prix de vente parfois farfelus sont un sujet auquel je suis confronté en tant qu’éditeur d’articles automobiles et sur lequel on me pose régulièrement des questions en me flattant de “Cher Expert” et parfois de “Maître”... Il arrive qu’on m’écrive des é-mails angoissés parce qu’une panne du système d’abonnement via PayPal prive pour un moment l’accès à mes articles… Mes réponses sont telles que l’exemple ci-après car je me dois de soutenir le moral de mon lectorat :
Bien cher Lectorat… Un ange m’a apporté votre prière, me bouleversant au delà des limites du supportable… Relisez-là avec moi en prière à mon technicien…“Saigneur, dans le silence de ce jour naissant, je viens vous demander que je puisse de nouveau accéder à vos très estimés web-sites, à savoir : www.GatsbyOnline.com et www.ChromesFlammes.com et www.SecretsInterdits.com, pour y puiser force et sagesse. Je veux pouvoir lire vos écrits et voir les dessous du monde avec des yeux remplis d’amour, être patient, compréhensif et voir au-delà des apparences, comme vous les voyez vous-même, et ainsi, ne voir que le bien en chacun, pouvoir fermez mes oreilles à toutes les calomnies, gardez ma langue de toute malveillance et que seules vos pensées qui bénissent mon esprit demeurent en mon moi profond. Que je puisse redevenir si bienveillant et si joyeux que tous ceux et celles qui m’approchent sentent la puissance de votre présence. Ainsi soit-il.” Cher Internaute, Si mon technicien n’a pu en cet exact moment, satisfaire à votre prière, moi, j’ai été submergé par l’horreur de la situation que vous subissez. Sachez que votre prière m’a touché et que j’y suis sensible jusqu’à mes tréfonds. C’est Week-end qui de faits divers indépendants de votre et de ma volonté, débute au moment du vendredi ou sonnent les fermetures des gigantesques labeurs de la semaine réalisés avec périls pour n’en avoir aucune gloire tangible. Donc votre estimée bouteille SOS à la mer que j’ai recueillie avec toute mon attention par ailleurs exacerbée par l’extrême gravité des faits dénoncés, m’a conduit sans délais à envoyer presqu’aussitôt un signal de détresse à mon éminent et estimé (car estimable) chargé des réparations de mon web site, un vaillant Portugais de souche, intrépide descendant de Christophe Colomb, mais c’était au delà des délais impartis, sans que je puisse changer le cours du funeste destin, me plongeant dans un total désarroi qui m’a amené ensuite à subir une angoisse indicible…
J’ai toutefois hissé le drapeau de détresse, ce qui a été interprété par ma voisine comme un appel à venir me réconforter car elle me sentait ébranlable car ébranlé. Au moins, de nous deux, suis-je ainsi le seul à tirer profit de votre potentiel naufrage immatériel, quoique cet épisode fortuit dont vous n’êtes pas responsable, ne vous aura rapporté que le profit d’une vaine attente ou vous avez vraisemblablement dérivé en priant l’appel d’un rédempteur secours que vous témoigne cette missive. Il fait nuit noire, et hurlent les loups rodeurs autour de mon périmètre. Rien ne se profile d’espoir à l’horizon que le glauque qui a tout enveloppé et dont je n’en rien discerne. Oh rage, oh désespoir, je me retrouve sans moyens de réparer ce qui, je le devine, vous insupporte alors que je vous sens avoir besoin de vous épancher de vos tourments. Comme je vous suppose accablé, j’ose vous suggérer de profiter de ce qui ne s’avèrera n’être qu’une pause pour explorer des sujets profonds et différents, car je vous sent posséder aux tréfonds de vous-même, une aspiration vers l’éternité, en sus d’une envie de ne pas vous arrêter à sa finitude. Entre vos lignes, qui me manquent à en envisager le pire, je vous lis d’imaginaire, toujours tendu vers un dépassement de votre condition, de vos limites. Ce grandissement de votre vous-même, qui vous honore dans ce sacrifice, me semble s’effectuer par le biais de vos lectures de grands penseurs et intellectuels qui vous font réfléchir sur divers axes, avant de quêter mes opinions, gardant en vous une ultime interrogation : “Qu’est-ce qu’être vraiment quelqu’un qui se dépasse ?”… Quel effroyable malheur… Aussi, viens-je à votre secours en vous indiquant que le dépassement de soi s’inscrit dans le fait d’exister à travers le temps… Et je crains qu’il dure jusqu’à ce lundi si mes prières n’interférencent pas le négatif du positif restreint qui a malencontreusement amené à l’abominable situation que vous devez supporter sans l’éclairage de mes écrits… Soyez courageux… Mon illustre technicien devrait être également sensible à votre prière. Nous acceptons les dons généreux qui toutefois ne peuvent être fiscalement déduits pour des raisons qu’il est préférable d’ignorer. Ces saintes images reflétant notre situation sont destinée, certes à vous émouvoir, mais ne sont pourtant que notre triste réalité…
Bien… Après cette introduction liée aux abonnements nécessaires pour que j’ai une motivation d’écrire des articles et puisse en tirer pitance, j’en viens à un sujet toxique concernant les prétendues trouvailles de grange et autres endroits de découvertes, qui sont assez souvent des mises en scènes qui s’accordent aux illustrations de “pauvres chiens et chiots” qui sont légion dans les réseaux asociaux… Une Lamborghini Miura P400 S de 1969 vient d’être vendue pour 967.500 $ à un certain Patrick Ernzen, par le biais de RM Sotheby’s qui sont les Maîtres du jeu aauquel s’adonnent de plus en plus les maisons de ventes aux enchères d’automobiles dites “de collection”... Avec la récente vente “Junkyard” de RM Sotheby’s (oui, elle s’appelait honnêtement ainsi, et félicitations à la société de vente aux enchères pour ne pas avoir essayé d’édulcorer les faits) de la casse automobile de feu Rudi Klein, les conversations sur les trouvailles dans les granges ont fait rage.
Les questions habituelles à leur sujet sont revenues sur le tapis. Surtout celle-ci : “Pourquoi des voitures nécessitant une restauration complète (et dans certains cas plus que complète) se vendent-elles parfois beaucoup plus cher que des voitures similaires qui sont complètes, qui ont l’air bien, qui fonctionnent, qui roulent et qui n’ont pas une collection de crottes de souris de 40 ans à l’intérieur ?”... Cette dynamique s’est certainement jouée à de nombreuses reprises lors de la vente à la casse de Rudi Klein… Un coup de Jarnac assez génial pour créer des millions de dollars avec de la ferraille…Après ces prix de fausses enchères très élevés, beaucoup de ces acheteurs garderont leurs plans de restauration en pestant s’être fait gruger par eux-mêmes dans la folie… Pas de vacances à Hawaï pour les années à venir. Et croyez-le ou non, ce n’est pas grave. Pour ceux (et celles) qui évaluent depuis quelques dizaines d’années ou plus, le phénomène des voitures rescapées et des trouvailles de grange les réalités ont changé la donne.
Pensez-y : alors que le monde des voitures de collection a adopté une grande partie de la sensibilité et du langage du monde des beaux-arts, les trouvailles de grange vont à l’encontre des règles des beaux-arts. En général, le classement des valeurs automobiles les plus élevées se présentent ainsi : les voitures rescapées en excellent état sont suivies en valeur par les exemplaires parfaitement restaurés. Alors comment des trouvailles de grange, qui sont généralement dans un état bien plus détérioré qu’une survivante honnête et utilisable, peuvent-elles se vendre plus cher que n’importe laquelle d’entre elles dans certains cas ? Pour mettre les choses en perspective, disons que nous évaluons des œuvres dans le monde des beaux-arts. Vous avez deux tableaux de taille similaire, tous deux de Monet. Ils représentent la même scène bucolique, ont probablement été peints la même semaine, tous deux signés par l’artiste. Ils ont la même provenance, appartiennent à la même famille depuis un peu plus de 100 ans.
Mais l’un d’eux n’a plus son cadre d’origine, a été impliqué dans un incendie et le tableau est fendu au milieu par une hache utilisée pour éteindre l’incendie. Lequel des deux vaut le plus ? La logique voudrait que l’exemplaire intact ait une valeur nettement plus élevée. À l’heure actuelle, avec les voitures classiques, ce scénario est inversé ! Il est important de garder à l’esprit que dans le monde des voitures classiques, il existe une nette différence entre une “survivante” et une “trouvaille de grange”. Une voiture peut être à la fois une trouvaille de grange et une survivante, mais peu le sont. Définissons les différences. Les voitures survivantes sont des véhicules bien préservés qui sont des artefacts historiques. Leur préservation est impressionnante et leur originalité est à la fois rare et impossible à reproduire, elles sont donc recherchées. Elles conservent la plupart de leurs surfaces d’origine. Ces surfaces comprennent la peinture, le chrome, les garnitures extérieures, le verre, les sièges, les tissus, les tapis, les jauges, la garniture de pavillon et les garnitures.
Une voiture survivante doit conserver son moteur, sa transmission, son train arrière, sa transmission, ses roues et son châssis d’origine. Les pièces d’usure sont généralement exclues de la définition d’une voiture survivante. Les pièces d’usure comprennent la batterie, les pneus, les balais d’essuie-glace, l’échappement, les plaquettes ou garnitures de frein, les filtres et autres éléments divers. En bref, la plupart des pièces et surfaces physiques d’une voiture survivante seront les mêmes que celles qu’elle avait à sa sortie d’usine. Mais c’est là que les choses se compliquent avec les voitures survivantes. Du côté essentiellement esthétique, qu’en est-il des réparations ? Une nouvelle peinture effectuée alors qu’une voiture de 70 ans n’en avait que 5 ? Que diriez-vous de remplacer le vinyle ou le cuir ? Les tapis ? L’ajout d’équipements après la sortie d’usine de la voiture, comme la climatisation dans les voitures des années 1950-70 ? Du côté mécanique, des questions peuvent se poser lorsqu’une transmission a été remplacée, mais qu’en est-il d’un alternateur ?
Les trouvailles de grange sont les plus faciles à définir, car leur définition n’est pas aussi stricte. J’ai vu des voitures décrites comme des trouvailles de grange partout, depuis des voitures avec des pièces fragiles jusqu’à des voitures intactes qui sont allées directement dans la grange (mythique) (souvent un garage ou un entrepôt) avec 200 miles au compteur. Ces dernières sont également de véritables survivantes. Les premières ne sont que des trouvailles de grange, qui peuvent également inclure des épaves ou des voitures qui ont été victimes d’un incendie, d’une inondation ou d’une autre catastrophe. Parfois, ce sont simplement des pièces de voitures auxquelles il manque des composants majeurs. Comme les survivants, ces trouvailles de grange plus détériorées ont une originalité inimitable. La différence est qu’elles auront besoin d’un travail de restauration important (et coûteux) avant de pouvoir reprendre la route. Il est donc un peu irrationnel que de telles voitures atteignent des prix élevés aux enchères.
Mais il y a une sorte de mystique du trésor fraîchement découvert ou enterré dans les trouvailles de grange qui excite l’imagination. Pour le propriétaire ou le restaurateur, les trouvailles de grange peuvent également représenter une sorte d’ardoise vierge, une opportunité de changer ou de personnaliser une voiture d’une manière qui serait un peu maladroite sur un exemplaire plus propre et carrément mal vue sur une voiture survivante. Il n’y a pas de science exacte pour aucune des variables qui entrent en jeu dans les trouvailles de grange ou leur attrait, et les enchérisseurs d’une vente aux enchères ont toujours des goûts et des motivations différents d’une vente à l’autre. Certaines trouvailles de grange rapportent énormément d’argent. D’autres non. Quelles que soient les raisons qui poussent les gens à payer le prix fort pour une trouvaille de grange, l’une des choses que je dois souvent me rappeler en tant que tapoteur d’histoires, est que les gens n’agissent pas toujours dans leur propre intérêt…
Du moins, ce que je perçois comme étant dans leur propre intérêt, en tout cas. Et vous savez quoi, c’est très bien ainsi. Les gens ont le droit de faire ce qu’ils veulent avec leur argent, et il n’appartient clairement pas à quiconque de laisser ses propres sentiments l’empêcher de rendre une opinion sur la valeur. Cette opinion sur la valeur doit être, pour une évaluation de marché, basée sur des exemples qui ont été proposés, ou ont déjà été proposés, sur le marché. Les évaluateurs/experts ne font pas de valeurs ; ils les rapportent telles que nous les trouvons sur le marché. À l’heure actuelle, il existe encore d’énormes ventes de trouvailles qui défient la logique. Quant à savoir pendant combien de temps nous verrons leurs prix empiéter sur les valeurs les plus élevées, voire les éclipser, il faut simplement patienter. Il y a quelques candidats pour le Saint Graal de la Porsche 911-dom, et tout en haut se trouve la 964 RS. Comparé à ses successeurs Rennsport, il a l’air plutôt apprivoisé, mais si vous savez, et bien vous le savez.
Ce pur summum des 911 hardcore est vénéré et a les valeurs ascendantes pour le soutenir. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Lors de sa sortie, la 911 RS a été critiquée par certains pour sa qualité de conduite sévère qui allait à l’encontre de l’éthique de la 911 en matière de performances quotidiennes. Ce n’est pas la seule. La Ferrari F50 a été universellement dénigrée dans les premières critiques, probablement (autant que toute autre chose) parce que n’importe quoi aurait du mal à suivre la F40, regardant de haut tout successeur depuis son piédestal. Mais ces jours-ci, le difficile deuxième album est perçu beaucoup plus favorablement, les bons côtés de son caractère semblant avoir fait pencher la balance en sa faveur. On peut se demander comment les charmes d’une Ferrari V12 décapotable, ont été négligés en premier lieu. Les voitures ne vieillissent pas comme le vin. Une 964 RS ne s’en sort pas mieux qu’en 1992 (malgré les progrès de la technologie des pneus, mais c’est une histoire pour un autre jour), donc ce sont les opinions qui sont modifiées plutôt que les faits.
Aller à contre-courant est un bon moyen de générer des clics sur Internet et de garder les journalistes pertinents, mais je ne pense pas que ce soit ce qui se passe ici. Je pense qu’il y a des arguments beaucoup plus justifiables pour voir une voiture plus favorablement à mesure qu’elle vieillit, et les raisons sont triples : l’environnement, le contexte et les différentes façons dont les voitures sont utilisées à mesure qu’elles vieillissent. Si vous preniez une machine à remonter le temps jusqu’en 1992, vous trouveriez un réseau routier très différent de celui que nous avons maintenant. Avec moins de trafic et plus de liberté, la façon dont vous pouvez conduire une voiture serait très différente de ce que vivent les passionnés de voitures d’aujourd’hui. Il va donc de soi que la façon dont on peut profiter d’une voiture a changé. Je ne souscris pas à la théorie selon laquelle vous ne pouvez plus prendre plaisir à conduire (vous pouvez, vous le pouvez vraiment), mais les possibilités de le faire sont différentes aujourd’hui du monde dans lequel la 964 est née.
Le contexte est également important. Vous jugez n’importe quelle voiture par rapport aux normes de l’époque, et bien que la conduite sans compromis de la RS soit encore assez extrême, elle n’est pas aussi éloignée de la moyenne qu’elle l’était il y a trois décennies. La qualité de conduite de presque toutes les voitures est devenue plus ferme, de sorte que le contraste n’est plus aussi frappant qu’il l’était autrefois. Le plus important, cependant, est le fait que les vieilles voitures ne sont pas utilisées de la même manière que les neuves. Lorsqu’elle sortait tout juste de la salle d’exposition, on pouvait raisonnablement s’attendre à ce que la 964 RS assume les tâches quotidiennes du conducteur. C’est une 911, après tout, la voiture de sport la plus utilisable de l’histoire de l’automobile. Aujourd’hui, à l’ère classique moderne, la 964 RS ne serait pas soumise à une utilisation régulière, non seulement parce qu’elle a la même valeur qu’une maison, mais aussi parce qu’elle doit être utilisée avec parcimonie et chérie.
Et cela signifie que vous pouvez pardonner les faiblesses en tant que caractère plutôt que les véritables défauts. Je me suis concentré sur la 964 RS pour les besoins de la discussion, mais il y a toutes sortes de voitures pour lesquelles le consensus général a été révisé. Le révisionnisme fonctionne mieux pour les voitures qui étaient considérées comme des outsiders lorsqu’elles étaient neuves, mais qui s’allument avec l’âge. La combinaison du charme et de la nostalgie est puissante, et elle ne s’applique pas seulement aux voitures de sport et aux supercars de valeur. Une Escort XR3i n’est pas une Golf GTI, mais est-ce que cela a tant d’importance en 2024 ? Ce n’est certainement pas le cas si vous avez des souvenirs liés à la Ford, ce qui explique en grande partie pourquoi la voiture inférieure est recherchée maintenant. Et cela fonctionne aussi pour des machines beaucoup plus banales.
Il suffit d’être témoin de l’engouement pour les voitures lors d’événements d’autos anciennes. Les voitures qui étaient autrefois similaire à du mobilier urbain invisible sont maintenant choyées et lissées comme si elles avaient été construites par des artisans plutôt que produites par milliers à partir d’une chaîne de production. Cela dit, dans de nombreux cas, elles sont devenues plus rares que les classiques beaucoup plus précieuses, ce qui ne fait qu’ajouter à l’attrait et à l’intrigue qu’elles créent. S’enthousiasmer à l’idée de voir une Renault 5 Turbo immaculée est parfaitement justifiable maintenant ; Cela n’aurait pas été le cas en 2000. Les voitures ne changent pas avec l’âge, mais notre réaction à celles-ci peut changer. La prochaine fois que vous vous retrouverez attiré par une voiture pour laquelle vous n’aviez pas le temps auparavant, rappelez-vous qu’il n’y a pas de mal à être révisionniste…
2 commentaires
La nostalgie est généralement considérée comme une expérience émotionnelle contradictoire. Même dans le cas de souvenirs heureux, la nostalgie peut être douce-amère. Si le souvenir lui-même nous apporte du réconfort et nous réchauffe le cœur, il peut également nous faire ressentir de la tristesse en raison de son caractère révolu…. Mais, les souvenirs nostalgiques ne sont pas toujours bons. Ils sont parfois doux-amers, voire tristes. Mais même les mauvais souvenirs qui nous viennent à l’esprit semblent être plus positifs parce que nous les voyons à travers un filtre rose. Nous ne faisons pas que regretter notre passé, nous nous en rappelons une version romancée. Ce n’est pas un hasard si nos souvenirs s’adoucissent avec le temps, et si le négatif tend à s’estomper plus rapidement. Prenons l’exemple de la parentalité.
Le fait d’avoir un souvenir qui soit meilleur que la situation vécue à l’époque répond à un objectif évolutif. Si les gens se souvenaient des évènements tels qu’ils ont vraiment été, la plupart des femmes ne voudraient plus jamais enfanter… C’est un moyen de survie que de pouvoir édulcorer les mauvaises expériences passées.
On peut alors souffrir d’un excès de nostalgie en tant qu’évasion temporaire, la nostalgie offre un répit nécessaire qui peut nous apporter du soutien dans les moments difficiles. Mais l’expérience peut s’avérer négative si l’on rumine le passé. De manière générale, la nostalgie est une composante saine, voire vitale, de l’expérience humaine, qui nous aide à renouer avec notre authenticité en nous rappelant qui nous sommes censés être. Me concernant, c’est utile pour re-composer mes chroniques qui sinon ne reflèteraient plus l’authenticité de mes élucubrations…
Maître, votre prose réconfortante agit comme un baume pour l’esprit égaré, et relire vos écrits qui m’étaient adressés en un moment de détresse m’a profondément touché . Rassurez-vous, je n’en suis pas encore à sombrer dans un tel désespoir que je considérerais l’achat d’une Escort XR3i ou d’autres infâmes aberrations mécaniques. Je me remémore d’ailleurs avec amusement et lucidité ce précieux conseil cinglant et plein de sagesse que vous m’aviez offert, en abordant le sujet des abominations achetables : “Faites-vous interner, vous gagnerez du temps et de l’argent.*
Mais cela soulève une question essentielle : la nostalgie, en tant que moteur de choix irrationnels, est-elle réellement un refuge ou un piège ? Se laisser séduire par le passé, au point d’y sacrifier raison et discernement, ne revient-il pas à abandonner sa liberté d’esprit ? Vos réflexions sur ce point, empreintes d’ironie et de clairvoyance, sont une lumière précieuse dans cette époque souvent aveuglée par ses propres illusions.
Merci encore, Maître, pour votre plume unique et votre capacité à transcender les lieux communs, en nous offrant une pensée libre et provocante dans un monde conformiste.