Vectoriel N°2…
Le 18 janvier 2021, le fondateur, propriétaire, ingénieur, pilote d’essai, manipulateur et directeur de Vector, Gerald Wiegert, est décédé. Il avait 76 ans. L’info, pareillement identique aux faits divers en rubrique “chiens et chats écrasés”, n’a suscité aucune réaction ou commentaire dans les rédactions/presse. J’ai par contre reçu un “messenger” sibyllin du porte-parole de Gérald Wiegert, également infortuné gardien du zoning ou étaient conservés les restes de la Saga Vector. Le quidam précisait qu’il était bénévole et ne touchait pas le moindre dollar depuis des mois, mais qu’en contrepartie de la promesse de lui envoyer 100 dollars, il pouvait m’informer, en confiance, sous forme d’aveux, que c’était un suicide programmé en cause du désespoir arrivé en limite du supportable, mais qu’il avait tôt le matin effectué une dernière balade “à tombeau ouvert” à la recherche de fantômes vectoriels…
Avant que le mot “Vaporware” n’existe, il y avait la Vector de Gérald Wiegert qui tentait de survivre avant même d’exister. Les promesses étaient grandes, le style à couper le souffle et la voiture était insaisissable car inexistante. La douzaine n’en était que quelques-unes qu’il repeignait sans cesse pour donner le change… C’est le problème qu’on vit avec le “Vaporware”, que ce soit avec un corps féminin de rêve et/ou avec une bagnole en surchauffe, de même. Il est trop facile de se laisser séduire par un corps tout comme par une carrosserie superbe et de croire en Jésus et ses apôtres assurant que tout est vrai de vrai, que tout existe et fonctionne comme annoncé… L’humain veut alors y croire pour ne pas désespérer puis mourir… La Vector était le faux Saint-Esprit et Jerry Wiegert le faux Jésus… Dieu le père c’est toujours le banquier qu’on prie…
Cet échafaudage branlant n’était pas suffisant pour que Jerry Wiegert puisse impunément construire une Supercar de rêve dans les années ’80 de fin du siècle précédent, mais le prototype W2 a néanmoins bénéficié, par usurpation, d’une part de la mystique des Supercars et de la crédulité de la rue peuplée de gens emplis de vains espoirs… Mon magazine Calandres Numéro 1 restera à tout jamais coupable d’avoir contribué à promouvoir l’image pieuse d’un faux Graal. Je fus donc, je l’avoue en expiation, un des quelques Archanges annonciateurs de l’arrivée des chars célestes nommés Vector’s qui n’étaient que tromperies destinées à ce que le faux Jésus s’accapare de leurs richesses en dollars… Tout a commencé par un article dans le N°1 de Calandres dans lequel le rédacteur en chef adjoint de l’époque, lui-même envouté de diableries, a fait l’éloge des chars de l’apocalypse et de leur créateur, Gerald Wiegert.
Il a volontairement omis d’écrire qu’il n’était qu’un ectoplasme. Mais le dit rédacteur (qui fut par la suite répudié) n’a jamais piloté quelconque Vector. Ce sont d’immondes et païennes photos artistiques d’un des chars de l’apocalypse, sur le lit d’un lac asséché, accompagnée d’une bombe sexuelle aux seins nus, qui ont contribué à faire en sorte que ce mirage situé dans un univers parallèle, semble réel. Je ne suis pas le seul à m’être fourvoyé dans ce méli-mélo, mon confrère Américain Car and Driver a lui aussi été victime de la même hallucination. Nos articles dithyrambiques ont fait de nous les meilleurs amis de Gérald Wiegert, mais nous n’avions alors jamais eu de voiture d’essai… Honte à nous… Wiegert était un designer-baratineur talentueux qui avait dessiné une forme remarquable, avait débauché des ouvriers tôliers talentueux et la création utilisait des composants de haut niveau. Mais…
Oui, mais, les années ’80 ont passé en totalité sans que la voiture ne s’assemble. Les lecteurs se sont mis à rêver et croire aux miracles, à Jésus, aux apôtres et aux prêchi-prêchas roboratifs qui, à cette époque, étaient comme Evangiles faisant vendre tout et n’importe quoi dans une presse scélérate vouée au consumérisme… Et puis, au début de 1991, nous avons reçu un appel quasi divin. L’entreprise avait créé deux W8 TwinTurbo’s. Alléluia mes frères… C’est ainsi que Vector a évangélisé les crédules, appelant la version de production de l’infâme, à notre séance photo. Avec 625 chevaux revendiqués grâce à son V8 biturbo de 6,0 litres à petit bloc, la voiture se sentait en effet forte… Blashème… Honte… Ayez pitié d’avoir propagé ces fausses vérités ! Mais après avoir effectué quelques surréalistes passages destinés à immortaliser la scène, le prototype d’ingénierie, rouge, a explosé et le rêve s’est simultanément brisé.
Il se fait que sa transmission GM à trois vitesses issue d’une vieillerie Cadillac Eldorado Traction avant ayant décidé d’arrêter d’envoyer du couple aux roues qui d’origine étaient avant et qu’ici étaient arrière… Tromperie là encore… Nous avons sauté dans un second prototype, gris, pour nous rendre sur un autre site d’essai dans le désert, mais les tests qui étaient pourtant réputés faciles pour le moteur (freinage, vitesse supérieure et patins) ont fait grimper la température de l’eau à 250 degrés entrainant geyser et brulures sur les esclaves… Après avoir refroidi la bête pendant quelques heures et ajouté de l’eau pré-bénie, nous avons malgré-tout tenté une course d’accélération, mais cela a surchauffé la Vector et entraîné un fort cliquetis du moteur… Diablerie… La mécanique vectorielle a été travaillée par usages de maléfices sur la voiture jusqu’au lendemain par Jerry Wiegert devenu Gourou.
Nous tous présents, avons ensuite acclamé l’intrépide conducteur volontaire que Jerry Wiegert envoyait à une mort quasi certaine… Honte à nous tous sans exceptions aucunes… Nous nous sommes maudits… En effet, sitôt remonté à bord et le départ vers l’inconnu donné, le moteur, la Vector elle-même, tout comme le valeureux mais inconscient intrépide, ont commencé à griller. Le calvaire devenant semblable à une torture médiévale pendant les quelques minutes de l’essai non officiel à coté de l’autoroute menant à Terminal Island. Déconfiture générale et grands pleurs… Il est alors apparu que nous ne testerions pas la Vector tant les diableries étaient nombreuses. Jerry Wiegert s’accrochait désespérément à l’illusion d’une course d’essai réussie. Nous lui avons dit de prier plus intensément et de nous appeler au Motel réservé, s’il réussissait à faire fonctionner correctement la Vector…
En pleine nuit, à 2 h 30 du matin, le téléphone a sonné. C’était mauvais présage… Wiegert a déclaré que la Vector était prête… Nous nous sommes dirigés en pleine nuit noire vers Pershing Drive, une route nord-sud entre LAX et la plage. La seconde Vector rouge sang a couru, diabolique, et a réussi à atteindre 60 mph en 3,8 secondes et à parcourir un quart de mile en 12,0 secondes à 118 mph terminales. C’était un désastre, une VW Cox 1200 faisait mieux… Mais tout n’allait pas s’arranger pour autant, car la boîte de vitesses de la vieille Cadillac Eldorado Traction Avant n’a pas voulu passer à la vitesse supérieure, le moteur a frappé le limiteur de régime à sa ligne rouge indiquée de 7000 tr/min, et la marche arrière a disparu en même temps qu’arrivaient d’étranges fumées nauséabondes… Diableries encore…. C’est ainsi que s’est déroulé le test. Ce fut merdique…
Nous avons reçu 10.000 dollars à nous partager pour écrire que l’essai nous avait envouté, que la Vector était une Supercar extraordinaire et que Jerry Wiegert était le Mec le plus sympathique jamais rencontré, ce qui était un double sens inattaquable en Justice. Construire une voiture est difficile, et les grandes promesses rendent l’impossible encore plus difficile. Nous aurions aimé voir la Vector réussir, et nous avons travaillé durement en tapotant des textes dithyrambiques pour ne pas laisser voir notre pessimisme l’emporter sur notre scepticisme à l’égard des affirmations non vérifiées. C’est pourquoi nous n’acceptons plus les chiffres d’un fabricant comme paroles d’évangiles. C’est aussi pourquoi nous évaluons rigoureusement les voitures. Ne croyez pas les battages merdiatiques. Plus les chiffres sont importants, plus ils chutent fort.
Les années ont passé, il y a eu le 11 septembre du nouveau siècle et le monde a changé, en ce compris les magazines de Kustom’s entrés en guerre sainte chacun prêchant pour sa chapelle en espérant la multiplication des ventes et des recettes publicitaires… Le Groupe Hommel s’est grâvement cassé la gueule par millions et ce fut pareil pour divers mag’s américains. En 1 semaine il n’y avait plus rien… Le numérique par contre a pris le relai vers un nouvel infini… GatsbyOnline/ChromesFlammes/SecretsInterdits étaient bien positionnés pour aller aux 200.000 abonnés… Jerry Wiegert lui, a prié le ciel et les étoiles, surtout les naïfs et les banquiers pour survivre tout en se faisant arnaquer par les repreneurs de Lamborghini et il s’est ruiné en tentant de sauver le cadavre Vector qui semblait renaître… Mais c’était une illusion… au bout d’un long chemin d’embuches et traquenards. Jerry s’est retrouvé ruiné…
“L’idée, c’est de se forger une réputation, pas de s’en servir”, expliquait Gerald Wiegert lorsqu’il survivait encore, d’une voix à la fois douce et intense. Le président de Vector Aeromotive Corporation n’a pas eu le luxe d’une dernière option, même s’il travaillait (en pure perte) depuis 1971 à son rêve de concevoir et de produire la Vector biturbo, une Supercar à moteur central 2 places de 625cv vendue comme étant construite avec des matériaux avancés et avec une technologie de systèmes aérospatiaux, alors que c’était mensonger… Il s’agissait de croquis, de modèles en mousse et de quelques maquettes grandeur nature. La Vector qui a été exposée pour la première fois à l’Expo automobile de Los Angeles en 1976 était fausse, c’était un prototype plus où moins dysfonctionnel qui ne sera achevé partiellement que deux ans plus tard, assemblé à partir de composants glanés dans des décharges…
Egalement récupérés dans des magasins de pièces détachées. “Une économie faible et des critiques préjudiciables de la presse automobile ont anéanti mes efforts pour obtenir un soutien financier”, a dit Gérald Wiegert pour se décharger. Son rêve de produire un avion de chasse terrestre pour les gens des rues semblait destiné à rester un rêve devenant cauchemard… Wiegert mérite une sorte de médaille pour sa persévérance, une récompense pour sa ténacité. Contre toute attente incroyable et ignorant les fantômes gémissants des entreprises ratées de Tucker, DeLorean et Bricklin, Vector Aeromotive Corp. situé à Wilmington, en Californie, tentait de produire une voiture nommée Vector… C’était la même qui chaque semaine était repeinte pour donner le change. Puis il y en eut deux. Et il les repeignait chaque semaine pour y faire croire à une production…. A distance ça fonctionnait…
Il suffisait de se rendre dans la zone d’assemblage où les deux seules Vector plus ou moins complètes étaient sans cesse re-préparées pour être expédiées à leurs nouveaux propriétaires… qui n’existaient pas… Pour donner le change, il a été dit que la première Vector Twin-Turbo de production a été vendue à un Prince Saoudien, en ajout à sa collection de 25 voitures, qui contenait également une Porsche 959 et une Bentley Turbo R…. Environ huit autres Vector étaient selon Jerry en construction à divers stades d’achèvement, du châssis roulant aux voitures presque terminées… Design automobile, voiture rouge, voiture grise, voiture bleue, rétroviseurs, portes, sièges, moteurs… Tout en vrac parsemé. Jerry a alors inventé que son entreprise était passée d’un bâtiment et de quatre employés en 1988 à quatre bâtiments totalisant plus de 35.000m² et près de 80 employés… Ou étaient-ils ? Sous terre ?
Et il a ensuite affirmé que la Vector avait passé les tests de collision DOT avec brio et que les tests d’émissions étaient en bonne voie. Pis encore, il a prétendu que plus de 13 millions de dollars de fonds de roulement avaient été levés grâce à deux offres publiques d’actions de gré à gré… Mensonges toujours… Mais l’acte de foi ultime de Wiegert fut évident à toutes et tous, alors que son cerveau bouillonait sous le chaud soleil de midi au champ de foire de Pomona, en Californie, il est arrivé au volant d’un camion/plateau, chargé des deux éternelles mêmes Vector W8 TwinTurbos cette fois pailletées. Il s’est frayé un chemin à travers l’étendue d’asphalte jusqu’à la piste d’accélération des dragsters, les deux voitures de développement ont été déchargées, et la rédactrice en chef des essais routiers de Car and Driver, Kim Reynolds, a équipé l’une d’entre elles de la sellette d’attelage et d’un ordinateur d’essai…
On sentait que c’était un grand moment… Jerry Wiegert avait préparé un nouveau premier test de performance pour un magazine automobile qui n’avait pas encore publié de méchancetés sur Vector… Un miracle ! David Kostka, auto-promu vice-président de l’ingénierie de Vector a donné quelques conseils à divers journaleux sur la façon d’obtenir les meilleurs temps d’accélération. Après quelques descentes de familiarisation le long de la piste, Kim a fait rouler la première des 2 Vector’s jusqu’à la ligne de rassemblement et a réinitialisé l’ordinateur de test. Le visage de Kostka avait un air inquiet. Il aurait dû. Un an de 12 heures par jour, 7 jours par semaine, près d’un tiers de sa vie éveillée, sans parler d’une partie importante de son âme étaient investis dans les 2 seules Vector existantes. Un dénommé Kim promu essayeur s’est installé, a mis le pied sur le frein, a sélectionné la 1ère vitesse et appuyé sur l’accélérateur…
Le vrombissement du V8 tout en aluminium de 6,0 litres s’est intensifié avec divers bruits parasites comme des sons sifflants de la bouilloire des turbos Garrett chantant en désharmonie avec le gémissement des transmissions et des courroies d’accessoires de type Gilmer. Les freins arrière se livraient une bataille perdue d’avance avec le couple du V-8 et la voiture a avancé de quelques centimètres, faisant glisser les attaches avant verrouillées sur la chaussée. C’était l’analogue automobile d’un pitbull en colère qu’on s’efforce de tenir en laisse. Les freins ont lâchés et la Vector s’est envolée avec une touche de patinage, un filet de fumée provenant des gros Michelin et un léger pas de côté. Victoire !!!! En quelques clins d’œil, un maigre et minable 4,2 secondes pour 60 mph ont été atteints, un instant avant le changement de vitesse. Hurlant comme une voiture Can-Am de gros calibre, la Vector a continué sa charge…
C’était hallucinant… Tout se déroulait avec une férocité croissante… Des tourbillons de sable et de débris flottaient dans le vide créé alors que la forme “Wedgy” de la Vector se fendait une ouverture dans l’air. Bien qu’à près d’un quart de mile de distance, le bruit du moteur était encore distinct, lorsque la voiture s’est mise a zigzaguer comme à travers des pièges on a senti que c’était le clou du spectacle… La Vector a explosé… Vitesse ? 124,0 mi/h, en 24,0 secondes. Ce chiffre plaçait la Vector au niveau de l’Acura NSX… La Vector W8 TwinTurbo était proposée en ces temps héroïques à 283.750 $, soit plus cher que la Lamborghini (211.000 $) mais moins qu’une F40 américaine qui ce négociait 400.000 $. Pour répondre à toutes mes questions, Mark Bailey, vice-président de la production, ancien employé de Northrop et ancien concurrent Can-Am, a fait un geste vers le compartiment moteur de la Vector.
Il m’a dit : “Patrice, voici 200 dollars, vous n’avez rien vu. Il a explosé mais on va le refaire”... C’était quoi donc ? Un V8 Six litres en aluminium, fabriqué par Rodeck, avec culasses à 2 soupapes par Air Flow Research. Assemblé et testé au banc d’essai par Shaver Specialties de Torrance, en Californie. Aucune dépense n’avait été épargnée ; la liste de pièces de moteur se lisait comme la liste de Noël d’un coureur sur piste circulaire : pistons forgés TRW, bielles en acier inoxydable Carrillo, soupapes en acier inoxydable, culbuteurs à rouleaux, vilebrequin forgé, système de lubrification à carter sec avec trois filtres séparés. Des faisceaux de tuyaux en acier inoxydable tressés, avec des raccords anodisés rouges et bleus utilisés pour acheminer les fluides partout. Le couronnement du moteur était son ensemble intercooler exposé, fabriqué en aluminium et poli jusqu’à un éclat aveuglant…
Le tout connecté à deux turbos Garrett refroidis à l’eau, avec carters spécifiques “aviation”… Explosé… Foutu… Rien d’autre à dire… Lamentable… Le carter de transmission était par contre toujours une GM Turbo Hydra-matic du type utilisé dans les années soixante-dix par les Olds Toronado et Cadillac Eldorado à traction avant à moteur V-8. Tout était de la récupération… Arnaque… Le samedi arrivé, la seconde voiture de développement gris ardoise attendait avec une porte battante impossible à fermer… L’entrée est un peu une tâche pour les non-initiés, avec un seuil modérément large et un espace assez petit entre les sièges et l’avant du montant de la porte. Avec l’avantage de la mémoire musculaire, je me suis glissé sur le seuil puis sur le siège avec la grâce d’un gymnaste, je dansais dans les limbes sur le siège du conducteur avec le vacillement d’un cerf nouveau-né. L’odeur du cuir flottant dans l’air…
C’était parce que pratiquement toutes les surfaces intérieures en étaient recouvertes, à l’exception de la grande étendue du tableau de bord, réalisée dans un matériau mince semblable à du daim. Le sol, recouvert de moquette de laine Wilton, était complètement plat, ce qui permettait de placer les Recaros réglables électriquement à quelques centimètres les uns des autres. Bien que l’intrusion dans le passage de roue soit considérable, le placement central des sièges permettait aux jambes du conducteur d’être directement dirigées vers les pédales. Le gros moteur s’est animé dès la première rotation de la clé et s’est installé à 900 tr/min au ralenti. Les fonctions vitales du moteur et de la transmission se sont sont affichées sur ce que Vector appellait “un affichage électroluminescent reconfigurable de type avion”, ce qui signifiait que quatre écrans d’informations différents étaient disponibles.
Quel que soit l’écran, l’indicateur de sélection de vitesse restait incorporé sur son côté gauche. Les instruments, allant d’un tachymètre à deux pyromètres de température d’échappement, étaient dotés d’un affichage à bande mobile qui passait verticalement devant une aiguille fixe, ainsi que d’un affichage numérique dans la fenêtre de l’aiguille. Jerry m’a expliqué comment la partie sur bande mobile fournissait des informations sur le taux de variation qu’un affichage uniquement numérique ne peut pas fournir. J’ai gromellé “OK” et appuyé sur l’accélérateur et j’ai vu ce qu’il voulait dire, en regardant la bande passer devant l’aiguille à environ 3000 tr/min, puis revenir au ralenti. Attrapant la poignée rembourrée du levier de vitesses, enfoncée profondément dans le seuil à ma gauche, j’ai engagé la marche arrière et suis retourné timidement dans la rue.
La route étant sélectionnée, je me faufilais dans les rues de Wilmington en direction de l’autoroute de San Diego, en route vers les collines au-dessus de Malibu. La vision vers l’arrière était à peu près inexistante, et la Vector avait un angle mort dans lequel une Ford Crown Victoria s’insérerait facilement. J’ai tendu le cou. Je ne voyais guère plus que les pare-brise et antennes de voitures derrière moi à travers les persiennes étroites du capot moteur. Les rétroviseurs extérieurs étaient trop petits… Vision nulle… À l’avant, ce qui était peut-être le plus grand morceau de verre de pare-brise au monde s’étirait vers le bas pour rejoindre le tableau de bord, offrant une vue intime de l’asphalte à quelques mètres devant la voiture. La direction, une crémaillère assistée offrait un effort modérément léger et une précision aléatoire. Il n’y avait pas beaucoup de sensation d’autocentrage, ce qui rendait difficile d’être lisse.
Et les freins non assistés nécessitaient d’importantes applications de force… Pénible… J’étais au milieu d’un trafic modéré en direction du nord. Des espaces commençaient à apparaître entre les voitures, révélant des tronçons ouverts tentants de voies rapides. J’ai enfoncé la poignée du levier de vitesses plus profondément dans son évidement puis j’ai tiré vers l’arrière, passant de Drive à 2. Avec le moteur à la limite du boost, j’ai écrasé la grosse pédale d’accélérateur en aluminium contre la cloison avant. S’est ensuivit une accélération brute du genre qui force le sang des tissus du cerveau vers l’arrière du crâne… Le genre qui fait vous concentrer sur un morceau de route loin devant vous, parce que vous y serez le temps d’éternuer. Les soupapes de décharge à commande électronique sont intervenues à environ 7 psi, saignant le boost avec un sifflement creux et distinct. Mauvais…
Direct de la fumée partout et une odeur de barbecue Western façon Texas… Donc re-re-retour sur les freins fort… J’ai effrayé un gars dans une Datsun B210 devant moi qui s’est dégagé à fonf droite emboutissant une camionnette de crèmes glacées… Dommage que je n’étais pas sur un tronçon illimité pour répéter le processus à la vitesse supérieure, sans craindre une intervention policière… À en juger par l’accélération impressionnante et la forme cunéiforme du W8, j’étais tenté de croire pouvoir dépasser les 200 mph. Mais la température est devenue devient élevée…. et… Boum…. Raplapla… terminé, moteur explosé… Comme je n’ai pas reçu les 200 dollars pour taire l’aventure, je l’ai publiée avec preuves photos à l’appui qui ont fait le tour du monde… Pour moi l’affaire Vector s’est ainsi terminée, c’était sauvagement amusant, j’en garde des souvenirs émus…
Vector… Moteur central, propulsion arrière, V-8 16 soupapes à tige de poussée biturbo et refroidisseur intermédiaire, bloc et culasses en aluminium, injection de carburant. Cylindrée : 364ci, 5972 cc. Puissance : 625cv @ 5700 tr/min. Couple : 630 lb-pi @ 4900 tr/min. Boite automatique 3 vitesses avec mode de changement de vitesse manuel (ex Cadillac Eldorado Traction AV. 2 passagers, coupé 2 portes. 421.270 $; Empattement : 103.0 po; Longueur : 172.0 po. Largeur : 76.0 po. Hauteur : 42.5 po. Volume passager : 50 pi³. Volume du coffre : 5 pi³. Poids à vide : 3680 lb. Vitesse maximale : 218 mph; Freinage, 70-0 mph : 191 ft. Tenue de route, 300 ft-dia skidpad : 0,91 g. EPA combiné/ville/route : 8/7/10 mpg;